Les multiples mises en garde des archéologues, depuis vingt ans, et les études sur les dangers qui guettaient «Qsar Labhar» (Le château de la mer de Safi), sont restées quasiment sans effet. Ce joyau architectural, construit en 1508, et témoin d'une histoire commune luso-marocaine, est resté en proie à la négligence et à l'usure du temps, jusqu'à ce qu'il s'écroule partiellement dans la nuit du six mars dernier sous la pression des vagues, de l'érosion et de l'humidité. L'effondrement qui n'était qu'une «conséquence logique» de l'état où se trouvait le monument déclenche, pour beaucoup, le compte à rebours de l'extinction d'une partie de la mémoire et de l'identité de Safi, de même qu'il atteste de la triste transformation d'un grand monument en amas de pierres qui s'effritent à coup de vagues. Mais ce qui leur fait encore plus de la peine, c'est que personne n'était dupe de la situation où se trouvait «Qsar Labhar», lequel a fait l'objet de nombreuses études ayant proposé plusieurs alternatives et recommandations pour sauver ce monument, et qui, contre vents et marées, sont restées lettre morte. Ce risque ne guette pas uniquement le Château de la mer portugais, mais une bonne partie du périmètre urbain de Safi, coûtant aussi à la ville une partie de son éclat touristique.