Le HCP vient de publier les résultats d'une enquête sur l'impact de Covid-19 sur la situation socio-économique et psychologique des réfugiés au Maroc. Enseignements. «Le total des réfugiés au Maroc s'élève à 7.000 personnes », note l'enquête du HCP. 61% du total sont des hommes, et 30,3% sont âgés de moins de 18 ans. Le HCP souligne aussi qu'un réfugié sur 2 est d'origine syrienne soit 48%, 16% des Yéménites, 12% des Centrafricains, 7% des SudSoudanais et 4% des Ivoiriens. Les autres pays africains représentent 7% et les autres pays arabes 6%. Villes de résidences Les villes de Rabat, Casablanca et Oujda abritent le tiers des réfugiés. Rabat s'accapare la part de lion avec 14,6% suivie de Casablanca 13,9% et Oujda 7,3%. Les principales autres villes de résidence sont Nador (6,5%), Kénitra (6,4%), Fès (6,4%), Salé (5,4%), Meknès (5,3%), Tanger (4,8%) et Marrakech (4,1%). Presque la totalité des réfugiés (98.5%) est arrivée sur le territoire marocain après l'année 2000. La moitié d'entre eux (50,3%) sont arrivés depuis 2015, 34,3% entre 2010 et 2014 et 13,9% entre 2000 et 2009. L'ancienneté moyenne des réfugiés au Maroc est de 6,2 ans. Elle est relativement plus longue parmi les Ivoiriens (9,3 ans) et les Syriens (7,6 ans) et plus courte parmi les réfugiés du Soudan du Sud (2,4 ans), ceux du Yémen (3,3 ans) et de Centrafrique (4,4 ans). D'après l'enquête, les réfugiés au Maroc vivent dans 2.168 ménages. Le tiers (32,3%) sont d'origine syrienne, 16,9% centrafricaine, 16,6% yéménite et 8,9% sud-soudanaise. La taille moyenne des ménages réfugiés est de 3,4 personnes. Elle est plus élevée parmi les ménages syriens avec 5,2 personnes et plus réduite parmi ceux d'origine sud soudanaise (2,1). Plus de 5 chefs de ménages réfugiés sur dix au Maroc (55,1%) disposent d'un titre de séjour valide. Cette proportion atteint 67,5% parmi les Syriens, 59,3% les Yéménites, 50,3% les Centrafricains et 43,8% les Ivoiriens. Ceux ayant un titre de séjour expiré représentent 14,7%, proportion plus élevée parmi les SudSoudanais (39,7%), les Ivoiriens (27,6%) et les Centrafricains (22,1%). En revanche, 3 chefs de ménage sur 10 (30,2%) ne disposent pas de titre de séjour. Autre caractéristique frappante : environ un ménage réfugié sur 6 est dirigé par une femme. Cela concerne particulièrement les Ivoiriens (43,9%), les Sud Soudanais (27,8%) et les Centrafricains (24,5%). Ce qui est plus faible chez les Yéménites (5%) et les Syriens (11,3%). Côté niveau d'instruction les données du HCP montrent que près de la moitié des chefs de ménages réfugiés ont le niveau d'enseignement supérieur Chômage Vs Travail Néanmoins, plus d'un chef de ménage sur 5 est en situation de chômage. La répartition selon le type d'activité montre que 43,8% des chefs de ménages réfugiés exercent une activité économique, 47,3% parmi les hommes et 28% parmi les femmes. L'exercice d'une activité économique est plus prononcé parmi les Syriens avec 83,2% et plus faible parmi les Centrafricains (24,4%), les Yéménites (18,1%) et surtout parmi les ressortissants du Soudan du Sud (3%). Environ un chef de ménage réfugié sur 5 (22%) est à la recherche d'un emploi. La part des chômeurs s'élève à 44,9% parmi les Ivoiriens, 35,1% parmi les Yéménites et 23,6% parmi les originaires de la Centrafrique. Elle atteint son niveau le plus bas parmi les réfugiés du Soudan du Sud et de Syrie avec respectivement 6% et 6,2%. Le tiers des chefs de ménages réfugiés (34%) est en situation d'inactivité, les femmes (49,3%) relativement plus que les hommes (30,7%). La part la plus élevée des inactifs est enregistrée parmi les réfugiés du Soudan du Sud avec 91%. D'après le HCP, le salariat et le travail indépendant prédominent puisque (64,1%) des chefs de ménages réfugiés sont des salariés et trois personnes sur 10 (30,4%) exercent un emploi indépendant. Le secteur des services est le premier pourvoyeur d'emploi pour les réfugiés au Maroc avec 28,8%. Le secteur de la construction vient en deuxième position avec 24,8% suivi de celui du commerce (15,8%), de la restauration (11%), de l'agriculture (9,1%) et de l'industrie (5%). Impact du covid La crise sanitaire n'a pas épargné les réfugiés. Le HCP démontre alors que 9 chefs de ménage réfugiés actifs occupés sur 10 ont cessé de travailler pendant le confinement, 5,7% contre une indemnité et 81,4% sans aucune indemnité. La cessation d'activité concerne 78,5% des Yéménites, 86,4% des Syriens, 89,4% des Centrafricains et 94,8% des Ivoiriens. En revanche, 11,6% des chefs de ménages réfugiés actifs occupés ont continué d'exercer leur emploi, 7,5% à temps partiel et 4,1% à plein temps. Il convient de signaler qu'une infime minorité des actifs occupés (1,3%) ont changé leur activité pendant le confinement. Face à la perte d'emploi, seul 6,1% ont reçu une aide de la part de l'employeur ou de l'Etat. La moitié des aides reçues (49,3%) provient des employeurs, sous forme de salaires ou de congés payés et 29,6% de l'Etat, notamment, à travers le programme d'aide aux salariés formels inscrits à la CNSS. Plus de 9 réfugiés sur 10 (92,2%) jugent ces aides insuffisantes pour compenser la perte de revenus occasionnée par l'arrêt du travail Soutien aux réfugiés Le HCP note que les réfugiés ayant perdu leur activité à cause de la pandémie et qui n'ont bénéficié d'aucun soutien citent, comme raison principale, leur statut légal avec 54,6%. D'autres considérations sont évoquées dont le fait de ne pas être au courant (8,9%), de non déclaration à la CNSS (8,3%) ou d'un refus de la demande (8,2%). Les allocations financières du HCR, principaux transferts reçus par les réfugiés en situation de confinement. De manière globale, 78,4% des réfugiés ont reçu au moins un transfert de différentes sources. Cette proportion se situe à 48,7% parmi les Ivoiriens, 75% les Centrafricains, 77,7% les Syriens, 83,4% les Sud Soudanais et 89,9% les Yéménites. Le Haut Commissariat aux Réfugiés est le principal fournisseur des aides aux réfugiés sous forme d'allocations financières. En effet, 82,1% des réfugiés ont reçu des transferts de cette institution, 11,3% de membres de la famille ou d'amis, 3,8% de la société civile, 1,6% de l'Etat marocain et 1,2% d'institutions privées