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El Jadida la renaissance
Publié dans L'observateur du Maroc le 26 - 07 - 2011

Longtemps oubliée, la capitale des Doukkala connait actuellement un véritable essor. Avec la reprise de la ligne ferroviaire, le lancement de l'autoroute Casablanca-El Jadida et l'ouverture de la station Mazagan resort beach, la ville a largement ouvert ses bras pour accueillir ses visiteurs fidèles mais aussi les nouveaux, attirés par les promesses multiples d'un divertissement varié et bien ciblé. Destination prisée par les touristes casablancais et marrakechis, El Jadida est avant tout un point de rencontre pour l'ensemble des tribus de la région Doukkala-Abda. Son climat clément et la fraicheur de ses étés en ont fait une destination incontournable en cette saison. Le moussem de Moulay Abdellah Amghar, organisé habituellement fin juillet, représente également une grande attraction pour les Doukkalis mais également pour des visiteurs venant des quatre coins du royaume.
Espace de liberté, de recueillement, de divertissement et d'activité commerciale, ce grand moussem est la représentation d'un tourisme mystique et populaire particulier. Les milliers de «pèlerins» et les centaines de tentes installées à perte de vue au bord de la plage du village de Moulay Abdellah en disent long sur l'engouement que cet événement phare suscite auprès de la population. Entre fantasia, soirées musicales animées par les «chikhate» et autres stars de la chanson populaire, les parties de jeux à la fête foraine, le méchoui aux odeurs alléchantes et autres spectacles de rue, le moussem ne risque pas d'ennuyer ses visiteurs. Des festivités hautes en couleurs, doublées d'un autre événement à la portée internationale. Le nouveau festival Jawhara El Jadida, qui marque en ce juillet 2011 sa première édition, est un moyen de plus pour la ville pour rayonner, de fidéliser ses habitués et d'attirer de nouveaux visiteurs. Musique, danse, théâtre et peinture, le menu est riche et les soirées ne seront que plus agréables sur la grande corniche, dans la cité portugaise et en face de la mer.
Un peu plus loin, la plage de Sidi Bouzid et ses petites villas coquettes n'attirent pas mois de visiteurs. Pleine à craquer, la grande fraîcheur des eaux de cette plage n'empêche pas les estivants de l'envahir. Plutôt calme le reste de l'année, Sidi Bouzid se transforme en une grande ruche en été. Attirant les familles, cette petite station balnéaire séduit par la beauté du site, ses belles vagues mais également pour son côté «propret». Longtemps considérée comme l'apanage d'une catégorie de touristes plutôt aisée, la station se démocratise. Elle attire de plus en plus de promoteurs immobiliers, encouragés par la grande tendance d'acquisition de résidence secondaire. Poussant comme des champignons, de belles résidences touristiques viennent ainsi agrandir la petite ville et élargir ses marges pour atteindre El Jadida d'un côté et Moulay Abdellah de l'autre.
Cité portugaise, un patrimoine mondial
Jalousement gardée par des remparts impressionnants, la cité portugaise est un véritable joyau architectural. Fondée en 1506 par les Portugais, la jeune ville a vite fait d'attirer les convoitises marocaines. En 1541, la salle d'arme portugaise selon les uns ou le grenier selon les autres fut transformée en réserve d'eau de pluie (citerne), pour survivre au siège imposé par les Marocains désireux de libérer la ville. Plus résistante que jamais, la ville est fortifiée par d'épaisses murailles pour devenir une redoutable citadelle. L'occupation portugaise prend fin en 1769. La cité est enfin libérée par le sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah. Avant de prendre la fuite par la «Porta Do Mar» (porte de la mer), les Portugais prennent le soin de détruire la cité de l'intérieur. Après leur départ, Mazagan est désormais baptisée «Al Mahdouma» (la ruinée). Ce n'est qu'à la seconde moitié du XIXe siècle, que Al Mahdouma sera restaurée et devient «El Jadida». Repeuplée au début par des juifs, elle reprend son ancienne appellation «Mazagan» sous l'occupation française et accueille une population aux différentes origines.
Lalla Aicha El Bahria Marie-moi, si tu peux !
