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Les raisons de l'essor économique des provinces du Sud
Publié dans L'observateur du Maroc le 05 - 11 - 2010

Les responsables locaux ont failli à leur devoir. Ils ont laissé grossir cette histoire sans trouver les moyens de rassurer les gens, ni même d'imposer le respect de l'autorité de l'Etat.
Selon des sources concordantes, cet épisode revendicatif reflèterait une lutte dans les coulisses entre les élus et l'autorité. Si tel est le cas, cela signifie que les deux camps manquent à la fois de maturité et d'esprit de responsabilité.
Maintenant que le soufflet est retombé, il faut que des sanctions soient prises et que les écuries d'Augias soient nettoyées. Tout le monde sait que ce qui touche au Sahara est nécessairement sensible. Il est inconcevable que des responsables créent eux-mêmes des situations inextricables.
Le dossier entre dans une phase cruciale. La proposition d'autonomie sous souveraineté marocaine rallie les suffrages, ce qui attise la haine de nos ennemis et amplifie leurs manœuvres. Dans ce contexte, les responsables doivent redoubler d'efforts pour éviter d'apporter de l'eau au moulin des séparatistes.
Il est normal que des revendications sociales s'expriment, c'est même un signe de bonne santé démocratique. Il faut cependant veiller à ce que les revendications ne relèvent pas d'une demande de rente injustifiée et qu'elles ne prennent pas la forme d'un défi à l'Etat. Or c'est justement le cas du campement de Laâyoune.
Le ministre de l'Intérieur a fait des promesses qu'il faudra bien évidement honorer. La gouvernance locale doit être revue de fond en comble. Il est clair que des personnes doivent être changées, mais ce n'est qu'un aspect des choses. Il faut déterminer une nouvelle feuille de route pour les responsables locaux. Le message doit être très clair, ce qui vaut au nord vaut aussi au sud du Maroc. En d'autres termes, il n'est plus question de situations de rente. Par contre, il faut développer la capacité d'écoute des responsables et régler d'urgence la question du foncier à Laâyoune, véritable handicap au développement de cette ville. Un véritable effort a été fourni par les pouvoirs publics pour accompagner le développement urbain de la ville. Aujourd'hui, Laâyoune a besoin d'un nouveau plan et d'une nouvelle stratégie. Cela n'est possible que si autorités et élus tirent dans le même sens. Et c'est au gouvernement d'y veiller..
Une croissance économique «enviable»
BOUCHRA ALAOUI ISMAILI
Entre 1984 et 2004, les provinces du sud ont connu une croissance de la consommation par habitant deux fois plus élevée que la moyenne nationale. Le ratio de bien-être économique a plus que doublé, tandis que le taux de pauvreté a été réduit en passant de 30% à moins de 10%. Comment le Maroc est-il parvenu à réaliser de tels résultats en l'espace de 20 ans seulement ?
«Grande volonté et de gros investissements», telle est la réponse qu'on peut déduire du Rapport sur le Développement humain dans les provinces du sud du Royaume, élaboré par l'économiste et ancien représentant du programme de l'ONU pour le développement, Emmanuel Dierckx de Casterlé.
Dans ces investissements, réalisés principalement par les pouvoirs publics, l'économie et le social ont eu la part du lion. Pêche maritime, artisanat, tourisme… de nombreux secteurs prometteurs en matière de croissance économique bénéficient aujourd'hui de cette grande dynamique insufflée. D'autres, comme le palmier dattier, le chameau et le cactus suivront.
L'activité de pêche maritime dans les régions du sud est considérée aujourd'hui comme un relai de croissance décisif. En 2006, les débarquements de produits de la pêche côtière à partir des régions du sud représentaient 67% en quantité et 40% en valeur du total des débarquements provenant de la côte atlantique du Royaume. Et ce n'est pas un hasard, puisque chacune des villes de Dakhla, Laâyoune, Tan Tan et Tarfaya dispose de son port de pêche, et celui de Boujdour accueillera bientôt les premiers navires. La pêche artisanale n'est pas en reste. Plus de 10 villages de pêcheurs avec points de débarquement aménagés ont été mis sur pied. D'autres points et marchés de poisson seront réalisés prochainement dans le cadre du Millenium Challenge Corporation.
