A Madagascar, ce qui n'était qu'un bruit provenant du palais présidentiel est désormais une annonce officielle. Et c'est le Président malgache, Andry Rajoelina lui-même qui vient de l'officialiser : « Madagascar a trouvé le remède du coronavirus ». Il s'agit d'une boisson à base d'Artemisia annua (armoise annuelle ou absinthe chinoise) produite par l'Institut malgache de recherches appliquées (IMRA) . C'est de cette plante que les Chinois ont pu extraire le principe actif qui sert de base aux traitements antipaludéens. Le Président malgache a d'ailleurs rappelé les vertus médicinales de cette « plante miracle » et son efficacité en s'appuyant sur un reportage de France24 de près de 6 minutes qu'il a intégré dans son discours ayant duré un peu d'une vingtaine de minutes. Pour rappel, Madagascar est très peu touchée par le nouveau coronavirus. Ce pays de la côte sud-est de l'Afrique de près de 27 millions d'habitants ne totalise que 121 cas jusqu'à présent, 36 guérisons et aucun décès, selon worldometers.info.
Une recherche rapide sur Google montre que l'Artemisia annua avait fait coulé beaucoup d'encore et avait même pour un temps intéressé l'OMS, avant d'être oubliée. Cet extrait de la revue médicale suisse en donne un aperçu sur la plante que le Président malgache présente comme salvatrice : Connue en Occident sous le nom d'Artemisia annua, on se souvient que la plante dont est issue l'artémisinine appartient à la famille des armoises. De ce végétal utilisé traditionnellement en décoction, des chercheurs chinois avaient pu extraire, dans les années 1970, un principe actif, dénommé «qing hao su». Pour diverses raisons empruntant beaucoup à la politique, cette découverte chinoise n'a pas d'emblée diffusé en Occident. Elle ne fut alors utilisée que dans le sud du pays ainsi que dans la sphère d'influence directe de Pékin concernée par le paludisme : Vietnam et Cambodge. A l'ouest jusqu'à la fin des années 1980, les traitements disponibles demeuraient actifs, le paludisme étant alors beaucoup mieux contrôlé qu'aujourd'hui. C'est au début des années 1990 que la Chine a commencé à proposer ses présentations d'artémisinine aux laboratoires occidentaux qui en découvrent alors la remarquable efficacité. En 2001, l'OMS croit pouvoir annoncer que le plus grand espoir mondial de fournir un traitement au paludisme vient de Chine. «Coartem», première bithérapie comportant de l'artémisinine rejoint bientôt la liste des médicaments essentiels.Cinq ans plus tard, les acquis apparaissent bien fragiles, d'où la dernière initiative de l'OMS qui ne précise toutefois pas dans sa communication quels sont les laboratoires concernés, le nom des produits et la nature des pressions qu'elle peut exercer dans ce domaine. Afin d'anticiper et de prévenir l'apparition et la propagation d'une résistance à long terme, l'OMS «invite instamment la communauté mondiale des chercheurs qui travaillent sur le paludisme et l'industrie pharmaceutique à investir dès que possible dans la mise au point de la prochaine génération d'antipaludiques». Voici l'intégralité de cet article de la revue médicale suisse : https://www.revmed.ch/RMS/2006/RMS-51/2016