Les bonnes performances économiques affichées récemment par la Chine en pleine pandémie de Covid-19 peuvent paraître indécentes. Le taux de croissance avait été de -6,8% au premier trimestre, puis de 3,2% au deuxième trimestre, il serait positif à +4,9% au troisième trimestre. Certains auteurs se demandent si elle sera la "locomotive" du monde d'après ? Le Partenariat régional économique global (RCEP) Regional Comprehensive Economic Partnership, signé le 15/11/2020 par quinze pays d'Asie et du Pacifique, devient le plus grand pacte en termes de PIB, il concerne plus de deux milliards de personnes, dans 15 pays d'Asie et du Pacifique. Une nouvelle Méga zone de libre-échange entre les 10 états de l'Asean (Indonésie, Thaïlande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei), la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Cette idée qui remonte à 2012, n'est pas seulement la réponse stratégique chinoise à la fameuse initiative américaine aujourd'hui abandonnée par l'administration Trump, c'est aussi selon plusieurs experts la consolidation des ambitions géopolitiques régionales de la Chine autour des "nouvelles routes de la soie. Permettez-moi de noter ici que, Covid oblige, les signatures étaient virtuelles. Le nouveau monde s'annonce... La signature de cet accord intervenait, 12 jours après les élections américaines dans une période ou la crise économique était déjà là bien installée et le virus est toujours parmi nous. Le RCEP permettrait il d'atténuer les effets du Covid et d'imaginer une relance des économies après une récession annoncée pour plusieurs pays membres ? Dans certains pays, elle serait à deux chiffres. Cette question, quoi que pertinente dans cette ambiance de crise, nous parait secondaire, l'essentiel est que les pays du RCEP ont décidé de créer une zone de libre échange malgré tous les obstacles politiques et économiques, ils l'ont décidé et ils l'ont fait. Même si l'Inde s'est retirée, elle reviendra un jour. L'histoire retiendra que les hésitations passives des Etats-Unis sur le TPP d'Obama, pendant la présidence de Donald Trump, auront permis à la Chine de boucler le RCEP avant l'arrivée de Biden, c'est son cadeau de bienvenue. Le géant Chinois se donne de l'espace. Le monde est occupé à autres choses. De toute façon il a besoin de l'économie chinoise comme d'une drogue dur. Au Maroc, nous avons beaucoup d'espoirs que le vaccin Chinois nous permette de revenir à la vie normale. Et pourtant, cette course à la domination du monde entre les Etats unis et la Chine finira par nous concerner sinon elle nous concerne déjà. L'espoir Maghreb, et au-delà des sentiments, devient une nécessité stratégique vitale. L'histoire n'attendra pas... Le projet Africain de L'accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) entré en vigueur le 30 mai 2019 avait pour objectif d'augmenter le commerce intra-africain de 60% à l'horizon 2022. L'accord projetait l'élimination progressive des droits de douane entre les Etats membres, la diversification des économies africaines ainsi que l'industrialisation du continent. La Zlec devrait offrir au continent l'opportunité de se constituer en force régionale capable de peser sur l'échiquier international. Beaucoup de travail a été fait, certains efforts sont en cours, on ne doit pas les dénigrer, il faut au contraire les encourager... Il reste que la vision doit être plus claire et la volonté plus affirmée. C'est pourquoi on peut être fiers de la vision royale qui n'est pas seulement sentimentale mais aussi, sinon d'abord, un projet stratégique pour le développement de l'Afrique. Il faut espérer une adhésion des hommes politiques Africains à ce combat d'avenir au lieu des combats résiduels du passé. Cette adhésion est tributaire des efforts de tous les intervenants : partis politiques, syndicats, sociétés civiles, hommes d'affaires, journalistes...La pandémie nous a bien montré jusqu'à quel point c'est de notre pérennité qu'il s'agit. Dr Samir Belahsen