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Le Maroc sucre peu cher
Publié dans L'observateur du Maroc le 24 - 01 - 2011

Le sucre est de plus en plus cher sur le marché mondial et en l'espace d'une année, son prix a évolué de plus de 180%. La tonne de sucre est négociée à 770 dollars sur les marchés internationaux des matières premières. La raison peut être trouvée dans la pénurie internationale et la demande qui augmente toujours. Les perturbations climatiques sont encore une fois pointées du doigt. Les grands pays producteurs comme le Brésil, l'Australie et la Russie ont pâti d'une sécheresse sans précédent, tandis que l'Inde et le Pakistan ont subi des inondations compromettant leurs récoltes. De ce fait, le déséquilibre entre l'offre et la demande risque de perdurer jusqu'à fin 2011. Les stocks par région, qui se situent normalement autour de 40% de la consommation mondiale, sont tombés à moins de 30%. Ce qui a provoqué une forte tension sur le marché avec des cours atteignant des pics historiques. Le cours du sucre a brisé la barrière des 740 dollars la tonne, soit une hausse de 20% par rapport à la même période de 2009.
Tout cela peut paraitre insignifiant pour les contribuables marocains lorsqu'ils se rendent au supermarché ou chez l'épicier du coin, car ils y paient leur sucre au même prix que l'année précédente. D'après Nizar Baraka, le ministre des Affaires générales et économiques, les prix du sucre et du reste des produits subventionnés par l'Etat (carburant, gaz de butane et farine de blé dure) n'ont subi aucune hausse en dépit de la flambée des prix sur les marchés internationaux. Le maintien à leur niveau des prix desdits produits s'inscrit dans le cadre de la politique menée par le gouvernement pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens, précise le ministre. Quant à Mohamed Fikrat, PDG de Cosumar, il estime que le dispositif de stabilisation et de régulation des prix au départ des usines est suffisamment efficace. M. Fikrat a également indiqué que la Caisse de compensation sera toujours là pour soutenir un prix stable. Selon lui, le prix du sucre au Maroc reste moins cher comparé à l'Espagne, où son prix est deux fois et demi plus élevé, ou encore à l'Algérie où il est autour de 9 à 10 DH le kilo. Pour ne pas rester à la merci d'une production mondiale très instable (l'Inde est passée de 28 à 14 millions de tonnes en moins de trois ans), le groupe Cosumar ambitionne d'assurer 55% de la demande locale à l'horizon 2013. Aujourd'hui, ce taux varie entre 35 et 45%. Il aura tendance à s'améliorer grâce à des investissements conséquents totalisant 3,6 milliards de dirhams. Le PDG de Cosumar a expliqué que 2 milliards de DH sont déjà réalisés et mis en route à travers la restructuration de la filière sucrière. Les 1,6 milliard de DH restants sont en cours de réalisation. Par ailleurs, le système d'agrégation agricole vise 80.000 petits agriculteurs.
«Le taux de couverture que nous visons est de 55% à l'horizon 2013.»
Mohamed FIKRAT, Président directeur général de Cosumar.
Entretien réalisé par F-z jdily
L'Observateur du Maroc. Le prix du sucre au Maroc va-t-il augmenter en 2011 ?
Mohamed Fikrat. C'est une fausse information, pour la simple raison que nous avons la chance, dans notre pays, d'avoir un mécanisme qui réglemente et stabilise le prix du sucre, qui est géré et piloté par les pouvoirs publics et auquel Cosumar, en tant qu'opérateur unique, adhère amplement. Ce mécanisme fait que le sucre brut est importé et taxé par les droits de douane pour le ramener à un niveau comparable au prix de revient du sucre brut produit à partir des plantes.
Pourriez-vous nous donner une idée de l'évolution du prix du sucre à l'international ?
Le marché international du sucre est dominé par un acteur majeur : le Brésil. Il représente plus des deux tiers des échanges au niveau mondial et a une position dominante. Aussi, le marché est influencé par le rythme de sa propre campagne. Celle-ci se passe en général de fin avril - début mai, jusqu'en octobre - novembre de chaque année. Alors aujourd'hui, nous sommes en période d'inter campagne. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de production au niveau du Brésil. Nous fonctionnons beaucoup plus sur les stocks de la précédente campagne.
Ce stock est-il suffisant ?
La courbe d'offre et de demande a montré qu'il y a eu moins de production que de consommation et ce, durant deux années successives, parce que la majorité des pays producteurs, dont le Brésil, l'Inde, l'Australie … ont été impactés par les mauvaises conditions climatiques et que leurs productions n'étaient pas aussi élevées que d'habitude. De ce fait, les pays ont puisé dans leur propre stock et aujourd'hui, nous sommes dans des niveaux de stocks mondiaux qui sont inférieurs à 30% alors que normalement on devrait avoir des stocks supérieurs à 40%. C'est pour cela qu'il y a eu une flambée des prix sur les bourses de New York et de Londres. Nous vivons toujours des hausses des prix très soutenues et qui vont durer au minimum jusqu'à la fin du 2e semestre 2011.
Comment ont évolué les importations?
Nos importations sont conditionnées d'abord par la production nationale, qui oscille entre 35 à 45% selon les années agricoles, et les conditions climatiques qui prévalent dans notre pays. Chaque année, le marché évolue avec un taux qui ce situe entre 1,5 et 2 %, ce qui signifie en terme absolu quelques 20.000 à 25.000 tonnes de sucre supplémentaires.
Avez-vous pensé à élargir la surface dédiée à la betterave et à la canne?
Au Maroc, il y a eu un suivi très étroit, aussi bien de nos capacités de production que de nos stocks et aussi de l'importation que nous réalisons. Nous avons pris toutes les dispositions depuis plusieurs mois pour que le niveau de stock de notre pays soit à des niveaux tout à fait normaux et acceptables. Donc il n'y a aucune inquiétude à avoir au niveau des stocks du royaume. Il faut être très clair là dessus. Le taux de couverture de nos besoins nationaux se situe entre 35 et 45% et J'ai parlé de 35% parce que nous avons eu des inondations qui ont été constatées dans le périmètre du Gharb et du Loukouss où il y a eu des pertes de plusieurs milliers d'hectares, mais que nous avons anticipées suffisamment à l'avance puisqu'il n'y a eu aucun impact sur le marché. Maintenant, dans le cadre du plan d'entreprise que nous avons mis en place depuis 2005 (Indimaj 2012), nous avons placé parmi les axes d'efforts prioritaires l'amélioration des taux de couverture, et le taux de couverture que nous visons est de 55% à l'horizon 2013. Il passe par deux axes importants : il s'agit de l'amélioration de la productivité à l'hectare, nous avons des niveaux de 5 à 8 tonnes de sucre par hectare et notre ambition est d'atteindre 9 à 10 tonnes de sucre par hectare sur l'ensemble des périmètres où nous opérons et, bien entendu, nous sommes tout le temps à la recherche de nouvelles superficies pour augmenter le volume de betterave et de canne produites localement.


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