De nouveaux éléments d'information, pour le moins explosifs, ont été révélés ce mardi 1ermai au soir par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, expliquant la décision prise par le Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l'Iran. «Au cours de ce mois (ndlr, avril 2018), une première livraison d'armes a été fournie au polisario et notamment des Sam 9, Sam 11 et des strellas, ont été livrés par des dirigeants du Hezbollah aux milices armées du polisario», affirme Nasser Bourita.Et ce dernier d'ajouter que des éléments plus précis seront, et certains l'ont déjà été, partagés par les services marocains avec leurs partenaires de pays étrangers, en soulignant que le Maroc dispose des preuves, des données et des dates qui montrent l'implication d'au moins un membre de l'ambassade d'Iran à Alger dans l'organisation de toutes ces opérations pendant au moins deux ans. « L'implication d'un membre de l'ambassade disposant d'un passeport diplomatique iranien qui travaille à l'ambassade d'Iran à Alger, a été l'élément clé pour faciliter les contacts et les rencontres et fournir toutes les facilités logistiques pour que les hauts responsables y compris militaires du Hezbollah puissent partir à Tindouf et rencontrer les responsables du Polisario », détaille Bourita. Le ministre a noté qu'une telle décision stratégique d'aider militairement le Polisario et de former des gens du polisario ne peut être prise sans la coordination, voire même le consentement de la République islamique d'Iran. «Il ne s'agit pas juste d'une rencontre ou d'une déclaration, mais de deux ans de coopération, de deux ans de visites à travers l'ambassade d'Iran à Alger», insiste-t-il. Pour lui, il ne fait aucun doute que la République islamique d'Iran ne peut être étrangère à toutes cette préparation. Comment l'Iran veut se venger du Maroc via le Hezbollah « Le Royaume dispose de preuves irréfutables, de noms identifiés et de faits précis qui corroborent cette connivence entre le Polisario et le Hezbollah contre les intérêts supérieurs du Maroc », déclare Nasser Bourita. Détails dévoilés par le ministre : «la collaboration entre le mouvement séparatiste du Polisario et le Hezbollah a gagné en ampleur et en visibilité à partir de mars 2017. Une relation entre les deux mouvements s'est construite bien avant, déjà en 2016, lorsqu'un ‘Comité de soutien au peuple sahraoui' a été mis en place pour la première fois au Liban, à la faveur d'une bienveillante protection du Hezbollah. Kacem Mohamed Tajeddine En 2016, il y a eu la visite de hauts dirigeants de Hezbollah dans les camps de Tindouf pour rencontrer des responsables militaires du Polisario. Le point de basculement et l'élément le plus important qui a changé la nature de la relation entre le Polisario et le Hezbollah a été l'arrestation à l'aéroport international Mohammed V de Casablanca, le 12 mars 2017, de Kacem Mohamed Tajeddine, un des grands financiers du Hezbollah qui agit en Afrique.Ce dernier a été arrêté sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par les Etats-unis d'Amérique pour blanchiment d'argent et appartenance à une organisation terroriste.A partir de ce moment-là, le Hezbollah a menacé de vengeance et commencé à renforcer sa relation avec le Polisario contre le Maroc. Des artificiers et des encadrants militaires ont été envoyés à Tindouf pour entraîner des éléments du Polisario sur la guérilla urbaine et pour former des commandos dans le but de mener des actions contre le Maroc. Avant tout, nous avons voulu confronter l'Iran à ça, c'est ce que j'ai fait ce matin. Nous n'avons pas reçu de réponse qui remet en cause les éléments en notre possession et c'est pour cela que le Maroc a pris cette décision » de rupture des relations diplomatiques avec Téhéran.» Sur la base de l'ensemble des éléments avancés, Bourita affirme que le Maroc ne peut accepter qu'un pays forme des commandos et des gens à la guérilla urbaine, livre des armes, entraîne militairement et encadre les militaires du Polisario. «La décision de rupture n'est pas contre les chiites, ni contre les peuples libanais et iranien, c'est une décision, une réaction contre des actions inacceptables menées par le Hezbollah avec la bénédiction, sinon plus, de l'Iran», a-t-il expliqué. Décision marocaine souveraine et mûrement réfléchie Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération tient à préciser que le Maroc n'a pas l'habitude de prendre ce genre de décision facilement et c'est pour cela que beaucoup de temps a été pris «pour recouper les informations, pour vérifier chaque donnée, chaque date, chaque rencontre, et lorsqu'on a eu suffisamment d'éléments, d'indications et de preuves que des choses se préparent pour menacer la sécurité nationale du Maroc et la sécurité des citoyens marocains, le Maroc a pris cette décision». Nasser Bourita déclare que la rupture des relations avec l'Iran a été prise pour des considérations purement bilatérales et n'a aucun lien avec les développements régionaux ou internationaux et que le Maroc ne prend jamais ce genre de décision sous influence ou sous pression, mais lorsqu'il s'agit de son intégrité territoriale, de sa sécurité nationale, de la sécurité de ses citoyens, il ne peut qu'être ferme et prendre des décisions claires. A noter que l'ambassadeur de du Maroc à Téhéran a quitté ce mardi 1ermai 2018 l'Iran. Le même jour, Bourita a reçu le chargé d'affaires de l'ambassade iranienne à Rabat pour lui demander de quitter le Royaume du Maroc “sans délai”.