NOURA MOUNIB
«Une place pour Lalla Aicha, une place…»… Au centre-ville d'Azemmour, à quelques mètres de la gare routière, chauffeurs de grands taxis, de carrioles et de triporteurs proposent de vous mener au célèbre marabout de la région. En ce dimanche 17 juillet 2011, cette destination connait un franc succès malgré le mauvais temps de cette après-midi d'été. Cheveux roux (henné oblige), teint brun et poches noires sous les yeux, une vieille dame d'une cinquantaine d'années, aux jambes enflées et bleues, finit par se frayer une place à l'intérieur du grand taxi, sous les rires étouffés de trois adolescents du quartier. Les bourrelets de ses kilos en trop se cachent péniblement derrière sa djellaba aux couleurs sombres. Tandis que le chauffeur s'apprête à quitter les lieux, la vieillarde se lance dans un monologue de prières avant de s'écrier «Weldi, weldi (fiston), tu tombes bien. Vends-moi tout le pain qu'il te reste. Que dieu te bénisse. Pour avoir la «baraka» de lalla Aicha, il n'y a pas mieux que le pain d'Allah (Dieu). Oh mon créateur ! Exauce mes vœux au nom de lalla Aicha. Amen». Le jeune vendeur de pain ne cache pas son bonheur. Il met les dizaines de petits pains qui lui restent dans un sachet et le tend à la dame, sous le regard amusé du chauffeur de taxi. «On dirait que vous avez fait un heureux aujourd'hui El Hajja. Que Dieu réalise vos vœux» lance ce dernier. El Hajja est aux anges…
La plage désensablée
A deux kilomètres du sanctuaire, le taxi en surpoids (8 personnes à bord, dont 4 à l'avant) s'engage dans une piste sinueuse qui met le chauffeur dans tous ses états, malgré sa grande connaissance de l'itinéraire. «Cette piste existe depuis des années mais ils ne veulent toujours pas l'arranger. Mon taxi est bousillé à chaque fois que j'y passe !», se plaint-il. D'ailleurs, il ne manque pas de se chamailler avec les conducteurs de voitures arrivant dans l'autre sens. «Que Lalla Aicha te maudisse jusqu'à la fin de tes jours !» lance une dizaine de fois le chauffeur à tous ceux qui gênent son passage. Pourtant, l'état de dégradation de cette même piste n'empêche pas d'y croiser les plus belles berlines. Audi, BMW ou encore Porsche, s'y engagent. Et il s'agit, souvent, de conductrices derrière le volant. Des petites minettes aux dames rondouillettes, en passant par les traditionnelles, toutes les visiteuses, de djellabas ou de jogging vêtues, se cachent derrière leurs lunettes XXL. Elles arrivent en groupe. Pour puiser la baraka de lalla Aicha, rien de mieux que d'être accompagnée de cousines ou d'amies. Elles viennent de différentes régions du Maroc, particulièrement de Rabat et de Casablanca, mais également de l'étranger (Italie, France, Danemark…) pour se prêter à ce genre de culte.
Au bout de 20 minutes d'injures du chauffeur et de rots de madame El Hajja, arrivée au marabout de lalla Aicha. Coût du trajet : 5 dirhams. Derrière une barrière, une horde de gardiens accueille les nouveaux arrivants. «Plage de lalla Aicha ou marabout ?» demande l'un deux. Comme s'il cherchait une quelconque raison pour engager une dispute, le chauffeur de taxi attaque le pauvre gardien «Dégage sale voleur ! Les visiteurs ne veulent pas de ton aide. Dégage !». Mais malgré tous les parasites sonores, un air de spiritualité et d'apaisement gagne tout nouvel arrivant. La baraka de Lalla Aicha existe-t-elle vraiment ? La fameuse Hajja à la djellaba ocre semble connaitre intimement l'endroit. Elle fait le tour de la plage désensablée piquée de parasols usés, traverse les petits chemins caillouteux entre les tentes estivales et fredonne les chansons populaires audibles depuis le marché du marabout, à quelques mètres de là.
Le marché de lalla Aicha
Lalla Saâdia El Mejdouba, Lalla Fatema El Mejdouba, El Mejdoub Chrif Abdou… Des tentes de voyants et de «chouwafate» accueillent les visiteurs du marabout. A leur porte se dressent de longues files d'attente. Cela peut durer des heures. Les visiteurs, en grande majorité des femmes, sont de toutes conditions sociales confondues. Leur but est de fouiller le passé, de lire l'avenir dans les cartes ou encore de briser le mauvais sort. De l'autre côté des tentes se dressent une dizaine de restaurateurs sous des baraques montées en bois et en zinc. La fumée des tajines et du «chouwa» (viande braisée) se mêle aux rythmes populaires pour convertir l'endroit en petit moussem. C'est la fête. Les marchands du petit marché sont on ne peut plus heureux. Parmi les saisons, l'été est leur période commerciale fétiche. Sur leurs grandes charrettes, ils exposent eaux de fleurs d'oranger et de rose, bougies (à l'unité ou à la douzaine), henné, encens, lait, sucre, lézards et coqs pour le sacrifice.
