Les prix à la pompe ont atteint leurs niveaux historiques dès le début de l'année 2022. Le prix du gasoil est passé de 9 à presque 11 DH. L'essence est commercialisé aujourd'hui à plus de 12 DH. Selon les experts, la flambée des prix des carburants risque de se poursuivre. Des tarifs historiques à l'international D'après l'économiste Rachid Ghazi, d'une part, le prix du baril du pétrole à l'international a grimpé de façon fulgurante ces derniers temps pour atteindre presque 90 dollars il y a quelques jours suite à la forte demande enregistrée avec la reprise des activités économiques. D'autre part, le marché est dopé par de fortes tensions géopolitiques impliquant les géants de la production et l'exportation de l'or noir notamment la Russie, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis...Des sites sont aussi à l'arrêt dans certains pays comme l'Angola, la Libye... ce qui impacte l'approvisionnement. Rachid Ghazi évoque également les pays de l'Opep+. «Les 23 membres de cette alliance ont décidé le 2 février dernier d'ouvrir leurs vannes en mars prochain. L'objectif est d'ajuster leur niveau total de production à 400 000 barils par jour pour la période à venir », explique-il ajoutant que seule cette alliance pourrait équilibrer le marché en augmentant l'offre pour répondre à la forte demande et ainsi tirer les prix vers le bas ». Une manne financière pour l'Etat Au Maroc, trois éléments composent le prix du carburant aujourd'hui : le prix du pétrole, les taxes et la marge des distributeurs. «Au-delà de l'impact subi suite à l'augmentation des cours à l'international, c'est la structure des prix des carburants qui pose problème», tranche le fiscaliste Mohamed Rahj. Il reste convaincu que l'Etat est responsable en partie de la situation actuelle. Comment ? «Les taxes représentent plus de la moitié du prix facturé au consommateur final. Outre les droits de douane, il faut compter un taux de TVA de 10% et une taxe intérieur de consommation qui dépasse 3,4 DH" "Pour un 1 litre de carburant vendu en moyenne à 10 DH, l'Etat empoche 5,5 DH d'impôts et taxes», explique Mohamed Rahj. Sur la marge de distribution, le président de la Fédération nationale des gérants et propriétaires des stations-service (FGNPS), Jamal Zrikem, précise que les propriétaires des stations de service ne profitent ni de la hausse ni de la baisse des prix des carburants. « Les prix ne sont pas calculés au niveau des stations de service. Nous appliquons les prix fixés par les compagnies pétrolières, moyennant une marge fixe qui ne dépasse pas 0,40 cts », assure t-il. Solutions préconisées Les avis des professionnels sont unanimes : le gouvernement doit intervenir pour limiter cette envolée qui impacte sévèrement l'activité et le pouvoir d'achat des consommateurs. Zrikem préconise un retour à la fixation des prix et au plafonnement. Vu qu'il serait difficile de revenir au système de la compensation, Rahj appelle le gouvernement à revoir son système de taxation. Il propose ainsi le recours à une baisse provisoire de la TIC. Il faudra aussi, selon lui, rappeler les sociétés d'importation à l'ordre puisque «l'adoption du nouveau régime a laissé le champ libre à des importateurs qui profitent de la conjoncture pour fixer les tarifs à leur guise ». De l'avis de Ghazi, la taxe sur le carburant est l'une des importantes recettes de l'Etat. Et dans un contexte de déficit public, difficile de se priver d'une telle manne financière. En France par exemple, et pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens, plutôt que de réduire les taxes, l'Etat a opté pour les chèques inflation au profit des français gagnant moins de 2.000 euros par mois. Au total 38 millions de français ont bénéficié d'un chèque de 100 euros avec une revalorisation de 10% des indemnités kilométriques. Au Maroc, le sujet semble ne pas inquiéter les pouvoirs publics. Pourtant le consommateur est exaspéré et déplore une explosion de son budget carburant à côté de celui d'achat de produits alimentaires. Que fera alors le gouvernement ? ...wait and see.