L'administration marocaine se modernise. Il ne s'agit pas là d'un slogan mis en avant par le gouvernement pour justifier les dysfonctionnements que connaît actuellement la fonction publique, et dont les citoyens ont un aperçu tous les jours. Il s'agit plutôt d'une stratégie gouvernementale pour une mise à niveau administrative qui s'est fait beaucoup attendre. Juste après la nomination du gouvernement de Abbas El Fassi, l'une des premières décisions prises par le ministre de la Modernisation des secteurs publics, le RNIste Mohamed Abbou en l'occurrence, est le lancement d'une étude stratégique visant le remodelage des grilles administratives et salariales de la fonction publique. Les premiers résultats de cette étude sont accablants pour l'administration marocaine. Parmi les griefs, on peut citer, pêle-mêle : un manque des ressources humaines, un faible niveau des salaires, une faible utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication, une grande tendance à la centralisation des prises de décisions A ceci s'ajoute le plus grand mal qui ronge actuellement notre administration, à savoir la corruption. Des mesures d'urgence s'imposent donc. Et le ministère de tutelle a réagi en mettant en place un plan comprenant des dispositions à mettre en place sur un court et moyen termes. Cinq grands axes ont été fixés: proximité des administrés, services de meilleure qualité, transparence, gestion raisonnable des ressources et simplification des procédures. De manière plus concrète, trois mesures phares ont été annoncées. La première est la mise en place de guichets de proximité ouverts aux administrés pour les différents services administratifs. Ces guichets délivreront, à l'instar d'une administration normale, des documents officiels comme le certificat d'acte de naissance ainsi que toutes les procédures de légalisation. Ils seront installés dans les grandes surfaces, les souks ruraux et les gares routières et ferroviaires. Ces guichets seront ouverts tous les jours, fêtes et jours fériés compris. La seconde mesure est précisément en rapport avec les horaires de travail des différentes administrations, surtout celles qui sont en contact permanent avec les citoyens. Ainsi, il sera installé, et de manière systématique, un service de permanence. Au sein du ministère de la Modernisation des secteurs publics, on met en exergue une précédente expérience mise en place par les services de l'Intérieur qui, durant l'été dernier, ont mis en place des permanences de 7h à 20h en semaine et ont ouvert leurs portes même le samedi matin. Le troisième axe de ce plan d'urgence touche directement la relation entre l'administration et le citoyen. Dans ce sens, l'accent sera mis sur les services d'accueil et d'information qui devront exister au sein de toute administration. SMIG pour tous Et quand l'administration se modernise, ce sont surtout ses fonctionnaires qui en profitent. L'un des plus grands chantiers ouverts par le ministère de la Modernisation des secteurs publics n'est autre que la réforme de la grille des salaires de la fonction publique. En attendant les résultats définitifs de l'étude stratégique lancée l'année dernière, une revalorisation des salaires est programmée. Il s'agit grosso modo du fruit des négociations entamées entre le gouvernement et les différentes centrales syndicales dans le cadre du dialogue social. La plus récente concerne l'accroissement du rythme d'avancement des fonctionnaires classés aux échelles de rémunération de 1 à 4. Le décret concernant cette mesure devra être adopté par le conseil du gouvernement dans les jours à venir. Cette mesure profitera à 38.270 fonctionnaires, avec un coût global de 370 millions de dirhams. Un nombre similaire de fonctionnaires des collectivités locales en bénéficiera également avec le même coût. Dans cette même optique, le gouvernement a décidé d'augmenter le montant des indemnités allouées à certaines catégories de fonctionnaires et agents classés aux échelles de rémunération de 1 à 9 d'un montant variant entre 300 et 495 dirhams. Cette mesure s'appliquera en deux temps : juillet 2008 et juillet 2009. Enfin, et toujours dans ce même cadre de revalorisation des salaires des fonctionnaires, il a été décidé de mettre en place une indemnité au profit des employés des départements de l'Education nationale, de la Santé et de la Justice dans les régions éloignées et d'accès difficile du monde rural. L'objectif principal est d'encourager ces fonctionnaires. Environ 60.000 fonctionnaires bénéficieront de cette mesure, dont la majorité dépend du département de l'Education nationale avec un coût global de 350 millions de dirhams.