En milieu rural, la déperdition scolaire est une réalité à laquelle le Maroc est toujours confronté. Malgré les efforts consentis par les différents acteurs du secteur de l'éducation et de l'enseignement et les résultats réalisés, les données sur l'abandon scolaire sont toujours alarmantes. L'Académie régionale de l'enseignement et de la formation (AREF) de Rabat-Salé-Kénitra, a dévoilé cette fin de semaine son bilan au titre de 2019, où elle expose les efforts déployés en vue de remédier à la situation. Malheureux, mais véridique! Les conditions de vie en milieu rural sont totalement différentes que celles de la ville. Manque d'infrastructure et de moyens, les jeunes et moins jeunes de la campagne sont encore et toujours confrontés à différents défis qui les poussent, malgré eux, à quitter les bancs de l'école avant même l'achèvement des cycles de l'enseignement obligatoire (primaire et secondaire collégial), et de ce fait, se convertir dans le travail domestique ou agricole, ou carrément se marier à un âge précoce pour les filles. Au titre de l'année 2018, le Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS) indique que les niveaux des taux d'abandon scolaire dans les deux milieux sont très proches, tous cycles confondus, avec 7,3% d'abandon dans l'urbain et 7,5% dans le rural. Cependant, l'analyse fine par cycle dans chaque milieu fait ressortir qu'en fait les cycles primaire et collégial sont plus touchés par l'abandon dans le rural que dans l'urbain. En 2018, le taux d'abandon enregistré était de 4,8% dans le primaire rural alors qu'il était de 2,2% dans le primaire urbain, fait observer l'analyse, tirant ainsi la sonnette d'alarme quant aux taux d'abandon en 6ème année primaire dans le milieu rural et qui est parmi les taux les plus élevés dans ce cycle (18,1%) comparativement à ce même taux dans le milieu urbain (5,9%). Dans le secondaire collégial, l'abandon en 2018 a touché 16,8% des élèves dans le rural contre 12,9% dans le milieu urbain. Et dans ce cycle, c'est toujours le niveau terminal (3ème année collégiale) qui est le plus concerné par l'abandon et de manière très prononcée dans le rural (22,7%) contre 17,7% en 3ème année collégiale du milieu urbain. Milieu rural: Abandon précoce pour les filles et plus tardif pour les garçons Par ailleurs, l'analyse par genre du CSEFRS fait ressortir que les filles s'en tirent mieux que les garçons quand il s'agit de l'analyse de l'abandon dans le cycle secondaire (collégial et qualifiant). Si 11,6% et 8,8% des filles abandonnent sans achever les cycles collégial et qualifiant en 2018, ces taux atteignent 16,6% et 11,9% respectivement pour les garçons, souligne le rapport. Par contre, poursuit l'analyse, les filles sont plus exposées à l'abandon au primaire avec 3,9% contre 3,4% pour les garçons. Le niveau terminal de 6ème année primaire constitue carrément un obstacle pour les filles dans leur transition au cycle collégial, où 14,6% décrochent à ce niveau contre 10,4% pour les garçons. Dans les fins de cycles collégial et qualifiant, c'est plutôt les garçons qui enregistrent les taux d'abandon les plus élevés. Les filles fragilisées par la difficile transition entre le primaire et le collégial Toujours en milieu rural, l'analyse indique que la différentiation de l'abandon selon le genre est plus grave dans le milieu rural où 5,6% des filles sont touchés par ce phénomène au primaire contre 4% des garçons. L'écart le plus important entre les deux sexes est observé en 6ème année du primaire dans le milieu rural, poursuit l'analyse, où le taux d'abandon atteint 23,4% pour les filles contre 13,6% pour les garçons, ce qui confirme encore plus la difficile transition des filles rurales entre le primaire et le collège comparativement aux garçons. Pour les garçons ruraux, l'abandon survient essentiellement au collège où 19% des garçons abandonnent contre 13,8% des filles, et plus particulièrement en 3ème année collégiale qui voit 24,6% des garçons quitter annuellement l'école, contre 20,1% des filles. Dans le milieu urbain, c'est plutôt les garçons qui sont les plus exposés à l'abandon. Ce constat se vérifie dans pratiquement tous les cycles et les fins de cycles du milieu urbain, affirme l'analyse.