La Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE) vient de dévoiler sa note de conjoncture qui rend compte d'un certain nombre d'indicateurs dont ceux afférents aux conditions de financement du Trésor qui, globalement, demeurent relativement favorables. Détails. « Les objectifs fondamentaux de la stratégie de gestion de la dette marocaine consistent à assurer au Trésor un financement stable et durable lui permettant de couvrir l'ensemble de ses besoins de financement tout en réduisant, à terme, le coût d'endettement de l'Etat, limiter l'exposition du portefeuille de la dette aux risques financiers et contribuer au développement du marché domestique des valeurs du Trésor ». Cet énoncé émane du département des Finances qui, par le biais de sa Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE), définit et veille sur les grands équilibres. Ceci, à travers la soutenabilité des finances publiques, la viabilité de la balance des paiements, ainsi que de la cohérence de la politique monétaire avec les autres politiques macroéconomiques. De par ses attributions, la DTFE est aussi tenue de procéder, entre autres, à la gestion active de la trésorerie publique et à la proposition de mise en œuvre de toute stratégie de financement du Trésor, y compris l'émission d'emprunts intérieurs et extérieurs ainsi que l'ordonnancement des dépenses afférentes au service de la dette directe de l'Etat. Dévoilant, tout récemment, sa note de conjoncture du mois d'octobre, cette Direction rend compte d'un certain nombre d'indicateurs dont ceux qui relèvent des conditions de financement du Trésor et l'état de ses comptes spéciaux. Solde positif des comptes spéciaux du Trésor A cet effet, la DTFE indique qu'à fin septembre, les opérations des comptes spéciaux du Trésor ont dégagé un solde positif de près de 10,4 MM Dhs contre 3,2 MM Dhs une année auparavant. Cette hausse de 7,2 MM Dhs s'explique essentiellement par la création, sous Hautes Instructions Royales, du compte d'affectation spéciale intitulé « Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Covid-19 » qui a quand même pu dégager un excédent de 8 MM Dhs, soit plus de trois fois de ce qu'avaient globalement enregistré les autres comptes. Et c'est justement grâce à l'excèdent dégagé par le Fonds spécial de gestion de la pandémie du Covid-19, que le déficit budgétaire s'est établi à 42,8 MM Dhs contre 28,5 MM Dhs un an auparavant, soit une hausse de 14,3 MM Dhs. Autrement, ce même déficit aurait frôlé les 60 MM Dhs, soit une aggravation de près de 22,3 MM Dhs par rapport à la même période de l'année 2019. Dans de telles conditions, il a bien fallu faire appel aux emprunts pour combler les besoins de financement du Trésor. A ce niveau, les chiffres de la DTFE font état d'un recours au financement intérieur pour un flux positif de 26,6 MM Dhs et aux financements extérieurs à hauteur de 21,6 MM Dhs. Souscriptions sur le marché des adjudications Au terme des huit premiers mois de l'année en cours, les souscriptions sur le marché des adjudications des valeurs du Trésor (MAVT) se sont établies à près de 100,8 MM Dhs, en hausse de près de 26,2 MM Dhs ou 35,2% par rapport à fin août 2019. A ce niveau, la DTFE rassure : malgré la situation exceptionnelle induite par la crise sanitaire et ses nombreuses conséquences, le financement du Trésor sur le marché domestique s'est effectué dans des conditions satisfaisantes, et reste dominé par le long terme à hauteur de 62,1% contre 63% un an auparavant, suivi par le moyen terme (24,2% contre 25,3%) et le court terme (13,7% contre 11,7%). Au terme des huit premiers mois de l'année 2020, l'encours de la dette intérieure du Trésor s'est établi à 632,5 MM Dhs, en hausse de 46,8 MM Dhs ou 8% par rapport à fin 2019 contre +12,9 MM Dhs ou +2,2% un an auparavant. Ceci, en prenant en compte la baisse de 2 MM Dhs ou 3,4% des remboursements qui