Humains à vendre Plus de 74.500 personnes ont été victimes de la traite de êtres humains dans plus de 110 pays, selon le Rapport mondial sur la traite des personnes réalisé en 2020 par l'ONUDC. Au Maroc, 719 victimes ont été recensées ces trois dernières années, selon le premier rapport annuel de la Commission nationale de lutte et de prévention contre la traite des êtres humains, rendu public le 15 février 2022. Exploitation sexuelle, mendicité, travail forcé, servitude domestique, trafic d'organe... Les formes de ce trafic varient et changent mais l'impact dévastateur sur les victimes et leur avenir reste le même. L'affaire de tous " D'où la grande importance de l'implication de tous dans la lutte et la prévention de ce phénomène criminel. Représentants de la loi, justice, acteurs de la société civile, journalistes et citoyens... Nous devrons tous être des acteurs actifs dans cette lutte sans merci contre l'un des crimes les plus répandus dans le monde ", annonce Sofana Ben Yahya, la coordinatrice de la Commission nationale de coordination des mesures de lutte et de prévention contre la traite des êtres humains (CNCLT). S'exprimant lors de l'atelier de sensibilisation et de formation organisé au profit de la presse nationale, les 8 et 9 février à Marrakech, Ben Yahya a rappelé le contexte de cette rencontre organisée en partenariat avec l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) et l'association « Ilamiyi Adala » (Journalistes judiciaires). La presse partenaire clé dans la lutte anti traite d'êtres humains " La programmation de cette activité s'inscrit dans le cadre des efforts déployés sous la supervision de la CNCLT, en application du Plan d'action stratégique national 2023-2030. L'objectif étant d'assurer un meilleur engagement des médias en tant qu'acteur clé dans la prévention et la sensibilisation aux dangers du crime de la traite des êtres humains ", note la responsable. De son côté Siham Al Figuigui, la directrice du bureau de l'UNODC au Maroc a insisté sur l'importance de l'implication active des médias dans la lutte contre ce crime transnational. Trafic transnational " La traite des êtres humains est un problème mondial qui affecte la vie de millions de personnes dans pratiquement tous les pays. Les privant de leur dignité, il est l'un des crimes les plus odieux et le troisième des trafics les plus lucratifs du monde ", note Al Figuigui en insistant sur l'importance de démasquer les trafiquants et de les dénoncer pour protéger les victimes effectives et celles qui risquent d'en devenir dans l'avenir. Opérant le plus souvent par la contrainte et la tromperie, la traite des êtres humains s'en prend à des femmes, des hommes et des enfants de toutes les régions du monde en les mettant dans des situations d'exploitation. Le Maroc organise sa lutte via un arsenal juridique et un plan d'action porté par une commission spéciale Si une lutte contre ce trafic s'organise au niveau international et national via la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale, ses protocoles et à travers l'arsenal juridique national, " Il ne faut toutefois pas considérer que la lutte contre la traite des êtres humains est uniquement la responsabilité des autorités publiques ", note la directrice de l'UNODC. " Les citoyens ordinaires, dans leur vie quotidienne, peuvent également combattre ce crime. La prise de conscience du problème permettra en effet de sauver les victimes et de changer leur triste sort ", s'accordent les experts nationaux et internationaux intervenant lors de ces deux jours de travaux. Dénoncez ! Intermédiaire clé, entre les différents acteurs de cette lutte et les citoyens, le journaliste est ainsi investi d'une mission de vulgarisation et de sensibilisation à un phénomène criminel qui risque de passer inaperçu. " Cette formation permettra aux bénéficiaires de bien comprendre le texte de la loi n° 27-14 relative à la lutte contre la traite des êtres humains, de pouvoir faire la distinction entre les affaires et les cas de traite d'êtres humains et le trafic illicite des migrants ", explique dans son intervention Mohamed Chabib, juge président de la section de la protection de la famille et des catégories spéciales au Ministère public et membre de la CNCLT. Fournir aux journalistes les outils et les connaissances nécessaires et renforcer leurs capacités dans la lutte contre la traite des êtres humains pour mieux sensibiliser le grand public et "propager la prise de conscience" par ce phénomène criminel. Analyse de rapports, études de cas, jeux de rôles et excercice interactifs, cet atelier a été encadré par des experts nationaux et internationaux représentant du Ministère de la Justice, les Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger (département des MRE), le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication (département de la Communication), la Présidence du Ministère public, de l'Institut Supérieur de l'Information et de la Communication et l'UNODC. Au bout de deux jours de travaux, l'atelier a abouti à la présentation d'un ensemble de recommandations pour mettre en application l'engagement des médias dans cette lutte. Ceci à travers la sensibilisation de la société et la prise de conscience des citoyens par rapport aux dangers de ce crime transnational. Les recommandations ont également porté sur l'importance de signaler les cas potentiels dans le cadre de la mise en œuvre du mécanisme national de référencement des victimes de la traite des êtres humains.