Mais tandis que la balade au marabout de lalla Aicha se passe dans la bonne humeur, le secrétaire d'un voyant connu sur la place, son frère plus précisément, nous attaque violemment. «Pourquoi prends-tu des photos ? Que veux-tu encore de nous ? Vous les journalistes vous n'êtes jamais rassasiés ! Le dernier reportage en caméra cachée à la TV ne t'a pas suffi ? Que Dieu te maudisse ! Si tu as une once de respect pour tes parents, efface la photo sur laquelle je parais. Si tu as des parents bien sûr !». Il attend que la photo soit supprimée sous ses yeux avant de souffler. Après s'être calmé, il poursuit : «Qu'est-ce que tu veux savoir sur lalla Aicha ? Tout est clair. Les mythes prédominent dans la croyance des Marocains. Ils dépensent tout leur argent chez les voyants et les fkihs alors qu'ils ne donnent jamais rien aux pauvres. Sale peuple ! On n'avancera jamais. On est la risée de tous les pays de l'étranger. Au lieu de briller par la science, on est plus connu pour notre magie noire !». Il s'engage dans la discussion et semble vouloir faire oublier notre agression. «Pardonne-moi au nom de lalla Aicha. Sa baraka existe vraiment. Remarque, tu as même les poils du bras qui se dressent. Tu vois ?» ironise ce drôle d'oiseau.
La «Jedba» de la descendante
Dans cette ambiance festive où le brouhaha de rires se fond avec les youyous de femmes en transe aux sons de la «Jedba», le sanctuaire de lalla Aicha se dresse à quelques pas du marché où les femmes se font tatouer les mains au henné. Portant des bougies, du henné et un coq pour le sacrifice, une femme bien en chair, la quarantaine à vue de nez, se dirige vers le sanctuaire, suivie par trois autres. «Sla ou slam ala rassoul Allah (prière sur le prophète de Dieu)», lancent-elles. Sans attendre, elles traverse la file de femmes qui se disputent pour entrer au sanctuaire, prend le coq, et l'égorge en faisant en sorte que le sang touche la tombe de lalla Aicha. Les youyous s'élèvent sous les «Que lalla Aicha t'exauce tes vœux». La dame répète en boucle «Amine». Elle ressort de la salle, se dirige vers la plage et jette le coq égorgé dans la mer de la sainte…
Au cœur du sanctuaire la petite salle exiguë, ne dépassant pas les 10 m2, où se trouve la tombe de lalla Aicha, est noire de monde. Les femmes s'y bousculent, tandis qu'une prétendue «descendante» de la sainte leur sert des verres de lait à l'entrée, et qu'une autre leur met du henné sur la paume des mains.
Bien que la scène soit intéressante, c'est à l'entrée du marabout que «l'ambiance» bat son comble. Au milieu des détritus, une deuxième «descendante», vêtue d'un pyjama usé aux couleurs sombres, effraie les visiteurs. La «majdouba» (possédée par un djin) comme la prénomment ceux qui prétendent la connaitre, est entièrement recouverte de henné, des cheveux aux pieds, que l'on aperçoit sous ses sandales en plastique rose. En pleine transe, elle impressionne les passants qui lui jettent de l'argent pour voir leurs vœux exaucés, ou juste éloigner son courroux. La «majdouba» prend d'ailleurs le temps d'arrêter sa «Jedba» pour soutirer violemment un billet de 20 dirhams de la main d'une visiteuse, avant de poursuivre tout «naturellement» son spectacle. De l'autre côté des murs du marabout, les filles viennent écrire leur nom et celui de leur bien aimé au henné pour que celui-ci tombe raide amoureux d'elles. Le mur, autrefois blanc, est désormais marron-vert, et affreusement sale.
«Bssha» la douche !
Si lalla Aicha a tant de succès auprès des femmes, c'est parce qu'elle est réputée trouver un mari aux jeunes filles qui veulent fonder un foyer. Face à deux hammams, à droite celui reservé aux femmes et à gauche celui les hommes, une dizaine de femmes attendent leur tour pour se couvrir de henné et se laver à l'eau bénite de la sainte, extraite de sept vagues différentes. Trois hommes se chargent de soulever les seaux d'eau du puits. Le seau d'eau chaude coûte 15 dirhams tandis que l'eau froide n'en coûte que 10. Illuminée de bougies disposées dans tous les coins, la salle de douche reste pourtant obscure. L'ambiance sombre et lugubre du bain rappelle la spiritualité étrange des lieux. Une vieille femme, énième «descendante» de lalla Aicha, assiste toutes celles qui se baignent et leurs impose de laisser un vêtement leur appartenant dans le bain. Les femmes offrent souvent culottes, soutiens-gorges, sous-vêtements, ou chaussettes… «C'est pour chasser le mauvais œil et la poisse» explique la femme de la «salle de bain», sur un ton las de toutes ces dames désespérées. A noter au passage les restes de ghassoul, de henné et de savon noir qui jonchent le sol. Espérons que la bénédiction de Lalla Aicha immunise aussi contre les microbes !
