L'Observateur du Maroc : Vous venez d'être décoré du Ouissam Alaouite par le roi Mohamed VI. Que représente pour vous cette distinction ? Mamadou Diagna Ndiaye : Je considère que c'est un privilège rare que d'être bénéficiaire d'une telle distinction. En la recevant, j'en ai ressenti tout le symbole qu'il traduit, toute la fierté et l'honneur qu'elle irradie et dont la luminosité nous tient compagnie durant tout le cours de votre vie. Que cette distinction me fût donnée, en mains propres par sa majesté Mohammed VI ajoute à mon bonheur. Croyez le bien, je garde de ce moment singulier un souvenir impérissable. Quel bilan dressez-vous des relations Maroc-Sénégal ? Un bilan plus que positif sur tous les plans. Le Maroc a toujours considéré le Sénégal comme un pays frère. Les relations entre les deux pays dépassent largement le caractère bilatéral ou diplomatique. Ce sont des relations séculaires. Il y a toujours eu des relations historiques entre la ville de Fez et Saint Louis ma ville natale. La qualité des relations est la constante, c'est la nature et la forme qui change dans le temps et dans l'espace. Il y a des siècles c'était la route des caravanes, aujourd'hui en lieu et place des caravanes il y a Attijariwafa bank et la RAM qui servent de pont entre les deux pays. Le Sénégal et le Maroc sont faits pour s'entendre car ils partagent des valeurs et une histoire commune. Par exemple le Sénégal et le Maroc sont les rares pays musulmans qui sont aux antipodes de l'Islamisme et de la crise identitaire. Chaque pays est un pivot dans sa région. Quel regard portez-vous sur l'action du roi Mohammed VI en Afrique ? Il faut d'abord noter que le Maroc, comme l'affirme les politologues, a la particularité de bénéficier d'une profondeur historique religieuse, politique, sociale et culturelle qui sont autant d'atouts qui expliquent le positionnement stratégique qui est le sien dans le concert des nations. Manifestement, sa majesté le Roi Mohammed VI a fait de l'Afrique une priorité de la diplomatie marocaine ; à preuve, les multiples séjours officiels qu'il a effectués dans de nombreux pays africains. Depuis son accession au trône, sa majesté le Roi Mohammed VI n'a eu de cesse d'agrandir le cercle des amitiés du Royaume pour une coopération globale à la fois économique, sociale, culturelle et religieuse. Le champ de cette coopération englobe l'économie, les finances, les investissements, l'agriculture, la pêche, l'industrie, la santé, les services aériens, les mines, les banques, les télécommunications, l'habitat, les PME et la formation professionnelle. Si le Maroc dispose à ce point d'un important capital de confiance sur la scène africaine et internationale, c'est à cause principalement de la qualité de son expertise et de son savoir faire. Sur le plan géostratégique, le Maroc est un facteur de stabilité à l'échelle de la sousrégion au plan sécuritaire et de régulation des courants religieux. L'action du royaume est déterminante en ces matières, contribuant ainsi à promouvoir les vraies valeurs de l'Islam, faite de tolérance et de modération par rapport aux extrémismes. Bref le Maroc est l'exemple même d'une coopération Sud-Sud réussie. Au-delà du secteur bancaire, quels pourraient être les axes de coopération à privilégier entre le Maroc et l'Afrique dans les années à venir ? Au-delà du secteur bancaire, cette coopération pourrait concerner tous les domaines de développement allant de la coopération technique dans le cadre des accords signés avec certains pays ou en version tripartite associant le Maroc à des pays donateurs, à des organisations internationales ou bailleurs de fonds multilatéraux, à la formation, aux télécommunications, l'immobilier, l'agroalimentaire, l'ameublement, l'assainissement, l'électricité, les BTP-industrie métallique, l'automobile à la pharmacie. Il faut noter que le secteur des télécommunications représente le quart des investissements marocains en Afrique. Maroc Télécom fait partie des « succès stories » en matière d'implantation des entreprises marocaines en Afrique. L'entreprise s'est implantée dès 2001 en Mauritanie puis au Burkina Faso, au Cameroun et au Mali. Quant au secteur de l'immobilier, les promoteurs immobiliers marocains commencent à trouver dans l'Afrique subsaharienne un marché alternatif pour étendre leurs activités, surtout après la crise que le marché local a connue suite à la baisse de la demande. Les promoteurs marocains sont implantés au niveau de dix pays africains dont la Côte d'Ivoire, le Guinée, la République Démocratique du Congo, le Ghana, la Mauritanie, l'Angola et le Cameroun. Les projets portent sur la contribution de plus 50 000 unités. La majorité d'entre eux concernent les logements sociaux, le moyen standing et le haut standing. Les investissements portent sur 1,5 milliards de dollars. L'agroalimentaire est aussi un secteur en mouvement autour de l'aviculture, les fruits et légumes, la minoterie, les produits de la mer et les produits laitiers. L'expertise marocaine s'exerce non sans réussite sur les BTP-industrie métallique avec la construction de route, pompe à chaleur, ventilateur, coffrage poteaux, voile, dalles regards, réservoirs, échafaudages, façades, contreplaqué marins multiples, bois massif, contre-incendie, luminaire LED, la climatisation, le traitement thermique etc...L'électricité avec les projets en énergie durable (lamping systèmes de gestion intelligents, installateur de courants faibles sur sites industriels et tertiaires, vidéo surveillance, contrôle d'accès, réseaux data) est un secteur en plein épanouissement. Par ailleurs, concernant l'automobile, il faut noter que plusieurs unités de montage existent au Maroc, avec notamment la marque Renault, incluant toute une gamme de produits pour la répartition automobile et le système de polissage/lustrage. Il en est de même pour la pharmacie avec la fabrication de médicaments sous licence ❚