Etats des lieux... Le constat est alarmant : le Maroc figure parmi les 137 pays souffrant de pénurie aigue en matière de personnel de santé. Actuellement, on compte près de 50.000 infirmières et infirmiers qui travaillent dans le secteur public et privé et un total de 76.000 médecins. En ajoutant les pharmaciens et les dentistes, le chiffre atteint 139.000 de personnel de santé toutes catégories confondues soit un ratio de 3,8 pour 1000 habitants, alors que l'OMS recommande 4,45 pour mille. Ces chiffres sont révélés par Abdelali Alaoui Belghiti, expert en santé publique et ancien secrétaire général du ministère de la Santé lors de son intervention à l'occasion d'une conférence débat organisée par l'université Mundiapolis sous le thème « Les ressources humaines comme levier de développement du système national de santé ». «Pas de santé sans les ressources humaines. On peut mobiliser l'argent, la technologie... mais sans capital humain on ne peut pas réussir », résume le même expert qui note également que si rien n'est fait, le gap serait de 100.000 en matière de personnel de santé d'ici 2030. Et le déficit concernera toutes les régions du Royaume. Autre problématique relevée : une sur-spécialisation médicale avec un ratio spécialistes/généralistes de 1,9 contre les 1,5 recommandés par l'OMS et ratio infirmiers /médecins de 1,6. Que faire? Les avis sont donc unanimes : il faut anticiper la résorption du déficit et agir dès maintenant pour éviter une éventuelle « catastrophe ». «La santé est une priorité nationale. Et tout retard, est une déperdition énorme surtout qu'il y a deux grandes difficultés à prendre en considération : le temps de la formation et le nombre de formés », insiste Jaafar Heikel, docteur en épidémiologie et maladies infectieuses. Parmi les recommandations phares de la rencontre : le renforcement de l'offre de formation. «il faut exploiter tout le potentiel de la formation. Le privé doit donc contribuer à la formation du personnel soignant de demain. L'OMS recommande d'ailleurs une alliance entre le public et le privé pour relever le défi des besoins en formation du personnel de la santé », souligne Alaoui Belghiti. Consciente de l'enjeu, Mundiapolis a décidé le lancement de nouvelles filières en sciences de la santé notamment trois licences en soins infirmiers, un master en kinésithérapie du sport et un autre en Management de la santé globale. L'objectif selon le directeur général de l'université , Abdelmounim Belalia est de soutenir et accélérer la dynamique qui a émergé notamment pendant la pandémie en développant des programmes de formation capables de faire face aux évolutions majeures du secteur.