Quant au secteur de l'artisanat, il a été également boosté grâce à de nombreux projets. Profitant d'un savoir-faire séculaire et d'une grande richesse des traditions, l'artisanat est une activité prometteuse, mais encore tributaire de la dynamique du tourisme dans la région.
Afin de promouvoir ce filon dont le rôle est indéniable dans la réduction des taux de chômage et la préservation de l'identité culturelle des régions, de nombreux ensembles artisanaux ont été mis en place profitant à plus de 300 artisans. Une douzaine de centres de formation pour l'apprentissage dans les différentes filières ont également été construits au profit de 2900 lauréats. Chacune des trois capitales régionales dispose d'une chambre d'artisanat et, dans l'ensemble des provinces du Sud, ce sont près de 80 associations professionnelles qui encadrent le secteur.
Pour le secteur du tourisme, il a les capacités nécessaires pour devenir un secteur clé de l'économie dans ces régions. Dunes, plages vierges et soleil toute l'année : les atouts ne manquent pas.
Les provinces du sud disposent de potentiels réels pour une offre touristique compétitive et de qualité en direction à la fois du marché intérieur et de la clientèle internationale. L'investissement dans le tourisme s'est traduit par la construction de plusieurs établissements touristiques, dont, par exemple, 10 unités classées dans la région de Guelmim-Es Semara et 12 dans Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra.
Les provinces du sud figurent également au Plan Azur, par le biais du programme Plages Blanches dont l'investissement projeté s'élève à 3 milliards de DH pour une capacité de 24.000 lits.
De même, le "rapprochement" des provinces pour les visiteurs nationaux et étrangers n'a pas été omis dans la stratégie adoptée par le royaume. Des investissements importants sur les infrastructures aéroportuaires, qui ont bénéficié d'opérations d'extension et de modernisation, ainsi que sur l'offre commerciale de liaisons aériennes entre plusieurs villes des provinces du sud et le reste du pays, notamment Casablanca et Rabat.
De manière générale, «le poids économique des régions du sud dépasse largement leur poids démographique», selon un rapport du HCP. Les trois régions ont produit en 2004, environ 4% de la production nationale, soit une valeur globale de près de 30 milliards de DH.
La valeur ajoutée de l'économie de ces régions s'élève à plus de 19 milliards de DH, soit près de 4,3% de la valeur nationale. La région de Guelmim-Es Semara en crée près de 44% contre 35% pour Laâyoune-Boujdour-Sakia-El Hamra. Cette croissance fulgurante se traduit par un PIB par habitant en 2004 supérieur à la moyenne nationale, principalement dans la province Oued Eddahab-Lagouira. Le Maroc doit se féliciter pour ces résultats certes, mais doit également penser à pérenniser cette dynamique et à la généraliser sur toutes les autres régions du royaume. De même, «il faut passer d'une croissance ‘'artificielle'' basée sur l'injection des fonds à un projet territorial solide basé sur la promotion de l'investissement et l'optimisation du potentiel dont sont dotées ces régions», selon Emmanuel De Casterlé, auteur du rapport.
En effet, la masse salariale dans les régions du sud demeure dépendante des salaires distribués par l'administration publique. En effet, plus de 8 milliards de dirhams sont octroyés chaque année à ces régions sous forme de salaires et rémunérations alors que la population de ces régions ne représente que 2.7% de la population du pays.
Le développement humain dans les provinces du Sud
Salaheddine lemaizi
Démographie. Croissance et mobilité
En 2004, la population des provinces du sud était de 817.929 personnes, et totalisait 2,7% de la population totale du Maroc. Entre 1994 et 2004, le taux d'accroissement moyen a été de 3,2%, ce qui équivaut au double de l'ensemble du territoire. Le rapport note que la croissance démographique s'inscrit dans la logique de la transition démographique observée à l'échelle nationale, et dans celle d'un espace d'accueil de populations désireuses de profiter des opportunités d'emploi et d'activité ainsi que des équipements, infrastructures et services sociaux rendus disponibles par l'Etat dans les provinces du sud. Ainsi, entre 1999 et 2004, la région d'Oued Eddahab-Lagouira a accueilli l'équivalent de 20,5% de sa population. Cette proportion a été de 14,9% pour Laâyoune-Boujdour-Sakia-El Hamra.
