Le Conseil d'Administration du Think Tank Atlantic Council of United States a une tradition importante. Annuellement, il réserve une journée à des interventions de décideurs, issus de l'Administration, du Congrès, des agences étatiques, ou des faiseurs d'opinions. Cela permet à ces membres du Conseil d'Administration d'avoir les éléments permettant d'appréhender l'actualité de manière prospective. Cette année, la particularité, ce sont bien évidement les élections présidentielles aux USA. Plusieurs intervenants ont mis en lumière la nécessité pour Hillary Clinton de répondre dans le détail au discours de Donald Trump. Son populisme étant largement partagé par une partie de l'Amérique profonde, l'erreur serait de se mettre au dessus, de refuser de débattre des sujets qu'il amène. Si «la star de la télé-réalité», Trump, rencontre autant d'écho, c'est aussi parce qu'il exprime les inquiétudes d'une partie de l'électorat en lui proposant des réponses simplistes. Le «Chief of Staff» du Président américain, Denis R.McDonough, explique que l'Administration actuelle prépare les dossiers pour la prochaine. La continuité de l'Etat passe aussi par ce travail minutieux des institutions, qui, en toute simplicité, transmettent l'ensemble des informations, des analyses dont ils disposent à leurs successeurs, qui sont donc opérationnels à pied levé. Cette tradition est un point fort du fonctionnement démocratique américain où la compétition politique n'entrave pas la marche de l'Etat. Le débat le plus intéressant, alimenté par l'intervention d'anciens dirigeants tels que Madeleine Albright, ou de grands éditorialistes a concerné le rôle des USA dans le monde. Il en ressort que l'intelligentsia américaine reconfigure ce rôle en fonction de l'émergence d'autres puissances, telles que la Russie ou la Chine. Il n'est pas demandé à Washington d'être un super-power, mais de sauvegarder son avance, pour continuer à peser sur les affaires du monde et à défendre ses intérêts. Les différents orateurs ont insisté sur un point : l'éducation, ça sera la clé pour les décennies à venir. Cette conviction a été partagée par l'ensemble des orateurs. Le patron de la CIA, John Brenan, grand expert du renseignement et brillant analyste, est aussi intervenu pour dresser un panorama des menaces. Il ressort du débat général que celles-ci ont muté avec la mondialisation connectée. Le terrorisme actuel a des modes opératoires totalement nouveaux, grâce à l'usage des NTIC. Les projections sur l'avenir ne sont pas nécessairement rassurantes. Ce que l'on peut retenir de cette journée fructueuse, c'est que, quelque soit le résultat des élections, des consensus ont lieu parmi l'intelligentsia américaine. L'Amérique des Bush est enterrée. Les USA veulent garder leur influence, mais sans s'immiscer militairement dans tous les conflits. L'accent est mis sur l'économie et le développement du commerce avec l'Europe, la Chine en particulier, mais aussi les zones émergentes. En interne, l'éducation sera l'enjeu essentiel qui gage l'avenir. Il est clair que les élites américaines ont une véritable vision de la marche de leur pays dans des décennies à venir. C'est la force de la démocratie américaine que de dégager ces grands consensus.