Déjà annoncés, en avril 2022, devant la Commission de l'enseignement, de la culture et de la communication de la première chambre, les chiffres choquants de la déperdition scolaire reviennent au cœur du débat au parlement. L'ampleur du drame Selon le rapport détaillé présenté auparavant par le ministre de l'Education nationale, du préscolaire et des sports Chakib Benmoussa, le nombre d'élèves qui quittent le système scolaire avoisine les 330.000 chaque année. Intervenant devant la commission de l'enseignement de la première chambre, Benmoussa affirme que le taux d'abandon scolaire au primaire a atteint 2,9%. D'une manière générale, le taux de déperdition scolaire pour l'année 2020-2021, au niveau national, les trois cycles du secteur public confondus, a atteint 5,3%. Ainsi plus de 331.000 élèves, filles et garçons, ont mis fin à leur parcours scolaire avec une augmentation de l'ordre de 0,3% par rapport à l'année précédente. Qui est touché? Un phénomène qui touche les différents cycles mais qui sévit davantage dans l'enseignement préparatoire. Ce dernier enregistre le taux le plus élevé avec 9,7%, talonné par le secondaire avec un taux qui s'élève à 7,4%. Ce taux est cependant moins important au primaire qui ne dépasse pas 2,9%. Ce chiffre part cependant à la hausse en milieu rural où il s'est élevé à 5,9% au cours de l'année 2020-2021, soit plus de 167.000 élèves déscolarisés. Les filles sont encore une fois les plus touchées par l'abandon scolaire et spécialement en milieu rural avec un taux estimé à 5,6% soit 76.000 écolières privées de leur droit à l'éducation. D'où vient le problème ? Problématique majeure du système éducatif marocain, le décrochage scolaire n'est pas le fruit du hasard. Les différents rapports ayant traité le phénomène relèvent plusieurs causes liées principalement à la situation socio-économique des élèves et de leurs familles. La pauvreté, l'éloignement géographique des écoles, les inégalités territoriales et régionales et la qualité de l'enseignement sont autant de causes citées par ces études. Ceci sans oublier le lourd impact du mariage précoce (surtout pour les filles) et le travail des enfants. Différentes causes qui privent des milliers d'enfants d'un moyen d'émancipation en les piégeant à jamais dans le cercle vicieux de la vulnérabilité socio-économique. Comment lutter ? Véritable défi, l'abandon scolaire coûte cher pour le Maroc que ça soit socialement ou économiquement. Répondant aux questions des parlementaires, lundi 27 juin 2022, Chakib Benmoussa a affirmé que son département a pris un nombre de mesures, en coordination avec toutes les parties concernées, pour lutter contre ce fléau. Ainsi pour asseoir le principe d'équité et d'égalité des chances, le ministère œuvre pour la généralisation de l'enseignement primaire. Une manière de couper le chemin à l'abandon scolaire à un âge aussi précoce. « Aussi l'élargissement de l'offre scolaire, notamment par la généralisation des écoles communautaires », ajoute Benmoussa. Au nombre de 226 aujourd'hui, l'offre de ces écoles sera renforcée par la création de 250 nouvelles unités du même type, dont 150 dans le cadre du programme d'appui financé par la Banque européenne d'investissement et l'Union européenne. Une question d'argent Ce programme cible principalement les zones rurales et montagneuses dans une approche de discrimination positive au profit des milieux ruraux et semi-urbains. Si en termes d'infrastructures scolaires, le taux de couverture est estimé actuellement à 70,7% dans les zones rurales, le ministère de l'Education ambitionne de l'élargir et d'implanter de nouvelles écoles dans les zones rurales et reculées. Benmoussa a également annoncé que quelques 2,6 milliards de dirhams ont été destinés à la réhabilitation des établissements scolaires en 2022, avec un intérêt particulier pour ceux du milieu rural et périurbain. S'exprimant au Forum de la MAP, le ministre a d'ailleurs indiqué que l'un des objectifs majeurs de la réforme de l'école publique est la réduction d'un tiers de la déperdition scolaire d'ici cinq ans. Un énorme chantier pour Benmoussa et son département.