CONJONCTURE Le Maroc fait face à un problème de liquidité, devenu structurel. La Banque Centrale tente de trouver des solutions, les banques aussi. Mais le pays a besoin de visibilité à long terme pour voir le bout du tunnel. L'économie nationale fait face à de sérieux problèmes. Celui relatif à la sous-liquidité bancaire qui affaiblit les capacités d'investissement des entreprises en est un et non des moindres. Les dernières nouvelles sur le sujet sont loin d'être bonnes. Selon la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) relevant du département des Finances, le déficit de liquidité bancaire s'est encore creusé au cours de juillet dernier, par rapport au mois précédent. Ceci malgré les interventions régulières de Bank Al-Maghrib pour l'injection de la liquidité, essentiellement à travers les avances à 7 jours sur appels d'offre au taux de 3%, dont le volume moyen a atteint environ 42,5 milliards de dirhams, soit un niveau proche de celui enregistré le mois précédent (42,8 milliards de dirhams), face à une demande qui s'est inscrite en baisse, passant en moyenne de 71,2 milliards de dirhams le mois précédent à 62,2 milliards de dirhams en juillet. La situation aurait été donc catastrophique si ce n'était l'intervention de Bank Al-Maghrib, notamment à travers les opérations de pensions livrées à 3 mois d'un montant de 14 milliards de dirhams et par le biais des prêts garantis d'un montant de 6 milliards. Pour rappel, dans son rapport annuel 2012, Bank Al Maghrib (BAM) a prévenu des risques de creusement du déficit de liquidité, sous l'effet principalement de la baisse des réserves de change. D'ailleurs, devant l'ampleur et la persistance du besoin de liquidité des banques (61,8 milliards de dirhams en moyenne en 2012 contre 23,7 milliards un an auparavant), le Conseil de Bank Al-Maghrib avait décidé, lors de sa réunion de septembre 2012, de réduire de 2 points de pourcentage le taux de la réserve monétaire, le ramenant à 4%. Ajoutée aux autres mesures prises, celle-ci a permis une injection de liquidité de 7,6 milliards de dirhams. Elle a contribué aussi au maintien du taux interbancaire à un niveau globalement proche du taux directeur. Il n'empêche, la dégradation de la position structurelle de liquidité des banques est passée de -1,1 milliard de dirhams en 2011 à -41,3 milliards en 2012, selon BAM. La Banque centrale précise que c'était surtout là une conséquence de la baisse de 31,7 milliards de ses réserves nettes de change. Cette situation a impacté la capacité des banques à financer l'économie réelle. La preuve : le rythme d'accroissement du crédit bancaire a décéléré de 10,6% en 2011 à 4,6% en 2012, selon BAM, poursuivant la tendance quasicontinue observée depuis 2008. Ce constat a été confirmé par les résultats de l'enquête sur les conditions d'octroi de crédit, qui a fait ressortir en 2012, la poursuite du durcissement de la politique d'offre de crédits par les banques, depuis 2009, parallèlement à un repli de la demande d'emprunt, en particulier celle émanant si les dates n'ont pas encore été arrêtées », précise les analystes d'OBG. Ces derniers estiment que la planche du salut pour le Maroc est de « conquérir les marchés internationaux de la dette ». C'est le seul moyen devant permettre de lever les capitaux nécessaires pour renforcer le niveau de liquidité des banques et appuyer les projets d'expansion à court terme. OBG rappelle qu'Attijariwafa Bank, a annoncé qu'elle émettrait des titres de créance libellés en devises à hauteur de 500 millions de dollars pour appuyer son expansion future. L'émission obligataire a été approuvée par l'assemblée générale de la banque à la fin du mois de mai, mais sa date n'a pas encore été communiquée.Corporation (OPIC) américaine concernant l'octroi d'un prêt de 40 millions de dollars sur huit ans. Les fonds octroyés par l'OPIC, une institution gouvernementale américaine qui effectue des investissements privés dans des projets de développement économique étrangers, seront alloués au financement de petites et moyennes entreprises. OBG a également rappelé que BMCE Bank prépare elle aussi une émission d'obligations internationales à hauteur de 500 millions de dollars sur cinq ans, et a engagé Barclays, Citibank et BNP Paribas à titre de conseillers. Autre rappel : la BCP a annoncé en juillet qu'elle envisageait d'émettre des obligations en devises des entreprises. Du reste, en constatant un net ralentissement de l'activité économique, BAM pointe du doigt « les incertitudes » entourant les perspectives économiques du pays. Et c'est là où le bas blesse ? Comment s'en sortir ? La réponse vient d'être donnée à travers une analyse publiée le 29 août dernier par Oxford Business Group (OBG). Ce cabinet d'intelligence économique britannique a fait le tour des mesures prises dans le pays pour la reconstitution des liquidités dans le secteur bancaire marocain, rappelant que les trois principales banques du Maroc prévoient de contracter des emprunts sur les marchés de capitaux internationaux en 2013. Il s'agit d'Attijariwafa Bank, de la Banque Centrale Populaire (BCP) et de BMCE Bank. « Toutes se préparent à émettre des obligations libellées en devises étrangères cette année, même Le cabinet note aussi que ce groupe a signé en juillet un accord avec Citibank Maghreb et l'Overseas Private Investment Corporation (OPIC) américaine concernant l'octroi d'un prêt de 40 millions de dollars sur huit ans. Les fonds octroyés par l'OPIC, une institution gouvernementale américaine qui effectue des investissements privés dans des projets de développement économique étrangers, seront alloués au financement de petites et moyennes entreprises. OBG a également rappelé que BMCE Bank prépare elle aussi une émission d'obligations internationales à hauteur de 500 millions de dollars sur cinq ans, et a engagé Barclays, Citibank et BNP Paribas à titre de conseillers. Autre rappel : la BCP a annoncé en juillet qu'elle envisageait d'émettre des obligations en devises étrangères à court terme avant la fin de l'année. D'après une déclaration de la direction de la banque, recueillie par Reuters au mois de juillet, la BCP n'a pas de besoin de financement immédiat, mais souhaite mobiliser des capitaux étrangers pour favoriser le crédit et diversifier ses sources de revenus, face à la pénurie de liquidités nationales. Conclusion du cabinet britannique : le recours aux marchés étrangers contribuera à réduire la pression exercée sur les ressources bancaires. Le Trésor public compte aussi tirer profit de l'éligibilité du pays à la Ligne de précaution et de liquidité (6,2 milliards de dollars sur 2 ans) ouverte par le Fonds Monétaire International (FMI). Encore faut-il que les responsables politiques du Royaume offrent la visibilité nécessaire pour que les actions menées soient prises sans tarder. Parce qu'il y a péril en la demeure !