Employabilité, accès aux produits de consommation et d'hygiène, comportement durant le «lockdown»...le HCP dévoile l'expérience des réfugiés pendant le confinement. L'enquête menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) affirme que plus du tiers des réfugiés (35,8%) résident dans les villes de Rabat (14,6%), Casablanca (13,9%) et Oujda (7,3%). Au moment de cette enquête, l'effectif des réfugiés au Maroc s'établit à environ 7.000 personnes, dont 6 sur 10 sont des hommes, indique la même source, soulignant que 30,3% sont âgés de moins de 18 ans. Les réfugiés victimes des pertes d'emploi Parmi les axes traités par l'étude, figure celui de l'impact de la pandémie sur l'employabilité des réfugiés. De prime abord ce qu'on retient des chiffres annoncés, c'est que la quasi-totalité de cette population a été touché de plein fouet par le confinement généralisé. Le HCP et le HCR, précisent que neufs chefs de ménage actifs occupés sur 10 ont cessé de travailler pendant le confinement. Face à la perte d'emploi, une aide très faible leur a été accordée. Parmi les réfugiés ayant perdu leur emploi suite au confinement, seulement 6,1% ont reçu une aide de la part de l'employeur ou de l'Etat. La moitié des aides reçues (49,3%) provient des employeurs, sous forme de salaires ou de congés payés et 29,6% de l'Etat, notamment, à travers le programme d'aide aux salariés formels inscrits à la CNSS. Le statut légal des réfugiés est le principal obstacle pour bénéficier du soutien en cas de perte d'emploi, explique l'étude, ajoutant que les allocations financières du HCR, sont principaux transferts reçus par les réfugiés en situation de confinement. Alimentation et accès à la santé : Rien de grave à signaler Dans un autre registre, les réfugiés ont exprimés leur satisfaction vis-à-vis de l'approvisionnement alimentaire. La quasi-totalité des réfugiés jugent que les produits alimentaires de base sont disponibles pendant le confinement, seulement 3,5% qui déclarent qu'ils étaient peu disponibles. Les deux-tiers (soit 66,1%) considèrent que les prix des produits alimentaires de base n'ont pas changé, proportion qui atteint 80% aussi bien parmi les ménages syriens que ceux présidés par une personne âgée de 50 ans et plus. En revanche, près du tiers (31,6%) des ménages considère que ces prix ont augmenté. Néanmoins, pour les médicaments les choses ne sont pas aussi rassurantes, du fait que seulement 37,2% des réfugiés disposent de médicaments en quantités suffisantes, alors qu'un peu plus de la moitié (51,6%) n'en disposent pas, 56,2% d'entre eux n'en avaient pas besoin et 40,4% en raison du manque d'argent. Par ailleurs, l'accès aux soins médicaux n'a pas été un problème en ces temps de crise. Parmi les 31% de réfugiés souffrant de maladies chroniques, 62,8% ont accédé aux services de santé pendant le confinement, sauf ceux qui n'ont pas les moyens nécessaires (35,1%). Par ailleurs, l'enquête relève que l'anxiété, la dépression ou la peur constituent le principal impact psychologique du confinement sanitaire sur les réfugiés. D'autres effets psychologiques pèsent également sur le comportement des réfugiés dont les troubles de sommeil, l'hypersensibilité, la nervosité, les troubles d'appétit ou encore les sentiments obsessionnels.
Repères Un respect total du confinement sanitaire S'agissant des règles sanitaires imposées par l'Etat, le rapport a souligné l'engagement exemplaire des réfugiés, notant que sept ménages sur 10 (soit 70,3%) se sont confinés depuis l'adoption de l'état d'urgence sanitaire au Maroc et près du quart de cette population, depuis la date de fermeture des écoles. La quasi-totalité des réfugiés (99,3%) ont respecté les mesures de confinement sanitaire, 90,4% un respect total et 8,9% partiel (respectivement 79% et 21%pour les ménages marocains). Caractéristiques des réfugiés au Maroc La moitié des réfugiés au Maroc sont des Syriens (48%), 16% des Yéménites, 12% des Centrafricains, 7% des Sud- Soudanais et 4% des Ivoiriens. Les autres pays africains représentent 7% et les autres pays arabes 6%. Par ailleurs, le HCP souligne que presque la totalité des réfugiés (98,5%) est arrivée sur le territoire marocain après l'année 2000. La moitié d'entre eux (50,3%) sont arrivés depuis 2015, 34,3% entre 2010 et 2014 et 13,9% entre 2000 et 2009. L'ancienneté moyenne des réfugiés au Maroc est ainsi de 6,2 ans. Elle est relativement plus longue parmi les Ivoiriens (9,3 ans) et les Syriens (7,6 ans) et plus courte parmi les réfugiés du Soudan du Sud (2,4 ans), ceux du Yémen (3,3 ans) et de Centrafrique (4,4 ans). Baisse du revenu et perte d'emploi, principales inquiétudes pendant le confnement Les réfugiés perçoivent comme première inquiétude, pendant le confinement, la baisse du revenu avec 61,7%, 82,6% parmi les Syriens et 31,6% parmi les Sud Soudanais. Ils perçoivent également d'autres préoccupations dont la perte d'emploi (41%), la perturbation du mode de vie (24,6%), la privation d'activités de loisirs (22,7%), l'approvisionnement en produits de premières nécessités (19,3%) et le suivi des études des enfants (15,4%).