Rédigé par une commission d'experts, un livre blanc sur la défense a été remis il y a quelques jours au président français Nicolas Sarkozy. Ce document dresse un panorama plutôt pessimiste du contexte stratégique mondial. Il y a quelques années on pouvait espérer que la Russie deviendrait une démocratie, les Israéliens et les Palestiniens paraissaient décidés à faire la paix, et le terrorisme était marginal. Le monde d'aujourd'hui, devenu multipolaire, est assurément plus dangereux. Le Moyen orient demeure l'une des principales zones à risque : l''Irak est loin d'avoir retrouvé la paix, le Liban est plus que jamais fragile, le conflit israélo-palestinien reste un abcès ouvert, les ambitions nucléaires de l'Iran sont une menace pour la planète et nul ne sait ce qu'il adviendra demain des régimes conservateurs égyptien ou saoudien Les auteurs du rapport français soulignent en outre que les conflits de la région sont tous interconnectés, et que l'Iran y joue un rôle clé soit directement soit à travers les activités de ses alliés, à commencer par le Hezbollah. L'autre grand danger venu de cette région est, lui, d'origine sunnite : le terrorisme version Al Quaida demeure le cauchemar des Etats. Au fil des ans il s'est déterritorialisé. Et c'est bien ce qui inquiète les pays occidentaux, notamment les grands pays européens dont une partie de la population est d'origine immigrée. Il s'agit de jeunes nés dans ces pays, qui y donc sont chez eux, et qui ont épousé l'idéologie extrémiste prônée par Oussama Ben Laden et ses affidés. En Grande Bretagne, ces home growned threat sont souvent d'origine pakistanaise ; en France, ils sont d'origine maghrébine, membres de l'ancien GSPC, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat devenu l'an dernier l'AQMI, Al Qaida pour le Maghreb islamique. En dehors du monde arabo-musulman c'est l'Asie qui est, selon les stratèges français, le continent les plus riches de conflits potentiels. Ils citent les menaces que font peser les extrémistes islamistes sur l'Afghanistan et le Pakistan, mais aussi les risques de voir rebondir le conflit entre le Pakistan et l'Inde. Plus à l'est, ils s'inquiètent de la situation de Taïwan, désormais à portée des missiles balistiques chinois, même si la récente visite du numéro Un de Taïwan à Pékin est porteuse d'espoir, la question de la Corée du nord et de son programme nucléaire, le contentieux qui peut à tout moment ressurgir entre la Chine et le Japon. Deux autres facteurs de risque sont mentionnés enfin dans le document français qui annoncent peut-être les guerres de demain : le danger des cyberattaques, c'est à dire des agressions menées via internet contre les centres de commandements rivaux ou ennemis la Russie y a eu recours l'an dernier contre l'Estonie- et les conséquences possibles des changements climatiques. Guerres de l'eau, émeutes de la faim, pressions migratoires : de nouvelles crises se profilent qu'il va falloir apprendre à gérer.