Par Michael Steen à Frankfurt La BCE a subi une pression croissante la semaine dernière pour réduire ses taux sur fond de craintes d'une infl ation au ralenti dans la zone euro. Entre temps, Berlin a riposté aux manoeuvres du Trésor américain qui lui a imputé les tendances défl ationnistes. Le taux d'infl ation annuel de la zone euro a ralenti de manière inattendue à 0,7% en octobre, bien en deçà de la cible de la BCE, proche mais inférieur à 2 %. Ce ralentissement survient au moment où l'Allemagne, première économie de la zone euro, a réagi avec colère aux accusations portées par le Trésor américain à propos des grands excédents persistants des balances courantes qui auraient crée un biais défl ationniste dans l'économie mondiale. Le Trésor a appelé Berlin à s'engager davantage pour stimuler la demande intérieure. « L'excédent de la balance courante allemande n'est nullement une raison de s'inquiéter, ni pour l'Allemagne, ni pour la zone euro ou pour l'économie mondiale. Il n'existe point de déséquilibres en Allemagne qui auraient besoin de correction », a déclaré le ministère Allemand des Finances. Le rapport de change semiannuel émis par le Trésor, publié mercredi dernier, a placé la critique allemande en tête du rapport en tant que « conclusion principale » outre la sous-évaluation du renminbi en Chine et la relance monétaire au Japon. Cela survient au moment où les relations germano-américaines sont à leur plus bas, suite à l'affaire de surveillance des communications téléphoniques de la chancelière Angela Merkel par les Etats-Unis. Le ralentissement de l'infl ation en zone euro met en évidence la lenteur du redressement économique de la région et augmente le risque de la défl ation à la japonaise devant une baisse constante des prix. Il relève en effet la barre de la réduction de la dette pour les membres de l'union monétaire touchés par la crise. Le soi-disant « fl ash » ou les prévisions initiales d'infl ation publiées par Eurostat, l'offi ce des statistiques de l'Union européenne, ont indiqué un nouveau ralentissement depuis septembre, lorsque l'infl ation a affi ché 1,1%. Une chute nette des coûts de l'énergie, de 1,7%, a entraîné le ralentissement des indices des prix à la consommation harmonisés, ciblés par la BCE. Mais le taux « de l'infl ation de base », hors énergie, alimentation, alcool et tabac, a également chuté à 0,8% à partir de 1%. Le Conseil des gouverneurs de la BCE se réunit au cours de cette semaine pour discuter des taux d'intérêt. Il a été divisé pendant des mois sur la question d'une nouvelle baisse en dessous de 0,5% de son taux principal de refi nancement, et si elle serait justifi ée. Une infl ation trop faible, un Euro trop fort -ce qui peut expliquer la baisse des prix de l'énergie- sont des arguments forts pour ceux en faveur d'une baisse des taux. La reprise fragile du bloc et les attentes d'une reprise de l'infl ation l'année prochaine sont les principales raisons citées par les partisans du non changement dans la politique monétaire. Malgré la pression pour davantage d'efforts à l'assouplissement de la politique monétaire, la banque centrale peut encore attendre sa réunion de décembre, lors de laquelle elle recevra les nouvelles prévisions actualisées à moyen terme de l'infl ation.