Nicolas Sarkozy entame ce lundi 28 avril un séjour de 48 heures en Tunisie, achevant ainsi après ses visites au Maroc et en Algérie l'an dernier sa première tournée des pays du Maghreb. Comme au Maroc et en Algérie des contrats seront évoqués et peut-être signés, notamment un accord de coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire civile. Comme dans les deux autres pays il y aura un grand discours celui que prononcera mercredi le chef de l'Etat devant les étudiants de l'Institut national des sciences appliquées et des technologies de Tunis- consacré au projet d'Union pour la Méditerranée, dont le coup d'envoi officiel doit être donné à Paris le 13 juillet lors d'un sommet de chef d'Etat des deux rives. La Tunisie souhaiterait abriter le secrétariat général de la future entité On parlera aussi, un peu, pour la forme, des droits de l'homme. L'Elysée a promis en effet que Sarkozy « en dirait un mot en public » même s'il y a fort à parier que l'on sera très en deçà du « geste fort » attendu par les associations de défenses des droits humains, tunisiennes ou internationales. La secrétaire d'Etat au droits de l'homme, Rama Yade, sera en tous cas du voyage. S'il y a bien une chose dont il ne sera pas question, en revanche, c'est des insatiables appétits de la « famille » présidentielle qui, de plus en plus, alimentent les rancurs et les frustrations. Les hommes d'affaires qui feront le voyage dans le sillage du président Sarkozy savent pourtant qu'il est devenu pratiquement impossible d'entreprendre en Tunisie sans s'entendre avec le clan des Trabelsi, la famille de la première dame de Tunisie. Bien plus que les atteintes au droits de l'homme, la corruption et le népotisme sont devenus aujourd'hui, sur fonds de chômage des jeunes et d'écarts sociaux qui se creusent, les vraies plaies de la Tunisie. On l'a bien vu, récemment, à Gafsa. Dans cette ville, la publication, le 7 janvier dernier, d'une liste de nouveaux embauchés par la société nationale qui exploite les mines de phosphates, a mis le feu aux poudres. Parce que la jeunesse locale a vu, dans la sélection opérée, la marque du favoritisme et du clientélisme. « L'argent du peuple est dans les palais et ses enfants sous les tentes » proclamaient les jeunes chômeurs sur leurs banderoles