Un père maçon, un grand-père maçon, une famille de maçons, un village de maçons et, lui, photographe d'architecture essentiellement. Il n'est pas allé trop loin chercher l'avenir cet enfant du Mont-Liban. Mais son parcours est un brin plus compliqué que cela. Agé de douze ans, Michel Nachef est envoyé en pension par le prêtre du village dans une école, loin des siens, pour suivre des études dans un internat religieux. Il en ressort imbibé des littératures arabe et française. Après un passage par l'Ecole normale de Beyrouth, Il atterrit en Belgique où s'effectue son premier contact avec la photographie. Sans plus. A son retour au Liban, il intègre le lycée de Baalbek en tant qu'instituteur. Il ne sait pas encore que c'est au Maroc qu'il fera le plus important de sa carrière. Au lendemain de l'indépendance, le royaume est à la recherche d'enseignants bilingues. Michel Nachef, qui vient de boucler sa première année d'instituteur, postule et se retrouve en poste à Salé. Il y passera dix ans et en profitera pour découvrir le pays à coups d'expéditions et de randonnées. Des voyages qu'il immortalise en réalisant des centaines de photos. L'homme prend goût à l'image et tente une nouvelle aventure. Il commence par démissionner avant d'envoyer une demande à l'IDHEC en France pour suivre des études de cinéma. Sans succès. Déçu, il rentre au Liban. Après un passage à vide, il répond à une annonce. «El Hasna», pendant arabe de la revue française «Elle» recherche un photographe. Michel, âgé alors de 32 ans, montre ses photos prises au Maroc. Il est immédiatement embauché et envoyé en Jordanie et en Israël pour s'attaquer à son nouveau métier. Quelque temps après, il est forcé de quitter la revue. Il apprend ensuite que les Studios Souissi de Rabat sont à la recherche d'un photographe. Ce sera lui. Il passera son temps à travailler sur commande en sillonnant le pays. Ces vadrouilles sont une excellente source d'inspiration et il savait qu'il allait y retourner pour son propre compte.