L'économie marocaine pour 2025 semble être à la croisée des chemins. Alors que des défis importants, notamment dans le secteur agricole, pèsent sur les prévisions, des dynamiques positives dans plusieurs secteurs clés permettent d'envisager une croissance modérée, voire robuste. Le contraste dans les prévisions des grandes institutions financières, telles que Fitch Solutions et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), témoigne de cette complexité. Voici un tour d'horizon détaillé des prévisions économiques pour le Maroc en 2025. Fitch Solutions, une croissance révisée mais solide à 5% Fitch Solutions anticipe une croissance économique de 5% pour le Maroc en 2025, révisée à la baisse par rapport à une prévision initiale de 5,6%. Cette révision est principalement due à la faiblesse de la production agricole, qui a été affectée par des conditions climatiques défavorables, telles que des sécheresses prolongées et des vagues de chaleur. Toutefois, cette baisse des prévisions n'entame pas la vision optimiste de Fitch Solutions. En effet, l'économie marocaine bénéficie de la dynamique positive dans plusieurs secteurs stratégiques. L'industrie automobile, l'aéronautique, et les énergies renouvelables continuent d'afficher des performances solides, soutenues par des investissements étrangers importants. Une autre dimension importante est la politique monétaire. Fitch Solutions prévoit une réduction supplémentaire des taux directeurs, qui devrait atteindre 2,25% d'ici fin 2025, après une première baisse de 50 points de base en 2024. Cette politique vise à stimuler l'investissement privé, réduire le coût du crédit et soutenir la consommation intérieure. En parallèle, le Maroc bénéficie d'un environnement propice aux affaires, notamment grâce à sa position géographique stratégique, ses infrastructures en développement et un climat des affaires favorable. Ces éléments combinés assurent une croissance solide, même en dépit des difficultés agricoles. La BERD, une croissance plus modeste à 3,6% La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) table sur une croissance plus modeste de 3,6% pour l'économie marocaine en 2025. Bien que cette prévision soit plus basse que celle de Fitch Solutions, elle reste positive et reflète la résilience du Maroc face aux défis économiques. La BERD met en avant plusieurs facteurs de soutien à la croissance, notamment la baisse des importations énergétiques, l'augmentation des transferts de fonds des Marocains résidant à l'étranger, la hausse des recettes touristiques et la solidité des exportations automobiles. L'institution reconnaît que l'agriculture a été un secteur clé affecté par la sécheresse, mais souligne que l'industrie extractive, la fabrication et la construction ont connu une expansion en 2024 et devraient continuer de soutenir la croissance en 2025. L'institution prévoit également que les efforts de diversification économique et les réformes structurelles entreprises par le Maroc permettront de limiter l'impact de la faible performance agricole sur l'économie. Des prévisions globalement optimistes D'autres grandes institutions financières, telles que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD), partagent une vision similaire, bien que légèrement nuancée. Le FMI et la Banque mondiale prévoient tous deux une croissance de 3,9% en 2025, grâce à un rebond attendu de la production agricole après plusieurs années de sécheresse. Ce redressement serait soutenu par une forte demande intérieure et une continuation des tendances positives dans les secteurs non agricoles. La BAD, quant à elle, prévoit que la croissance du PIB marocaine se stabilisera autour de 3,8% en 2025-2026, en grande partie grâce à une reprise agricole et à l'augmentation des investissements directs étrangers (IDE), notamment dans les secteurs industriels et touristiques. La prévision de la BAD s'appuie également sur des projets d'infrastructure d'envergure, comme ceux liés à la Coupe du Monde de football 2030, qui devraient générer des investissements significatifs et dynamiser l'économie. Investissements et consommation Indépendamment des prévisions divergentes sur le taux exact de croissance, plusieurs facteurs clés devraient soutenir l'économie marocaine en 2025. Tout d'abord, l'afflux continu d'investissements directs étrangers (IDE) reste un moteur important de la croissance. En 2024, les IDE ont augmenté de 55,4%, et cette tendance pourrait se poursuivre en 2025, alimentée par des secteurs stratégiques comme l'automobile, l'aéronautique et les énergies renouvelables. Par ailleurs, la consommation privée devrait rester soutenue grâce à une augmentation attendue des salaires dans le secteur public (+11,5%) et une inflation maîtrisée à 1,6%. Cela permettra de préserver le pouvoir d'achat des ménages et de stimuler la consommation intérieure. De plus, les transferts de fonds des Marocains résidant à l'étranger (MRE) continueront d'augmenter, soutenus par une reprise économique en Europe, offrant ainsi un autre soutien à l'économie locale. Un secteur agricole fragile Cependant, le secteur agricole reste un point de vulnérabilité majeur. Les conditions climatiques défavorables, notamment les sécheresses, ont fortement affecté les rendements agricoles en 2024, et cette tendance pourrait se prolonger en 2025. Bien que l'agriculture représente une part importante du PIB marocain et de l'emploi rural, sa faible productivité et sa dépendance aux conditions climatiques peuvent limiter les gains de revenu et exacerber les pressions sur l'emploi, avec un taux de chômage qui pourrait rester élevé. Le secteur agricole devra donc se diversifier et s'adapter pour garantir une croissance durable à long terme.