Lalla Saâdia, la mangeuse de viande crue
«Ton visage m'est familier. Tu veux faire un «ldoune» (faire fondre de l'étain)? Bienvenue ma chérie. Je sens qu'il y a du mauvais sort dans l'air» lance lalla Saâdia El Mejouba, l'une des voyantes du marabout, à Siham, 24 ans, venue accompagner une cousine qui croit dur comme fer aux histoires de voyantes. Sur sa table de «travail» se trouvent des cartes, du plomb, des paquets de cigarettes, des couteaux et un amoncellement de morceaux de fer. Dans la pénombre de la chambre, ses crachats incessants la rendent de plus en plus impressionnante. «Excuse-moi, je viens de mettre un plombage à ma dent. Ça me dérange !» se plaint-elle. A peine commence-elle à couper le morceau d'étain qu'une jeune fille vêtue d'une djellaba noire fait irruption dans la pièce. Après des embrassades qui semblent ne jamais finir, les deux femmes de Doukkala engagent la conversation. «Je voulais savoir où tu en es avec Malika la voyante qui voulait te jeter le sortilège !» demande la jeune femme. Les explications de Lalla Saâdia tombent comme des grains de chapelet, secs et sûrs. «C'est une fille de catin ! Elle ne perd rien pour attendre. Imagine «hbiba» (ma chérie), j'ai découvert qu'elle a enterré la carte du cimetière à l'entrée de ma porte. Et moi qui me demandait pourquoi je n'avais plus de succès avec les clientes !» répond-elle. Lorsque la jeune fille en noir s'en va, Lalla Saâdia poursuit son rituel. «Donnez-moi «Leftouh» (l'argent) !» ordonne Lalla Saâdia. Lorsque Siham lui pose 10 dirhams sur la table, la voyante s'écrie : «10 dirhams ? Ah ces jeunes d'aujourd'hui, vous êtes incroyables ! Vous voulez tout obtenir gratuitement. Ecoutez mademoiselle, je suis «Majdouba», je mange de la viande crue, je bois de l'eau bouillante, je n'assiste pas aux mariages, j'ai mes propres djins… Je ne fais pas de «Ldoune» à moins de 50 dirhams». La jeune fille se plie à la demande de la voyante qui entame joyeusement son «travail». Elle met l'étain au fond d'une marmite, ajoute en cachette des bougies et de l'eau et met le tout sur le feu. Elle demande à Siham d'entrouvrir ses jambes au dessus du seau d'eau avant de jeter l'étain bouillonnant. Une grande explosion se fait entendre. Lalla Saâdia change de voix et ordonne à Siham de répondre rapidement à toutes les questions qu'elle lui pose. «Aie, aie, aie ma fille. Tu es mal barrée. Ton sortilège est difficile. On a enterré ta photo dans un cimetière pour que tu ne te marie jamais. On a attaché un fil rouge à un arbre près de chez toi pour que tu sois oubliée à tout jamais. Une femme au grain de beauté sur la joue droite te veut du mal. Qui est Fatema ? Et Mina ? Et Khadija ? Tu as souvent mal au cœur et à la tête ! Ton homme t'aime et veut demander ta main bientôt mais le sort qu'on t'a jeté t'empêche de t'en rendre compte. Tu as de la chance que Lalla Aicha et Lalla Mira soient présentes pour toi.» Après ce monologue surnaturel, la voyante propose la solution pour briser le sortilège de la jeune fille : le fer de l'héritage à 200 dirhams. Siham refuse de payer la somme. «Combien peux-tu me donner ?» lance la voyante. Elles se mettent finalement d'accord sur 20 dirhams. Lalla Saâdia, après s'être assurée que Siham avait une serviette de bain sur elle, suit le même procédé que lors du premier désenvoutement mais dépose cette fois-ci plusieurs morceaux de fer, de forme triangulaire, dans une marmite bouillonnante. Elle les remet ensuite dans l'eau froide, par dessous les jambes écartées de la jeune fille. Elle lui lave ensuite les cheveux avec cette eau «miraculeuse» avant de les sécher, puis demande à Siham de jeter la serviette derrière son dos, sans regarder. Aussitôt dit aussitôt fait. La voyante promet à Siham tout le bonheur du monde. «N'oublie pas mon «Ftouh» lorsque tu épouseras ton chéri»… A sa sortie, Siham esquisse un sourire en guise d'au revoir. «Je suis célibataire, je ne connais ni Mina ni Khadija ni Fatema. Mais je devrais la remercier pour l'eau avec laquelle elle m'a lavé les cheveux. C'était rafraichissant !» se moque Siham, qui semble toutefois émue par ce mini-rituel. Mais si Siham n'est pas convaincue par les dons des voyantes et les pouvoirs des marabouts, la plupart des Marocains de différentes catégories et niveaux sociaux et intellectuels semblent soulagés par les prévisions des voyantes et la bénédiction des «fkih» qui les leur font bien cher payer. Le succès de lalla Aicha en est l'exemple. A la fin du périple, Siham reprend un taxi blanc pour rejoindre ses parents à Salé. Elle a été délestée de 300 dirhams en moins, déjeuner non compris, mais au moins sa maman sera désormais «assurée» que sa fille sera bientôt à marier.
