Tout d'abord, l'auteur apporte une précision très utile. Contrairement à ce qu'on pourrait croire l'intergroupe n'est pas l'initiative de députés européens mais du Polisario. Et cela a été prouvé. Un des responsables du Polisario, qui est de nationalité mauritanienne d'ailleurs, a bien écrit sur son compte X (Twitter à l'époque) qu'il remerciait les « militants » du Polisario sous la conduite d'un certain Ahmed Sidati et ses collaborateurs, ambassadeurs et assistants, qui ont oeuvré à la création de cette structure parlementaire. Depuis que le Maroc a porté le conflit du Sahara devant les Nations Unies, « l'Algérie l'a utilisé comme un outil pour renforcer son influence régionale...Une influence algérienne notable a été observée dans ses actions, qui semblent être exclusivement orientées vers des intérêts spécifiques dans la région ». Le rédacteur de l'article se demande alors si « l'Intergroupe utilise les valeurs démocratiques européennes pour poursuivre des objectifs politiques en dehors des principes démocratiques universels ». Car, de fait, comment croire cet intergroupe alors qu'il défend le mouvement séparatiste d'un groupe de mercenaires armés comme un vrai pays, qui n'a rien de démocratique. Comment le croire lorsqu'il prend fait et cause pour l'Algérie qui est la véritable partie du conflit du Sahara et qui n'est pas non plus un exemple de démocratie. Le pays est tenu par une junte militaire qui fait et défait les présidents, simples façades civiles. Les dernières élections présidentielles ont d'ailleurs montré à quel point l'armée tient de main ferme le pays. Le nombre de prisonniers politiques devrait également susciter quelques questions chez les membres de l'intergroupe. Ils n'ont rien relevé. Cette focalisation sur le Sahara pousse des députés européens à se demander pourquoi l'intergroupe « continue-t-il à se renouveler alors que d'autres questions géopolitiques pertinentes, comme la paix au Moyen-Orient, la situation en Ukraine ou l'influence des acteurs extérieurs au Maghreb, ne reçoivent pas la même attention ? ». La question mérite une réponse, qui ne vient jamais. L'intergroupe « est-il devenu un groupe de pression non enregistré au sein du Parlement européen ? » se demande encore l'auteur. Le danger est d'autant plus grand qu'il ajoute une autre préoccupation, analyse l'article: elle « concerne le lien possible entre les acteurs de la région et les réseaux antidémocratiques et terroristes du Sahel ». Et l'auteur ne part pas de rien. Selon lui, « des rapports spécialisés suggèrent des liens avec des organisations telles que le Hezbollah et l'Iran, ce qui pose de sérieux risques pour la sécurité de l'UE". Ainsi « la région pourrait devenir une menace pour la stabilité régionale et européenne », met en garde l'auteur. Or, l'une des missions des députés européens est justement de préserver la sécurité de tous les européens qui les ont élus. Les Européens ont donc le droit de savoir « si l'Intergroupe promeut par inadvertance les intérêts de pays tiers plutôt que ceux de l'Union européenne et de ses citoyens ». Si c'est le cas, la stabilité de l'Union européenne court un sérieux risque. L'article le précise: « La stabilité régionale est cruciale pour l'UE, il est donc essentiel d'évaluer l'impact de ces groupes sur les relations avec des partenaires stratégiques tels que le Maroc ». L'intergroupe est-il au servie des causes séparatistes? Pour le rédacteur de l'article c'est peu probable sinon il se serait intéressé à d'autres causes comme celle des peuples Kabyle ou Touareg par exemple. L'article finit sur quelques recommandations afin de faire face aux inquiétudes suscitées par les projets de l'intergroupe. « Une révision du fonctionnement de l'Intergroupe « Sahara occidental » semble nécessaire, notamment au regard des fréquents déplacements vers les camps de Tindouf, où la population vit dans des conditions difficiles depuis des décennies ». Et ce n'est pas tout. « Les rapports de l'OLAF ont confirmé que l'aide humanitaire destinée à ces camps a été détournée vers les marchés locaux ». Ainsi, au sein du Parlement européen se pose la question de savoir si l'intergroupe Sahara occidental obéit ou non au règlement intérieur du Parlement européen et plus spécifiquement à son article 13 qui « met l'accent sur les Intergroupes et trace clairement les limites et champs d'actions de ces derniers en vue de se protéger de toute instrumentalisation et ingérence étrangère éventuelle ». Visiblement, l'ingérence est bien réelle.