Malgré le «miraculeux» plan de relance, dont l'Exécutif chante les louanges, la situation du marché de travail continue à se dégrader de manière alarmante. Avec la perte de plus de 580.000 postes d'emploi et une hausse record du taux de chômage...l'heure est grave ! En plus de la crainte qu'elle crée dans le cœur des Marocains, la crise sanitaire réduit à minima leur espoir d'un éventuel redressement du marché de travail. Dans une conjoncture morose, où les entreprises et commerces se retrouvent de plus en plus obligés à mettre les clés sous la porte, jeunes et moins jeunes, sont pour beaucoup contraints à l'arrêt de travail. Les chiffres qui ressortent de la dernière enquête du Hautcommissariat au Plan (HCP), démontrent de manière limpide l'état déplorable de ce dernier qui a été marqué au troisième semestre par une chute alarmante du taux d'emploi parmi toutes les catégories, plus particulièrement parmi celles des jeunes et des femmes. L'écart entre hommes et femmes a atteint 47,2 points, avec des taux d'emploi respectifs de 61,9% et de 14,7% au troisième trimestre 2020. Quant au taux d'emploi par âge, il a diminué de 3 points pour les 15-24 ans (de 18,1% à 15,1%), de 4 points pour les 25-34 ans (de 50,2% à 46,2%). Malgré le plan de relance, le chômage bat son plein ! Après une tendance à la baisse durant les trois dernières années, le taux de chômage a connu une poussée record de 3,3 points, entre les troisièmes trimestres de 2019 et de 2020, pour atteindre 12,7%. Une forte hausse aussi bien en milieu rural qu›en milieu urbain, passant respectivement de 4,5% à 6,8% et de 12,7% à 16,5% et sans surprise, les jeunes sont encore une fois les plus grandes victimes de la conjoncture avec un taux s'élevant à 32,3%. Une situation due à «la faiblesse de la politique de relance engagé par le gouvernement», nous indique l'économiste et universitaire, Najib Akesbi, avant d'ajouter que la loi de finances rectificative 2020 et le Projet de loi de finances 2021 «montre le manque de volonté» de l'Exécutif à faire un réel plan de relance. Et d'ajouter que l'investissement à reculer, les dépenses ordinaires ont stagné...et la liste n'est pas exhaustive, «il est donc tout à fait normal de voir une explosion du chômage» a-t-il soutenu. En effet, bien que le gouvernement chante les louanges du «miraculeux» plan de relance et sa capacité à maintenir le tissu économique et les postes d'emploi, les indicateurs témoignent du contraire. Entre les troisièmes trimestres des trois dernières années, l'économie marocaine a créé en moyenne 144.000 postes d'emplois. Cependant, au troisième trimestre 2020, l'économie a perdu 581.000 postes d'emploi par rapport à celui de 2019, ce qui correspond à une baisse de 5,4% (237.000 postes en milieu urbain et 344.000 en milieu rural). Selon les secteurs, celui des «services» a perdu 260.000 postes d'emploi au niveau national, enregistrant une baisse de 5,2% de l'emploi dans ce secteur. Le secteur de l'agriculture forêt et pêche a quant à lui perdu 258.000 postes d›emploi (baisse de 7,9%), résultat d'une perte de 260.000 en milieu rural. Dans ce sillage, Najib Akesbi indique «que le monde rural vit dans des conditions déplorables et si le ciel ne se montre pas généreux dans les prochains jours, nous serons confrontés à une troisième année de sécheresse consécutive, dont les répercussions pourraient être catastrophiques». Crise sanitaire, un moment de vérité Pour l'économie nationale, «la crise sanitaire n'est pas seulement une épreuve, elle est également un moment de vérité», précise l'économiste. C'est un moment où, face à elle-même, elle a découvert, l'ampleur de ses défaillances et de ses vulnérabilités, a-t-il ajouté. Le Coronavirus a donc produit l'effet d'un révélateur, une sorte de miroir grossissant qui met en évidence les multiples carences du pays sur le plan économique et sociale. Ainsi, «à partir d'une analyse objective», si le gouvernement ne s'engage dans «une politique de relance qui prévoit réelle implication de l'Etat», les indicateurs conjoncturels ne vont pas s'améliorer de sitôt, estime M. Akesbi. Cela dit, il convient de noter que l'évolution des indicateurs du marché de travail selon le HCP a été négativement impactée, notamment, avec l'exacerbation de la baisse structurelle du taux d'activité, la chute du taux d'emploi et le renversement de la tendance baissière du taux de chômage et cela particulièrement parmi les jeunes, les femmes et les diplômés. Saâd JAFRI