«Flambée des coûts des intrants, hausse des prix du transport...le secteur du BTP est sinistré », alerte le président de la FNBTP, Mohamed Mahboub qui ajoute que plusieurs entreprises ont mis la clef sous le paillasson, d'autres, endurent les affres des redressements judicaires sans parler des mesures coercitives telles que l'exclusion des marchés publics, la perte des qualifications...Bref, la situation est pénible pour secteur souffre aujourd'hui. Une circulaire mal appliquée Pour remettre le secteur sur les bons rails, le gouvernement a publié une circulaire adressée aux maitres d'ouvrages publics. L'objectif est de prendre en compte la nouvelle tarification dans la gestion de leurs relations avec les entreprises du secteur réalisant des ouvrages. «Cette circulaire n'a pas atteint les objectifs escomptés », déplore Mahboub. Selon lui, « il existe un grand fossé entre les décideurs politiques gouvernementaux et ceux sur le terrain, notamment les maitres d'ouvrages. Les premiers comprennent nos problèmes et essaient de les résoudre, les seconds s'en tiennent à leurs prérogatives, voire, négocient et vident les décisions de leur substance ». Mahboub met l'accent aussi par la réticence du secteur bancaire, l'insuffisance ou l'inadaptation des mécanismes de révision des prix et la rigidité de beaucoup de maitres d'ouvrages plus enclins à se prévaloir d'un arsenal réglementant la commande publique largement déséquilibré en défaveur des entreprises et prompts à appliquer les mesures coercitives, pénalités, résiliations.... Concernant les mesures non appliquées sur le terrain, la fédération évoque la résiliation des marchés en cours sans confiscation des garanties pécuniaires, la régularisation, par avenant, des délais d'exécution des marchés en cours, le non-rétablissement de l'équilibre financier des marchés, une lecture restrictive des dispositions de ladite circulaire à la défaveur de l'entreprise... les professionnels regrettent certaines pratiques comme l'introduction des clauses de renonciation dans ces avenants, l'application de pénalités de retard sur certains chantiers au cours de la période d'application de la circulaire, l'absence de retour ou le refus des requêtes visant à la revue des modalités de la révision des prix ... « la révision des prix relève du principe de la préservation de l'équilibre économique et doit refléter fidèlement les évolutions conjoncturelles surtout inflationnistes. Elle n'est nullement, une marge complémentaire mais bien une mesure de justice », fait savoir Mahboub. D'après le professionnel, certains établissements publics continuent actuellement de lancer des appels d'offres assortis de prix fermes ou de plafonner la révision des prix. « Cette situation préoccupante met en péril l'équilibre financier de ces marchés et porte un grand préjudice à la trésorerie des entreprises déjà très affaiblie par une conjoncture économique éprouvante », avertit-il. Pour sauver le secteur... Pour s'en sortir, la FNBTP appelle les maitres d'ouvrage à revoir leur copie. Elle exhorte aussi le gouvernement à prolonger la durée de validité de la circulaire en question pour une durée de 6 mois en veillant à da bonne application par tous les ordonnateurs publics concernés et ce, en introduisant des amendements qui permettront éclaircir des dispositions afin de faciliter et uniformiser la mise en œuvre. La fédération préconise également la mise en place des commissions chargées du règlement des litiges. «Nous avons conscience des efforts du gouvernement en faveur de notre secteur comme la réforme du décret des marchés publics qui vient d'être adoptée. Mais, nous sommes également conscients que seule une remise en compte totale du déséquilibre des relations maitres d'ouvrages-entreprises, permettront une amélioration globale et pérenne de la pratique de la commande publique », recommande la FNBTP qui souligne par la même occasion que seule la mise en place de mesures urgentes permettra d'accompagner et garantir la pérennité du secteur industriel et entrepreneurial marocain du BTP.