Evasion Voir Mazagan et revenir
Les plages, d'or et d'océan
150 km de sable doré, une mer fraîche, tantôt paisible tantôt tumultueuse, des petits îlots se formant et disparaissant au gré des marées, des couchers de soleil à couper le souffle et un vent parfait pour les sports de glisse. Les plages d'El Jadida sont réputées parmi les plus belles de la côte atlantique marocaine. La plage de Deauville (du nom donnée à El Jadida par le Général Lyautey en référence à la station balnéaire normande), située en plein cœ ur de la ville, est la plus animée en été. Si vous préférez les rivages plus tranquilles, à quelques encablures de la ville, vous pouvez vous dorer la pilule ou construire des châteaux de sable avec vos petiots aux plages d'Al Haouzia (2 km au nord), à la station balnéaire de Sidi Bouzid (3km au sud) et de Sidi Abed (à mi-chemin entre El Jadida et Oualidia).
Oualidia, lagune, huîtres et clair de lune
Niché entre El Jadida et Safi, ce charmant petit village de pêcheurs offre une réelle évasion à une heure et demie à peine de Casablanca. Célèbre pour ses lagunes et la douceur de son micro-climat, Oualidia l'est tout autant pour son ostréiculture et ses sports de surf. Vous pouvez y louer un coquet bungalow au bord de l'eau pour la journée ou plus à partir d'Internet, à condition de vous y prendre bien à l'avance. Dans la journée, vous avez l'embarras du choix entre farniente, ballade en barque, tour en jet-ski, body-board ou pêche à la ligne. Le soir tombé, rendez-vous à la terrasse de l'un des restaurants situés en bord de mer, on y sert des huîtres délicieuses et des salades rafraîchissantes. Pour les âmes romantiques, la petite et la grande lagunes se prêtent parfaitement aux promenades au clair de lune.
Il était une fois Mazagan la portugaise
Proclamée patrimoine mondial de l'humanité le 30 juin 2004, la cité portugaise fait la fierté des Jdidis. Construite à l'orée du 16e siècle par les Portugais, la forteresse de Mazagan était un port commercial majeur duquel étaient chargés les produits agricoles de la fertile Doukkala. Aujourd'hui, sous le fort, la citerne (destinée à l'époque à emmagasiner l'eau potable) témoigne de cette présence historique des Portugais, chassés en 1769 après plus de 200 ans d'occupation par le Sultan Sidi Mohamed Ben Abdellah. C'est ce dernier qui reconstruira de ses soins la forteresse en 1832 et la rebaptisera El Jadida, «la nouvelle».
Fantasia, r'fissa et artisanat
Pour les amoureux du folklore local, de l'artisanat et autres produits du terroir, la région d'El Jadida est connue pour ses fantasias grandioses, sa poterie bariolée et sa cuisine traditionnelle riche et savoureuse (dont la fameuse r'fissa). L'une des fantasias les plus courues est sans conteste la fantasia de Sidi Abed, organisée dans la ville du même nom à l'occasion notamment du moussem estival (L'agenda des évènements culturels de l'été est disponible auprès du Centre régional du tourisme de la ville). Côté artisanat, vous trouverez votre bonheur dans les boutiques attenantes à la cité portugaise, qui proposent tout un éventail de produits de décoration, allant des lampes de chevet en fer forgé aux théières customisées en passant par les poufs en cuir.


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