Dans l'effervescence du salon international de l'agriculture au Maroc (SIAM) 2025, un stand attire particulièrement l'attention des visiteurs : celui de MoroccoCanna, un nouvel acteur dans le secteur de la production et la commercialisation de produits à base du cannabis légal. Huiles de CBD, crèmes apaisantes, sachets de thé infusés aux extraits de cannabis... La curiosité est palpable. Et c'est précisément ce que la directrice générale de l'entreprise, Karima El Haoudi espère : « Notre présence ici n'est pas anodine. Il faut expliquer, rassurer, déconstruire les clichés. Le cannabis légal, c'est d'abord une opportunité agricole et médicale. » Agréé depuis novembre 2023 par l'Agence nationale de réglementation des activités liées au cannabis (ANRAC), l'opérateur trace aujourd'hui sa voie. Une chaîne de valeur en cours de consolidation En moins d'un an, MoroccoCanna a validé une première saison de production centrée sur le cannabidiol (CBD), une molécule non psychoactive, avec un positionnement résolument tourné vers l'export. « Nous avons priorisé l'international pour cette première phase, avec des expéditions de la matière première vers la Suisse et la République tchèque où la demande pour le CBD est en forte augmentation», indique Karima El Haoudi. L'entreprise prévoit d'élargir rapidement son périmètre au marché local. Dès les prochains mois, elle lancera la commercialisation au Maroc d'une gamme de produits à base de CBD : cosmétiques, compléments alimentaires et denrées fonctionnelles (infusions, chocolats). En parallèle, une usine de transformation, actuellement en construction à Taounate, représente un investissement de 2 millions d'euros. Elle assurera l'extraction, le conditionnement et le contrôle qualité des produits. « Cette usine sera un pivot stratégique pour la croissance de notre entreprise et l'industrialisation de la filière au Maroc », précise la Directrice générale. Un cadre réglementaire strict MoroccoCanna évolue dans un cadre légal défini par l'ANRAC, qui impose une traçabilité rigoureuse et une séparation claire entre les produits CBD (en libre accès) et ceux à base de THC, réservés à un usage médical prescrit. La distribution reste pour l'instant limitée à certains points agréés (pharmacies et un unique CBD shop à Tanger), mais le développement d'un réseau est en cours. Selon El Haoudi, « Il y a encore beaucoup de confusion entre le CBD et le THC. Il faut bien distinguer les usages thérapeutiques, les produits cosmétiques, et les traitements médicaux à base de THC, eux soumis à prescription. ». Elle met alors l'accent sur l'importance d'une sensibilisation accrue au Maroc : "Nous devons expliquer que le CBD, contrairement au THC, ne provoque pas d'accoutumance et possède des vertus thérapeutiques bénéfiques pour la santé." En s'implantant dans la région de Taounate, MoroccoCanna fait le pari de la structuration rurale. L'entreprise collabore avec une coopérative locale pour sa production et entend à terme générer une dynamique socio-économique régionale. Le modèle repose sur une montée en valeur ajoutée, avec une intégration progressive de l'amont (agriculture encadrée) et de l'aval (transformation et export).