Après le choc dans la région sinistrée d'El Haouz, l'heure est à la reconstruction. En effet, le séisme d'El Haouz a laissé derrière lui des douars entièrement rasés, des villages endeuillés, plusieurs monuments historiques lourdement endommagés (Marrakech, Taroudant, Tinmel, Ouarzazate...) et des centaines de milliers de sinistrés se retrouvent aujourd'hui sans toit, dans une région où le froid et la neige sévissent pendant l'hiver. Comment reconstruire en zone sismique ? Se référant au décret de 2013 sur la construction sismique en terre, suite au séisme d'El Hoceima, Rachid Haouch, architecte, urbaniste, paysagiste dplg et expert en haute qualité environnementale HQE, affirme que « pour construire en zone sismique, il faut bannir l'auto construction et passer obligatoirement par les hommes de l'art, quel que soit la taille des bâtiments ». Pour ce qui est des édifices historiques, il rappelle qu'ils sont en général classés par le ministère de la culture et ils possèdent les plans pour la reconstruction, sinon les agences urbaines ou d'autres organismes en possèdent aussi une trace. «Les plans d'aménagement et les schémas directeurs ont l'obligation de désigner les zones à risque et la désignation de commission spéciale pour l'instruction du permis de construire, explique-t-il. A chaque région sa spécificité pour construire, soit en terre, en béton, en bois ou même en brique... Il existe une carte sismique et un zoning au Maroc qui oblige des spécificités constructives particulières par zone ». Quels matériaux utiliser ? Evoquant le règlement parasismique relatif aux constructions en terre publié au bulletin officiel N° 6206 dans lequel figurent les détails de construction à respecter, l'architecte Jamal Eddine Ghorafi estime que « la connaissance approfondie des techniques de construction en pisé, en adobe et en blocs de terre compressé est requise. Toutefois, selon lui, pour assurer une stabilité suffisante des bâtisses, il convient de prévoir des structures mixtes béton armé, bois, ou métallique, suivant les cas de figures dont il faut prendre en considération la nature du sol, l'orientation, la hauteur des constructions etc... ». Où reconstruire et combien de temps cela prendrait-il ? Rachid Haouch préconise de « reconstruire plus loin de la zone de l'épicentre de quelques km. La construction parasismique, dit-il, obéit à des règles de résistances des structures au choc de nature à être souples et articulées pour transmettre les efforts au plancher qui doit être un radier absorbant, de même l'existence d'un mur de refend en contreventement ou structures en croix pour cet effet, etc ». Pour l'expert en haute qualité environnementale, « la reconstruction dépend des moyens à mettre, ça peut aller de 3 mois à un an. Il existe des procédés de construction rapides en usine et de montage boulonné sur place des structures avec habillage en pisé pour s'intégrer au paysage, etc ». Quel est le coût de la reconstruction ? Selon les premières estimations de l'Institut d'études géologiques des Etats-Unis, les pertes économiques liées au séisme représenteront, dans le pire des scénarios, 8% du Produit intérieur brut (PIB) du pays. Cela signifie que le coût des dégâts du séisme est estimé à 106 milliards de dirhams (soit 9 milliards d'euros). Aujourd'hui, selon les estimations de plusieurs experts, « la reconstruction d'un logement coûtera en moyenne entre 100 000 et 150 000 DH si on utilise des matériaux locaux ». Pour sa part, Rachid Haouch a tenté d'estimer le coût global de la reconstruction du sinistre d'Ighil. Il serait selon ses calculs, de neuf milliards cinq cent millions de dirhams. Voici son raisonnement : « L'épicentre du séisme se trouve dans le Haut Atlas à 71,8 km au sud-ouest de Marrakech, dans la commune rurale d'Ighil, province d'Al Haouz, région de Marrakech-Safi dont l'hypocentre est calculé à une profondeur de 12 à 24 km par les sismologues». L'expert explique que « les urbanistes ont tendance en général à estimer les coûts des schémas directeurs et des plans d'aménagement par la méthode des ratios, soit au m2 de construction, soit en unité de logement construit, soit à l'hectare, etc. L'estimation préalable est la construction de 50.000 logements sinistrés y compris les infrastructures et les équipements dans un nouveau site ». « Si on se base, dit-il, sur un logement économique de 50 à 60m2 renforcé en parasismique avec radier et mur de contreventement en béton armé ou en métal en croix de Saint André habillé en pisé souple en remplissage avec clous en bois pour l'élasticité et des structures articulées en béton armés on peut partir sur la base de 125.000 dhs le logement, soit 2.500 dhs/m2, soit un total de 6,259 milliards de dhs hors foncier ». L'expert poursuit : « ce dernier peut être de 500 dhs/m2 en acquisition en milieu rural, soit un milliard deux cent cinquante millions dhs , soit donc un total de sept milliard cinq cent millions dhs avec 25% d'imprévus, soit un total global de 9, 5 milliards de dhs