Face à la hausse persistante des prix de la viande rouge et du poisson, le groupe parlementaire du Mouvement populaire (MP) à la Chambre des représentants monte au créneau. Il a officiellement saisi le président de la Commission des secteurs productifs pour réclamer l'ouverture de deux enquêtes parlementaires afin de faire la lumière sur les dérèglements du marché et de désigner les acteurs responsables de cette flambée sans précédent. Des prix défiant la logique du marché Le groupe du MP s'est en effet appuyé sur l'article 142 du règlement intérieur de la Chambre des représentants pour réclamer la constitution de deux missions exploratoires. Objectif ? Elucider les causes et les mécanismes qui perturbent les marchés du poisson et de la viande rouge. Dans sa correspondance adressée au président de la Commission des secteurs productifs, le Mouvement populaire appelle à une analyse détaillée du processus de commercialisation de ces denrées et la manière de fixer les prix. « Pourquoi les prix du poisson restent-ils si élevés malgré l'abondance de l'offre? Le marché serait-il livré à des pratiques spéculatives ou existe-t-il vraiment un contrôle des tarifs ? », autant d'interrogations posées par le groupe parlementaire dans sa première requête d'enquête concernant le secteur halieutique. Livrant des chiffres clés du secteur, la correspondance note que près de 70% des captures de poisson sont destinées à l'exportation alors que 30% seulement arrivent sur le marché intérieur, principalement du poisson bleu comme la sardine, consommée par la grande majorité de citoyens. Un écart et un paradoxe qui nécessite des explications selon le groupe parlementaire. L'enquête demandée devrait apporter des réponses clarifiant le rôle des intermédiaires dans la formation des prix tout en proposant des mesures pour garantir un accès équitable à ces ressources. La filière de la viande rouge dans le viseur La seconde mission devrait se pencher sur le secteur de la viande rouge, dont les prix continuent de flamber malgré les mesures prises par les autorités et malgré l'annulation de l'Aid Al Adha. L'ouverture des importations et la suppression des droits de douane n'ont visiblement pas suffi à enrayer cette inflation, estime le groupe du MP qui pointe du doigt les marges captées par les intermédiaires tout au long de la chaîne d'approvisionnement, depuis l'élevage jusqu'à l'importation en passant par la distribution. La mission devrait déterminer pourquoi ces mesures n'ont pas permis de stabiliser le marché, de faire baisser les prix, identifier les anomalies et les solutions susceptibles de corriger ces distorsions. Au-delà de la hausse des prix, le MP soulève le problème de la souveraineté alimentaire. La dépendance croissante du Maroc aux importations pour répondre à la demande en viande rouge pose un défi stratégique, selon le MP. Dans sa correspondance, le groupe parlementaire souhaite évaluer la capacité du pays à atteindre un certain niveau d'autosuffisance ou s'il devrait continuer à recourir aux importations pour répondre à la demande.