Fondée en 1634 par le sultan saâdien Al Oualid Ibn Zidane, sur un promontoire dominant une rade ensablée, la Kasbah d'Oualidia continue à faire face aux aléas du temps. Les violentes pluies et intempéries qui ont sévi au Maroc à la fin du mois de novembre 2019 ont causé à ce patrimoine d'Oualidia de sérieux dégâts. Sans pour autant que l'attention des autorités compétentes ne soit attirée par les multiples mises en garde des archéologues qui, depuis vingt ans, exposent leurs études sur les dangers qui guettaient les monuments historiques, tel «Qsar Labhar» (Le château de mer de Safi). Aujourd'hui, de la vieille forteresse construite pour faire face à Mazagan sous occupation étrangère et pour défendre l'accès du port aménagé dans la rade, ne subsistent aujourd'hui que les vestiges des remparts que l'on peut voir accrochés à la falaise. Selon certains récits, la kasbah serait bâtie au XVème Siècle, au lendemain de l'occupation de la côte par les Portugais, et serait reconstruite, fortifiée et rebaptisée Oualidia au XVIIe siècle, renseigne une source proche de la direction provinciale de la Culture. Les corsaires de Salé l'auraient fréquentée durant le XVIIe siècle. Notons enfin que le patrimoine monumental de Oualidia a été enrichi par la construction d'un palais royal sous le règne de Mohamed V. Oualidia connut, à cette époque, l'une des phases les plus glorieuses de son histoire. Pour conclure ce volet du patrimoine bâti, poursuit la même source, disons que nous avons volontairement évité de citer les monuments relatés par les chroniqueurs mais dont les vestiges ont complément disparu ou dont la localisation précise n'est pas déterminée. Nous avons de même écarté quelques monuments de faible importance lorsqu'ils se trouvent trop isolés ou dissociés d'autres atouts susceptibles de les mobiliser dans une dynamique de valorisation ou dans un quelconque processus de patrimonialisation. La Kasbah d'Oualidia constitue un pan important de l'histoire de la région, relève pour sa part Aboulkassim Chabri, directeur du Centre d'études et de recherches du patrimoine lusomarocain. « Nous ne pouvons que nous joindre à la population pour plaider en faveur de la sauvegarde de ce monument qui représente une partie de la mémoire de l'humanité et non seulement de l'histoire de la présence portugaise au Maroc ». « Il faut intervenir d'urgence et sérieusement pour exploiter toutes les possibilités de sauver ce monument, y compris à travers des partenariats avec le Portugal, qui pourraient jouer un rôle important dans ce sens », a-t-il mentionné. « La sauvegarde du patrimoine n'est pas un luxe, mais un effort de préservation de la mémoire et de l'identité nationale », a-t-il noté, mettant en garde contre des risques similaires qui entourent de nombreux monuments de la région de Doukkala-Abda, dont l'ancienne médina d'Azemmour, le site d'Akouz (sud de Safi) ou encore les sites de Gharbia et Ribat Al Moujahidine, sis à l'entrée d'El Jadida. Mohamed LOKHNATI