ont atteint 56,3 MM Dhs. Conditions de financement du Trésor Traitant des conditions de financement qualifiées de favorables, la DTFE rappelle les taux appliqués sur le marché primaire des bons du Trésor au terme des huit premiers mois de l'année en cours et indique qu'au titre de cette période, ces taux se sont orientés à la baisse en comparaison avec ceux observés une année auparavant. Pour les maturités courtes, ces baisses ont atteint 64 pbs pour les bons à 52 semaines (1,68 %) et de 29 pbs à 2 ans (2,1%). Pour les maturités moyennes et longues, ces baisses ont atteint 57 pbs pour les 10 ans (2,40%), de 50 pbs pour les 15 ans (2,90%), de 75 pbs pour les 20 ans (2,87%) et de 60 pbs pour les 30 ans (3,73%). En matière de gestion active de la dette intérieure, la DTFE précise que le Trésor avait procédé à des opérations de rachat et d'échange de bons portant sur un montant global de 16,6 MM Dhs à fin août 2020 contre 30 MM Dhs un an auparavant. Le but de cette opération est d'opérer un certain réajustement du profil de cette dette. Tirages de la dette extérieure Volet dette extérieure, la DTFE évoque une certaine hausse des tirages qui fait, qu'à fin août, la situation des emprunts extérieurs du Trésor dégage un flux net positif (tirages - amortissements) de 15,2 MM Dhs contre 5,2 MM Dhs durant la même période un an auparavant. Et ce, suite à l'effet d'une évolution des tirages (près de 20,1 MM Dhs contre 10,6 MM Dhs à fin août 2019) conjuguée à un volume de remboursements en principal ramenés à 4,9 MM Dhs contre 5,4 MM Dhs un an auparavant. Ce qui, in fine, fait que le stock de la dette extérieure du Trésor s'est établi à 178,6 MM Dhs, en hausse de près de 15,2 MM Dhs ou 9,3% par rapport à fin 2019. Niveau global de la dette Globalement, la dette totale du Trésor a atteint 811,1 MM Dhs à fin août 2020, en progression de 62 MM Dhs ou 8,3% par rapport à fin 2019 contre une hausse de 17,7 MM Dhs ou 2,5% enregistrée au terme de la même période de l'année précédente. Il est à noter que la structure de cette dette reste dominée par sa composante intérieure avec une part de 78%, alors que la dette extérieure ne représente que 22% de l'encours global de la dette. N. BATIJE Repères Tirages sur emprunts extérieurs Au titre de l'année 2019, les données liées aux tirages sur emprunts extérieurs font état d'un bond de 19,3 milliards DH pour atteindre 25,5 milliards DH. En détails, la part mobilisée auprès des créanciers multilatéraux a atteint 56% et la majorité de ces tirages a été mobilisée principalement auprès de la BIRD (9,6 MM Dhs), et de la BAD (3,8 MM Dhs). Parallèlement, une part de 41% du total des tirages a été réalisée au titre de l'émission du Royaume, le 21 novembre 2019, sur le marché financier international de l'emprunt obligataire d'un milliard d'euros. Structure par devises Le portefeuille de la dette du Trésor, au titre de l'exercice 2019, demeure dominé par la dette libellée en Dirham qui représente 78,1% de l'encours, soit un léger repli par rapport à 2018 (79,1%). Pour ce qui est de la dette extérieure, la structure par devises, alors observée, fait que la part de celle contractée en Euro s'est établie à fin 2019 à 66,7% alors que celle contractée en dollar US et devises liées à 26,7% et celle des autres devises (Yen japonais, Dinar koweitien et autres) à 6,6%. Structure par taux d'intérêt La structure par type de taux d'intérêt de la dette extérieure du Trésor, contractée au titre de l'année 2019, se caractérise par un certain renforcement de la part de la dette à taux d'intérêt fixes qui s'est établie à 64,3% contre 63% à fin 2018. Et ce, au moment où la dette extérieure à taux variable est passée de 37% à fin 2018 à 35,7% à fin 2019. Au département des Finances, cette baisse est expliquée par les opérations de fixation des taux prêteurs réalisées sur certains emprunts contractés auprès de la BIRD.