Et de deux pour le salon international des dattes du Maroc. Le jeune événement a confirmé son positionnement en tenant sa deuxième édition sous le thème de «L'oasis, source de croissance solidaire». Organisé par le ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime du 10 au 13 novembre 2011 à Erfoud, le festival fait de la promotion de l'agriculture oasienne son objectif principal tout en érigeant le secteur phœnicicole comme un axe majeur de développement de l'agriculture marocaine. La tenue de ce salon est venue renforcer la mise en œuvre du contrat-programme signé à l'occasion des 4es Assises de l'agriculture, en avril 2011. Ce dernier prévoit, d'ici l'horizon 2020, de promouvoir une agriculture performante soucieuse des enjeux sociaux, de l'aménagement territorial et du développement durable. Ceci tout en participant activement à la réhabilitation et la reconstitution des palmeraies existantes (s'étendant sur une superficie globale de 48. 000 ha) et la création de nouvelles plantations, à l'extérieur des palmeraies, sur une superficie de 17.000 ha. Ce contrat programme aspire aussi à améliorer la production de dattes et à la hisser des 90.000 tonnes actuelles pour atteindre les 160. 000 tonnes à l'horizon 2020. Rappelons que le programme de l'événement s'est articulé atour d'un ensemble de conférences, journées scientifiques et autres contributions internationales. Carrefour d'expériences, le salon a été l'occasion de nouer de nouveaux partenariats pour la mise en valeur de l'agriculture phœnicicole et de la datte marocaine. Ainsi, lors de cette nouvelle édition, 30.000 m2 ont été aménagés pour abriter les différents pôles du salon, à savoir le pôle régions, le pôle produits, le pôle machinisme… Côté participation, plus de 13 pays ont été au rendez-vous. Le salon a accueilli également plus de 60. 000 visiteurs nationaux et internationaux. En parallèle, des circuits touristiques ont été proposés dans le but de rapprocher les visiteurs du patrimoine local de la région. Des animations musicales, culturelles et sportives ont été également programmées en marge de l'événement, sans oublier les différents concours consacrant le meilleur producteur, le meilleur industriel et le meilleur stand. «Il faut rendre la datte présentable. Mais la qualité y est.» Bachir Saoud Directeur de l'Agence nationale pour le développement des zones oasiennes. Entretien réalisé par fatima-zohra jdily L'Observateur du Maroc. Il y a quelques jours que le salon international des dattes à Erfoud à ouvert ses portes. Parlez-nous de ce salon et plus particulièrement de son objectif et de sa particularité. Bachir Saoud. Cette édition vient consolider le mouvement lancé l'an dernier qui vise à doter la profession du palmier dattier d'un instrument de développement professionnel d'un niveau international qui permettra aux producteurs et aux opérateurs d'échanger, de profiter et de s'enrichir mutuellement, et de créer, pourquoi pas, des opportunités d'affaires. En espérant, bien entendu, contribuer par là à l'amélioration de la profession d'une manière générale pour pouvoir asseoir un développement sur de véritables projets économiquement viables au niveau du secteur. Le plus, c'est qu'au niveau chiffrage nous sommes pratiquement à 180 exposants de plus que l'édition précédente, qui à enregistré 150 exposants. En matière de pays, il y a 5 exposants de pays étrangers, 13 pays représentés par des délégations officielles ou des scientifiques. Côté visiteurs, il y a une affluence qui sera vraiment supérieure car nous nous attendons à 80.000 visiteurs par rapport aux 60.000 qu'a enregistrés l'édition précédente. Je pense donc que nous sommes sur une courbe ascendante à ce niveau et que le secteur est en train d'asseoir ses bases pour un développement sûr. Quelle est la part qui revient aux exposants internationaux dans ce salon ? Il s'agit essentiellement des exposants de machinisme innovant en la matière, des machines de pollinisation qui permettent de polliniser les palmiers sans être obligé d'escalader les troncs. Vous savez, c'est très difficile et nos agriculteurs, en attendant de mettre en place la relève, commencent à avoir une moyenne d'âge assez élevée et donc c'est une innovation très intéressante. Le reste des exposants étrangers concerne surtout des valorisateurs qui cherchent à faire des connexions en matière d'affaires, de tout exporter pour transformer sur place et parce qu'ils ont des marchés, des opportunités intéressantes. Il y a aussi des exposants institutionnels des Emirats qui proposent de présenter la dynamique de primes et de récompenses qu'ils ont appliquée chez eux. C'était donc assez diversifié. Parlez-nous de la production des dattes au Maroc. Couvre-t-elle la demande nationale ? Pas du tout. Elle a surtout un caractère très saisonnier, et malheureusement avec la précarité de nos installations frigorifiques, on se trouve en décalage, et ce, et peut-être même pour les 20 prochaines années, entre la forte période de consommation qui est le ramadan et la période de récolte. Ramadan est déjà passé, et dorénavant il consommera toujours la production de l'année précédente, ce qui fait que vu la faiblesse des capacités frigorifiques et une baisse du disponible au niveau de la période de forte demande, il y a un fort recours à l'importation. De cette faible capacité de frigos et une production qui vient en décalage par rapport à la période de la forte demande découle le fait qu'au moment de la forte demande, durant le ramadan, nous n'arrivons pas à avoir la production suffisante, et nous sommes contraints d'avoir recours à l'importation de 20.000 a 30.000 tonnes de dattes, pour pouvoir satisfaire la demande. C'est pourquoi les projets importants de développement solidaire structurants sont basés sur la gestion et la mise en place de complexes frigorifiques pour pouvoir aligner la production sur le marché et la rendre donc plus à même de profiter des opportunités de marché. La production actuelle est, en année normale et bonne, d'environ 120 mille tonnes. Donc nous sommes en deçà de ce que nous souhaiterions avoir comme production. La consommation moyenne annuelle du Marocain est de 3,5 kilos alors que dans les régions oasiennes elle peut atteindre 15 kilos. Entre les deux, si on arrive à faire de la datte un fruit de table de tous les jours, il y a tellement à espérer et on peut prétendre à tripler la production sans problème. Le Marocain préfère les dattes importées. Est ce que cela signifie que la production marocaine des dattes manque de qualité ? Ce ne sont pas les dattes marocaines qui manquent de qualité, c'est plutôt un problème de marketing. Nous n'avons pas une politique de ventes, de valorisation ou de publicité. De plus, la chaîne frigo-triage-transformation, ou plutôt conditionnement… nécessite toute une logistique. Or jusqu'à présent nos dattes ont des manques à ce niveau. Elles arrivent mélangées, mal entretenues, entassées en vrac et donc avec un aspect assez malmené. Mais dorénavant, et c'est ce que nous élaborons dans ces projets, nous apprenons aux gens à s'organiser. Il faut profiter de la maîtrise de ces actions car il faut rendre la datte marocaine présentable. Mais la qualité y est. Nous avons une richesse génétique incroyable au Maroc. On n'a pas de problème à ce niveau. Qu'est ce qui se fait aujourd'hui pour que les dattes marocaines soient compétitives au niveau national et international ? Il y a tout un programme de plantation qui est mis en place, qui en est à sa 2e année et qui vise à ce que le parc de production palmiers-dattiers devienne un parc riche en variétés, adaptées à leurs régions et capables de satisfaire, selon des normes de qualité requises, toutes les demandes possibles, nationales et internationales. C'est un programme qui est lancé et dont les derniers instruments ont été mis en place, notamment le laboratoire de production de souche et vitro-plante, inauguré hier par Sa Majesté, qui en est l'une des pierres centrales.