Eau, électricité et téléphone. Tous branchés
Les provinces du sud affichent un taux d'accès des ménages au réseau d'eau potable supérieur à la moyenne nationale (57,7%). Pour l'électricité, le taux de couverture est supérieur à la moyenne (71,6%). Seule la province de Tata enregistre un taux d'électrification (70,1%) inférieur à la moyenne nationale. Concernant l'accès au téléphone mobile, les trois régions disposent d'une couverture supérieure à la moyenne nationale : alors que la moyenne nationale de personnes disposant d'un téléphone mobile était de 60,6% en 2004, ce taux était de 72,8% dans la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra ; 66,2% dans la région de Oued Ed dahab-Lagouira et 62% dans la région de Guelmim-Es Semara.
Santé. Mieux que le reste du Maroc
Le taux de mortalité des enfants de moins d'un an a été évalué à l'issue de cette enquête à 37 ‰ à l'échelle nationale contre 22,9 ‰ à Oued Ed Dahab-Lagouira, 33,8 ‰ à Laâyoune-Boujdour-Sakia-El Hamra et 32,9 ‰ à Guelmim-Es Semara. Même constat pour le taux de mortalité infanto-juvénile (moins de 5 ans), mais avec des écarts plus importants par rapport à la moyenne nationale. Ce taux a été estimé à 27,7 ‰ à Oued Ed Dahab-Lagouira, à 32,4 ‰ à Laâyoune-Boujdour et à 33,9 ‰ à Guelmim-Es Semara, contre 45,8 ‰ à l'échelle nationale.
Education. Sur la bonne voie
Partie de loin, la région du Sahara a réussi de belles choses en matière d'éducation. D'un taux d'analphabétisme de 78% au moment de la décolonisation espagnole, ce chiffre a été abaissé à 46%. Le taux brut de scolarisation s'établit au niveau de 77,5% dans les provinces du sud, soit à un niveau supérieur aux autres régions du Royaume, à l'exception de la région du Grand Casablanca (84,0%) et de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (78,9%).
Pauvreté. Lutte réussie.
C'est le grand bond en avant en matière de lutte contre la pauvreté. En 1984, 29,4% de la population de la région vivaient sous le seuil de la pauvreté. En 2004, ce taux est passé à 9,8%, soit le taux le plus bas du royaume. Ainsi, la pauvreté a reculé de plus de 66% sur 20 ans dans les provinces du sud, soit deux fois plus rapidement qu'à l'échelle nationale (32,4%).
«Le rythme d'accroissement de l'IDH dans les provinces du Sud est le double du reste du Maroc.»
Emmanuel Dierckx de Casterle, ancien Coordonateur du système des Nations Unies au Maroc et auteur du rapport sur le Développement Humain dans les Provinces du Sud.
Entretien réalisé par S.L.
L'Observateur du Maroc. Dans quel contexte ce rapport à été préparé ?
Emmanuel Dierckx de Casterle. Après la fin de ma mission en tant que Coordonateur du système des Nations Unies au Maroc, j'ai collaboré avec l'Agence du Sud qui m'a commandé ce rapport. Cette recherche a été réalisée en toute indépendance académique et scientifique. De par mes anciennes fonctions, je donnais une garantie d'objectivité à cette publication.
Les sources que vous avez utilisées sont-elles fiables ?
Actuellement, il y a un grand désaccord entre le HCP et le PNUD sur les index internationaux. Moi, je ne voulais pas rentrer dans cette polémique et j'ai choisi d'utiliser exclusivement les chiffres du HCP (recensement de 2004 et la carte de la pauvreté). Ces données sont les plus récentes produites par le Maroc ou même par les organismes internationaux. Dans tous les cas, le PNUD n'a pas ses propres chiffres pour cette région.
Quel a été le bilan de la colonisation espagnole du Sahara sur le plan du développement humain ?
Il y avait très peu de choses du point de vue infrastructures scolaires ou sanitaires. Peu de gens savaient lire ou écrire et l'Indice du développement humain de l'époque était inférieur au reste du Maroc.
