Une denrée de première nécessité pour les Marocains. C'est aussi une matière qui est au cœur d'un secteur très porteur pour l'économie du pays. Le secteur sucrier national bénéficie d'un intérêt particulier de la part des pouvoirs publics vu son rôle stratégique dans le développement économique et social. Voilà ce qu'a affirmé Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, lors de la 37e session de l'Organisation internationale du sucre (OSI) pour l'année 2010 à Marrakech. L'heure était au bilan, aux potentialités de développement, mais aussi aux défis que le Maroc doit relever face à des contraintes de compétitivité internationale. Les défis à relever Le Maroc est le 3e plus grand producteur de sucre en Afrique. Selon Mohamed Fikrat, Directeur général de la Cosumar et nouveau président de l'OSI, la filière contribue à l'amélioration des conditions de vie des agriculteurs et à la lutte contre l'exode rural. Elle permet d'assurer des revenus à plus de 85.000 familles et génère plus de 10 millions de journées de travail saisonnier par an en plus des emplois permanents dans les industries et services. Il ajoutera que ces cultures permettent de couvrir 43% des besoins du pays en sucre et contribuent ainsi à la sécurité alimentaire, eu égard à une demande nationale en constante progression. Mais il reste de nombreux défis que la filière doit relever, ayant même un impact sur la qualité du produit final. D'après Chafai Alaoui, Directeur commercial et marketing de Cosumar, le prix de vente du sucre est plus bas que dans les pays les plus pauvres. Cela grève notre rentabilité et entrave l'amélioration de la qualité du produit final. De même, le secteur connaît un manque de productivité considérable et une lourdeur des coûts de production, sans compter les problèmes d'inondation, la baisse des stocks à l'international et la flambée des prix. D'après Ahmed Ouayach, Président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural, cette filière est appelée à une restructuration profonde pour contrer des maladies imposant un matériel génétique adapté, une main-d'?uvre qui se fait de plus en plus rare et un outil industriel à moderniser. Pire, le Maroc est compté parmi les plus grands consommateurs de sucre en Afrique avec l'Egypte, l'Afrique du Sud, le Nigéria et l'Algérie. Le Marocain consomme en moyenne 35 kg de sucre par an. Il s'agit donc là d'un marché colossal. «Au total, ce sont 1,16 million de tonnes de sucre consommées par an, avec une croissance annuelle estimée à 1,8%», indique M. Fikrat. Quant au chiffre d'affaires du secteur, il est estimé à 5,696 milliards de DH par an. Il s'agit donc non seulement de besoins énormes, mais aussi une grande dépendance vis-à-vis de l'étranger. Car le Maroc est le 4e plus grand importateur de sucre. La production locale ne permet de couvrir que 45% des besoins de la population. De ce fait, le Maroc doit faire face à la hausse des prix de cette denrée à l'international. La raison ? Selon l'Organisation internationale du sucre, les exportations mondiales de sucre brut ont atteint un record de 28,411 millions de tonnes en 2008, soit 59% du commerce mondial du sucre, contre 20,439 millions de tonnes en 2000, soit 56% du commerce mondial. Il est clair que les défis de l'industrie sucrière sont grands. M. Fikrat rappelle qu'«au Maroc, nous voulons faire de cette filière un pilier de développement socio-économique régional». Il ajoute que «le but en 2013 est de produire plus de 675.000 tonnes de sucre par an contre les 450.000 actuelles, pour couvrir 55% des besoins locaux. Des investissements considérables sont envisagés, en liaison avec le Plan Maroc Vert, pour moderniser les techniques agricoles et les technologies de raffinage et améliorer l'irrigation». Pour ce faire, il a été précisé que dans le cadre du plan Maroc vert, un contrat-programme a été signé en 2008. Il a été souligné que la déclinaison territoriale de ce contrat programme a été concrétisée par la signature, la même année, de conventions de partenariat avec les sucreries et les associations de producteurs pour la mise en ?uvre de plans de développement des cultures sucrières à l'échelle des bassins de production identifiés à cet effet.