La lutte contre le Sida va de pair avec la lutte contre les inégalités de genre, sans l'une l'autre ne peut aboutir. C'est l'objet de la nouvelle alerte lancée par l'ALCS à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Estimant que la violence basée sur le genre constitue «l'une des pires violations des droits humains», l'association insiste sur l'impact direct des ces violences sur le risque de contamination et l'accès aux soins pour les femmes touchées par le SIDA. Inégalités persistantes « La violence conjugale est associée à un risque accru d'infection par le VIH chez les femmes et compromet l'accès au dépistage et au traitement», déplore l'ALCS. Une corrélation inquiétante dont les retombées aggravent davantage la situation des femmes victimes de violence déjà fragilisées. Pour les protéger et accélérer l'éradication du Sida, l'association insiste sur l'égalité des genres. « Cette année, alors que le débat national sur la réforme de la Moudawana est au cœur des discussions, il est crucial de rappeler que l'égalité juridique et sociale est un levier indispensable pour protéger les femmes et accélérer l'élimination du VIH/sida en tant que problème de santé à l'horizon 2030», ajoute la même source. Féminisation du Sida Des doléances directement inspirées par les données et les statistiques inquiétantes concernant le SIDA au Maroc. En 2024, les chiffres montrent que les femmes, en particulier les jeunes filles et celles en situation de précarité, restent les plus touchées par le sida. Une féminisation accentuée par les inégalités de genre encore persistantes, plus de 40 ans après le début de l'épidémie. Les chiffres du ministère de la Santé et de la protection sociale confirme cette tendance inquiétante : 49% des personnes vivant avec le VIH au Maroc en 2021 sont des femmes, contre seulement 18% en 1990. D'après l'association, la féminisation galopante de l'épidémie mine les efforts et les progrès réalisés dans cette lutte acharnée contre le Sida au Maroc et ailleurs. Facteurs aggravants Le coupable ? Les violences basées sur le genre, le mariage forcé des jeunes filles et l'insuffisance de services de santé adaptés sont autant de facteurs aggravants cités par l'ALCS. « La violence envers les femmes, qu'elle soit physique, psychologique, économique ou sociale, augmente leur vulnérabilité aux infections, notamment aux infections sexuellement transmissibles (IST), aux hépatites virales et au VIH/sida », explique Pr Mehdi Karkouri, président de l'ALCS. L'ALCS souligne par ailleurs que le projet de généralisation de la couverture sociale universelle vise à assurer l'accès aux soins pour tous. Cependant, les groupes les plus vulnérables, notamment les femmes en situation précaire rencontrent des obstacles importants pour accéder à cette couverture. « Elles sont souvent sans domicile fixe et n'ont pas d'adresse permanente, ce qui complique leur inscription au registre national de la population et/ou au registre social unifié. D'autres ne peuvent pas s'inscrire car elles ne possèdent pas de pièces d'identité. La majorité d'entre elles refuse de les renouveler par crainte de poursuites judiciaires. »», déplore l'ALCS dans son communiqué. Feuille de route L'association revient à la charge en insistant sur le lien étroit entre l'élimination du sida en tant que problème de santé d'ici 2030 et l'action et le changement des déterminants sociaux favorisant la propagation des infections sexuellement transmissibles, des hépatites virales et du VIH/sida. L'ALCS trace par ailleurs une feuille de route pour y parvenir notamment avec la révision des lois discriminatoires et la mise en place d'un cadre juridique protecteur pour les femmes et les filles, l'accès universel aux services de prévention et de dépistage, particulièrement pour les populations les plus vulnérables. L'association insiste également sur le renforcement des campagnes de sensibilisation pour lutter contre la stigmatisation et promouvoir l'égalité des sexes et une action renforcée contre les violences basées sur le genre, incluant une prise en charge adaptée aux besoins des survivantes. « La fin du sida passe par la fin des inégalités. C'est ensemble, dans un Maroc où chaque femme peut vivre librement et en sécurité, que nous atteindrons cet objectif. », conclut l'ALCS.