Comment les régions du sud ont-elles pu atteindre un développement humain supérieur à celui des autres régions ?
D'une part, il y a une politique volontariste du gouvernement avec un investissement massif pour les infrastructures de base (eau, électricité, ports, routes). Au milieu des années 90, ces politiques ont fait que les courbes de l'IDH, de la croissance économique et les ratios de bien être ont commencé à dépasser celles du reste du pays. D'autre part, il y a eu un niveau de régionalisation et de décentralisation qui s'est concrétisé par la création en 2002 de l'Agence de Sud qui couvre trois wilayas et neuf provinces. Aujourd'hui, le rythme d'accroissement de l'IDH est le double de celui du reste du territoire et même plus élevé que dans les deux régions moteurs du pays que sont Casablanca et Rabat.
Dans votre rapport vous soulevez un paradoxe. Alors que les provinces du Sud connaissent la plus faible densité, elles subissent une pression démographique. Comment expliquez-vous cette situation ?
Le développement que connaissent ces provinces crée un effet d'appel sur le reste du pays. Les populations des autres régions estiment que le sud est une opportunité d'emploi et de conditions de vie meilleures. D'où la pression. Le recensement de 2004 prouve que la mobilité dans les provinces de Laâyoune et Dakhla est supérieure à celle du pays. La réussite attire les citoyens des autres régions. Maintenant, cette pression oblige l'Etat à poursuivre ses efforts pour garantir l'accès aux infrastructures de base.
Quels sont les autres défis auxquels feront face les provinces du Sud dans les années à venir ?
Le principal défi est lié aux disparités entre les différentes provinces du sud. Prenons l'exemple de Tata. Cette province affiche le taux d'urbanisation le plus bas (20% alors que la moyenne nationale est de 56%). La même chose pour Guelmim. Alors que si vous allez plus au sud, c'est-à-dire à Laâyoune, l'urbain domine, il est neuf et bien équipé, et l'IDH est plus élevé. Ce déséquilibre croissant entre le rural et l'urbain est à combler.
Culture méridionale Les trésors du Maroc saharien
MOUNA IZDDINE
Un Sud méconnu, une richesse reconnue
Près de 417.000 km2 de terres, des dunes de sable fin, un océan nourricier, une voûte céleste aux étoiles éternelles abritant quelque 818.000 âmes entre oasis verdoyantes et villes paisibles. Les provinces du Sud du Royaume (Guelmim-Es-Semara, Laâyoune-Boujdour-Sakia-El Hamra et Oued Eddahab-Lagouira) possèdent une fortune inégalable : une terre d'autant plus précieuse qu'elle est convoitée, des hommes d'autant plus estimés qu'ils sont rares, détenteurs d'une civilisation et d'une culture millénaires. Le sud marocain regorge de trésors culturels méconnus. Mais les médias aidant, ils sont de plus en plus nombreux, touristes et chercheurs, étrangers et marocains, à partir à la découverte de cette région, à nulle autre pareille. «Le patrimoine naturel et culturel des Provinces du sud du Royaume est riche et varié. Le contraste paysager, les modes de vie (nomade, semi-nomade, sédentaire, oasien) et la richesse d'une histoire particulière ont façonné ce legs ancestral. Depuis les contreforts de l'Anti-Atlas jusqu'à Tiris au sud, la diversité de ces composantes est impressionnante : réserves naturelles, gravures et peintures rupestres, savoir-faire artisanaux, oasis, architecture traditionnelle et vestiges coloniaux, Ksours, chants et danses, ou encore, héritage judéo-marocain », nous explique Ahmed Joumani, ethnologue et écrivain.
