Dattes cancérigènes ? « Suite au débat sur les réseaux sociaux concernant l'insalubrité des dattes importées, nous avons estimé que notre devoir en tant que fédération défendant les droits des consommateurs est de chercher la vérité », nous explique au téléphone Dr Bouazza Kherrati président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC). Comment la FMDC a-t-elle procédé ? Réagissant à la polémique liée à la qualité des dattes importées, la FMDC a mené sa propre enquête comme nous l'affirme Kherrati. Concernant le déroulement de ces investigations, ce dernier nous explique que la FMDC a procédé à un prélèvement « aléatoire » d'échantillons de dattes au marché de gros de Casablanca, à Derb Milan. « Nous avons procédé à l'achat de dattes emballées, au hasard mais en respectant toutefois certaines spécificités : Il fallait qu'elles soient importées, leur prix au kilogramme allant de 25 à 40 dirhams étant donné que c'est la catégorie la plus consommée par les Marocains. Les dattes prélevées doivent également disposer de données visibles et des renseignements exigés par la loi à savoir le pays d'origine, l'importateur, l'exportateur et la date de péremption », détaille le président de la FMDC. Et pour les analyses ? « Après la collecte des différents échantillons, nous avons rempli les bulletins de demande d'analyse et les avons confiés à LOARC, le Laboratoire officiel d'analyses et de recherches chimiques pour effectuer les analyses nécessaires afin d'évaluer leur contenance en résidus de pesticides » ajoute Dr Kherrati. Etablissement public, le Laboratoire officiel d'analyses et de recherches chimiques a été créé en 1913. Il est accrédité auprès des tribunaux nationaux. Instance suprême au Maroc en matière d'analyse chimique, comme l'assure Dr Kherrati, les résultats du LOARC seront ainsi sûrs et garantis. Alors ces dattes, salubres ou insalubres à la consommation ? Selon les résultats des analyses quémandées par la FDMC et réalisées par LOARC, les dattes importées de Tunisie, d'Algérie, d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis et commercialisées sur le marché national sont salubres à la consommation. « Les résultats ont montré que ces dattes respectent les normes internationales concernant le taux de résidus de pesticides et se sont avérées exempts de pesticides cancérigènes. Les citoyens peuvent ainsi en consommer sans aucune crainte», affirme-t-on auprès de la fédération. Qu'en est-il des dattes vendues en vrac ? Concernant les dattes vendues en vrac, la FDMC reste assez sceptique. « Nous n'avons pas soumis cette catégorie à ces analyses car elles sont intraçables », tranche Bouazza Kherrati. D'après ce dernier, la FDMC a mené son enquête à propos de ces dattes et il s'est avéré qu'elles sont souvent mélangées. « Elles proviennent généralement de la contrebande, de lots périmés ou d'origine douteuse », nous explique l'activiste. Que doit faire le consommateur dans ce cas ? D'après la FMDC, prévenir vaut mieux que guérir. « On doit se méfier absolument des dattes vendues en vrac voire éviter d'en consommer. C'est la meilleure attitude à adopter dans ce cas de figure », conseille Kherrati en insistant sur la vérification du contrôle de l'ONSSA sur toutes dattes avant de les acheter et d'en consommer. Insistant sur la grande valeur nutritive des dattes, ce dernier déplore d'ailleurs la faible consommation moyenne du Marocain. « 6 kilos par an, largement concentrée sur la seule période du mois de ramadan ; ça reste une consommation très faible vu la grande valeur nutritive de ce fruit excellent pour la santé et très riche en glucides, en fibre, oligo-éléments, minéraux, acides aminés, antioxydants et en vitamines », note Kherrati. Dattes algériennes radio-actives ? Rappelons que dernièrement, un appel au boycott des dattes algériennes a largement circulé sur les réseaux sociaux. La cause ? En France, trois marques de dattes Deglet Nour d'Algérie ont fait l'objet d'un rappel; à cause de la présence de produits interdits spécialement le dioxyde de souffre ou encore le Diflubenzuron. L'utilisation abusive de pesticides et de substances allergènes a été ainsi à l'origine de l'interdiction d'importation en France des dattes algériennes, depuis juin dernier. A l'approche du mois de ramadan marqué par une importante consommation de ce fruit, le débat a été relancé. Interpellé sur la question le 16 mars 2023, Mustapha Baitas, Porte-parole du gouvernement, a rassuré sur « le contrôle rigoureux et pointu » auquel sont soumis les produits alimentaires importés, y compris les dattes algériennes. Déjà en 2022, les dattes algériennes ont été encore une fois au centre de la polémique. Suscitant les craintes, elles étaient soupçonnées de contenir des substances radioactives liées aux anciens essais nucléaires français dans le désert algérien.