Avec la réélection du conservateur Andrzej Duda, reconduit pour un second mandat après un duel serré jusqu'au bout, la Pologne a fait le choix de maintenir le virage conservateur. Le suspense a été entier jusqu'à la fin. Le président Duda, 48 ans, soutenu par le parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS, au pouvoir), a battu de peu le candidat libéral et pro-européen, le maire de Varsovie Rafal Trzaskowski, pour anéantir l'espoir d'une victoire des libéraux, alors que les sondages de sorties des urnes, donnaient encore les deux candidats au coude à coude, autorisant alors différents scénarios. Andrzej Duda a obtenu 51,08% des votes, contre 48,92% pour Rafal Trzaskowski, candidat de la Plateforme civique (PO), principale formation d'opposition qui est entré tardivement dans la course à la présidence et promis de restaurer les relations tendues avec l'UE. Le scrutin marqué par un taux de participation très élevé pour la Pologne, de 67,9%, a connu un duel sans merci entre les deux candidats qui incarnent deux visions différentes. La victoire de Duda, malgré les compétences relativement restreintes d'un chef d'Etat en Pologne, assure la stabilité au projet politique du parti Droit et Justice pendant les cinq prochaines années. Ce résultat conforte ainsi la position du parti conservateur au pouvoir depuis 2015 qui va ainsi maintenir le cap de ses réformes dont celle de la justice, critiquée par l'Union européenne. La Pologne et l'Union européenne, sont engagées depuis 2017 dans un bras de fer notamment sur les questions d'Etat de droit. Plusieurs procédures ont été lancées par la commission contre Varsovie concernant sa réforme des tribunaux ordinaires ou encore de la Cour suprême. Andrzej Duda, 48 ans, a pu compter sur son électorat fidèle dans les fiefs ruraux du parti, composé de personnes plus âgées et moins instruites que celles qui soutiennent son adversaire qui a reçu les voix des Polonais pro-européens et libéraux des grandes agglomérations et des villes moyennes. Les grandes villes ont voté à 66% pour Rafal Trzaskowski et 63% des électeurs dans les campagnes ont choisi Andrzej Duda. Le président conservateur a notamment axé sa campagne sur le social et insisté sur la défense des avantages sociaux promus par le parti au pouvoir et des valeurs catholiques traditionnelles. M. Duda a en effet appuyé une longue série d'avantages sociaux promus et introduits par le PiS, notamment l'abaissement de 67 à 65 ans de l'âge de la retraite et la distribution d'une allocation mensuelle de 500 zlotys (110 euros) pour chaque enfant. Toutefois, avec cette victoire étriquée et le bon score du candidat de l'opposition libérale, le parti au pouvoir doit être dorénavant sur la défensive. Le PiS devra faire face à une forte opposition, ainsi qu'à une crise économique imminente que la Pologne ne devrait pas tarder à ressentir suite à l'impact de l'épidémie de coronavirus, dont elle n'est toujours pas sortie, selon les analystes. Pour sa part, l'opposition libérale a dorénavant le vent en poupe. En peu de temps, la Plateforme civique qui s'est trouvée un leader incontestable ayant réussi à rassembler autour de lui de nouveaux partisans, a désormais en ligne de mire les prochaines législatives.