Comment faire céder lIran et obtenir que Téhéran renonce à son programme denrichissement duranium ? Washington ne sait manifestement plus sur quel pied danser pour y parvenir et souffle successivement le chaud et le froid sur le pays des ayatollahs. Les Etats-Unis viennent de révéler quils ont accéléré linstallation de missiles anti-missiles dans les pays du Golfe où ils disposent de bases militaires. Il sagit du Bahrein, QG de la Ve flotte, du Qatar, siège du Central Command, du Koweït et dAbu Dhabi. Concrètement larmée américaine a installé deux batteries de missiles anti-missiles Patriot dans chacun des quatre pays et envoyé des navires Aegis (spécialisés dans la défense anti-missiles) croiser au large des côtes iraniennes. Cest dabord le général Petraeus, commandant des forces américaines dans le Golfe, parlant devant lInstitut des études de guerre, qui a fait ces révélations. Des informations confirmées, la semaine passée, à travers des confidences distillées dans The New-York Time et The Washington Post. Elles ne sont évidemment pas innocentes. Pour Washington, il sagit dabord de rassurer les pays du Golfe, y compris lArabie Saoudite, tétanisés par une éventuelle attaque iranienne sur leur sol. Tous sont obsédés par laccroissement de la puissance iranienne. Une vieille histoire qui remonte aux années 50. Mais à lépoque, lalliance entre le Shah et les Etats-Unis semblait écarter tout danger. La révolution islamique a ravivé les craintes, le bras de fer actuel entre lOccident et Téhéran sur le nucléaire les a poussés au paroxysme. Tous ces pays craignent que lIran ne trouve des sympathies au sein de leurs populations chiites, majoritaires à Bahrein et non négligeable en nombre en Arabie Saoudite ou au Koweït. La précipitation de Riyad à se porter au secours du régime yéménite en proie à une rébellion de sa population zaïdite, soutenue, dit-on par lIran, montre que lArabie Saoudite nentend pas voir les ayatollahs jouer les fauteurs de troubles dans la Péninsule arabique. Dailleurs, lArabie Saoudite renforce les capacités de son armée grâce à une importante aide militaire américaine. Et les Emirats arabes unis ont acheté, ces deux dernières années, des avions F16 et un système de défense THAAD pour 17 milliards de dollars. Les informations américaines sadressent, bien évidemment, à lIran. Washington lui fait donc savoir, une nouvelle fois, que tout est prêt pour répondre à sa menace éventuelle dans le Golfe, et signifie indirectement que loption militaire est, pour les Etats-Unis, toujours à lordre du jour. En fait, les Etats-Unis font monter la pression pour être pris au sérieux. Ils le font dautant plus que le vote de nouvelles sanctions contre la république islamique semblent de plus en plus improbables au Conseil de sécurité. Si la Russie sest ralliée aux Occidentaux, la Chine refuse de sanctionner Téhéran et entraîne derrière elle des pays comme le Brésil, le Nigeria, le Liban. Mahmoud Ahmadinejad le sait et en profite pour gagner du temps. Lundi, il annonçait que lusine de Natanz allait désormais enrichir de luranium à 20% (au lieu de 3,5%) afin de lutiliser dans un réacteur médical. Mais les Occidentaux laissaient entendre que lIran na pas, actuellement, la capacité dy parvenir. Une grande partie de poker menteur.