La culture sahraouie, entre lyrisme
et réalisme
«Le Maroc saharien est une composante fondamentale de notre identité nationale. Il respire la présence humaine préhistorique et abrite les témoins tangibles d'une florissante époque médiévale (almoravides, almohades,…). La symbiose de vie a engendré une complémentarité singulière qui se transmet dans les savoir-faire et savoir-être, comme dans les influences multiples que recèle le patrimoine matériel et immatériel du Maroc saharien», poursuit A. Joumani. Mais on ne peut parler de culture saharienne sans évoquer l'incontournable culture hassanie, ses traditions et ses rites séculaires. Porteurs de messages de communion avec la nature, de valeurs de solidarité et de partage entre les hommes dans ce désert hostile, mais si généreux une fois apprivoisé : «Certaines de ces coutumes concernent le cycle de vie, comme le baptême (Akika), la circoncision, les fiançailles, le henné, le mariage, la mort et l'enterrement. D'autres ont trait aux moussems et aux mois sacrés, tels que Chaâbane et Ramadan. D'autres enfin sont en rapport avec l'art culinaire, la tenue vestimentaire (Mlehfa, Dera'ia), le règlement des conflits tribaux (Aït Lerbe'in), et enfin les règles d'hospitalité», s'informe-t-on auprès de l'Agence du Sud. Coutumes, mais aussi littérature hassanie, dans toutes ses composantes : poésie, contes et proverbes, fontaines inépuisables de méditation et de sagesse intergénérationnelles. Autant de moyens d'expression usités dans les cérémonies tribales et les rencontres familiales, et qui, accompagnés de chants et de danses (à l'instar de la célèbre Guedra), égayent la vie dans le désert. C'est dire toute la magie de la culture saharienne, subtile métissage entre passé et présent, lyrisme et réalisme, arabité et amazighité, islam et réminiscences païennes. Avec en filigrane, invariablement, cette paradoxale et omniprésente nature environnante, immuable et changeante, stérile et fertile… Insaisissable.
Patrimoine hassani, à fleur de sable…
Ce patrimoine unique qu'est la culture saharienne en général et hassanie en particulier, le Maroc prend de plus en plus conscience de la nécessité de le préserver face aux mutations socioculturelles inéluctables du Maroc moderne : «Nous voulons faire connaître au public, notamment aux jeunes générations, toutes les facettes du riche patrimoine sahraoui, en tant que partie intégrante de la civilisation marocaine. Il faut renforcer la recherche dans l'héritage culturel hassani, pour assurer sa sauvegarde, sa mise en valeur et sa diffusion», s'exprimait ainsi en substance le directeur régional du ministère de la Culture, Khaya Mohamed Laghdaf, lors du 1er Salon régional du livre, tenu à Dakhla du 15 au 22 octobre 2010. Une rencontre durant laquelle près de 30.000 titres, en français, arabe et amazigh, ont été proposés aux visiteurs. Des ouvrages traitant de l'histoire des tribus et des zaouïas sahraouies, des liens historiques entre le nord et le sud du Royaume, ou encore des combats menés par les populations locales pour le parachèvement de l'intégrité du Maroc. Le patrimoine saharien est à préserver aussi, car tout dans son contenu est un rappel perpétuel de l'unité territoriale et spirituelle du royaume : «En insistant constamment sur son appartenance inconditionnelle au Maroc, la culture hassanie joue un rôle important face au discours séparatiste», analysait à ce propos Khadija Mekouar Belftouh , présidente du Forum national pour la famille et le développement social, lors de la 3e rencontre des cultures populaires à Guelmim en août dernier.
Provinces du Sud, des évènements et des hommes
On ne compte plus les évènements similaires qui jalonnent l'agenda artistique et culturel des trois provinces méridionales. Parmi les manifestations phares : le festival Mer et Désert de Dakhla (février), le festival de la culture du Sahara de Laâyoune (avril), le festival de Boujdour (décembre), le festival de la Semaine du Dromadaire de Guelmim (juillet) ou encore le festival de Tiris (mai). «Cette animation a pour objectif de vivifier l'identité culturelle des Provinces du Sud du Royaume à travers la valorisation de toutes les composantes de son patrimoine. Notons que le Moussem de Tan Tan est reconnu par l'UNESCO comme chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité. Cette consécration reconnait à notre pays son engagement pour la préservation de ce legs exceptionnel. D'autres rencontres allient, avec bonheur, le travail de sensibilisation à la réhabilitation du patrimoine bâti (…) Tout cela dans un esprit d'ouverture et de modernité», conclut à juste titre A. Joumani. Autant d'hymnes au Maroc uni et pluriel, fier de ses traditions et avide de modernité.


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