L'édition portugaise de la foire ARCO, établie depuis 1982 à Madrid, se réunit près de 80 galeries de 14 pays. Cette édition vient également renforcer le commissariat des deux sections de la foire, à savoir Africa in Focus, sous la direction de Paula Nascimento, qui comprendra la participation des galeries du continent africain, ainsi qu'Opening Lisboa, sous la direction de Chus Martínez et Luiza Teixeira de Freitas, qui explore les nouveaux langages et les nouveaux espaces artistiques. La galerie d'art L'Atelier 21 participe à cet événement pour faire valoir, à l'international, la contribution des artistes marocains à la concrétisation d'une scène artistique africaine. Pour sa première participation à cette 6e édition, L'Atelier 21 expose des œuvres des artistes : M'barek Bouhchichi, Safaa Erruas, Najia Mehadji et Yamou. Le corps constitue un thème aux ramifications multiples dans l'œuvre de M'barek Bouhchichi. Moulé, sculpté, dessiné, peint, il est mis en exergue à travers un kaléidoscope de signes, de fragments (presque votifs) et d'images qui donnent à voir une préoccupation majeure chez l'artiste : peindre des hommes et des femmes marocaines à la peau noire. Dans un travail combinant autant l'intuition que la recherche formelle comme source de création, Safaa Erruas décrit dans des gestes minutieux et ritualisés des œuvres sur papier et des installations. L'œuvre de l'artiste est dominée par la couleur blanche, qui symbolise l'absence, l'immatérialité, la transparence et la fragilité. Entre visible et invisible, conscience et inconscience, douceur et violence, les œuvres de Safaa Erruas sont autant de fenêtres ouvertes sur des mondes en tension qui nous interpellent et nous questionnent dans notre plus profonde intimité. Le geste est la source de l'art de Najia Mehadji. En attestant les vagues qui prennent racine et se propagent sur la toile à travers le corps du peintre, ne faisant plus qu'un avec le pinceau. Intemporelle, la vague de Najia Mehadji est présente dans la pensée soufie, comme un symbole du mouvement perpétuel entre deux pôles, symbole d'un retour aux origines pour atteindre l'universel. La gestuelle à la fois libre et parfaitement maîtrisée s'impose dans les œuvres de Najia Mehadji comme une tentative de percer le mystère même de la peinture. Yamou n'en a pas fini de créer, défaire et recréer son jardin pictural, sans jamais être du résultat satisfait, s'engageant à chaque fois dans de nouvelles recherches, exploitant toujours des pistes innovantes, inédites sans se fourvoyer de sa passion fusionnelle pour la nature. On se propose devant un tableau de Yamou comme se tiendrait un enfant à l'orée d'une majestueuse forêt, à la fois dotée et intimidée par son puissant et silencieux mystère.