Le conducteur du train dont le déraillement mercredi à Saint-Jacques de Compostelle a fait 78 morts était en garde à vue samedi 27 juillet. Il est accusé d' »homicide par imprudence ». En outre, les autorités semblaient écarter toute lacune du système de sécurité. Légèrement blessé dans l'accident, Francisco José Garzon Amo, âgé de 52 ans, est sorti de l'hôpital pour être transféré au commissariat, « arrêté pour des faits présumés d'homicide par imprudence », a annoncé le ministre de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz. Placé en garde à vue dès jeudi soir, il avait refusé vendredi de répondre aux questions des policiers. Il pourrait être entendu dès dimanche par un juge. Tandis que deux enquêtes, l'une judiciaire et l'autre administrative, ont été ouvertes pour tenter d'expliquer cette tragédie ferroviaire, la pire en Espagne en près de 70 ans, les autorités mettaient en cause ce cheminot, qui travaille depuis 30 ans à la compagnie publique des chemins de fer Renfe. « Il y a des indices raisonnables pour considérer qu'il puisse avoir une éventuelle responsabilité dans ce qui s'est passé, ce que devront de toute façon déterminer le juge et l'enquête », a estimé le ministre, à l'occasion d'un déplacement sur les lieux de l'accident, où gisait encore la locomotive, coupée en deux sous la violence du choc. « Déjà, quatre kilomètres avant le lieu de l'accident, il s'est vu notifier de commencer à ralentir », soulignait plus tôt le président du gestionnaire du réseau Adif, Gonzalo Ferre, sur la télévision nationale. « A cet endroit passent six trains chaque jour et ce conducteur y est passé 60 fois, c'est-à-dire que sa connaissance de la ligne doit être exhaustive et maximale, à un endroit où la vitesse est limitée de manière permanente à 80 kilomètres/heure », a renchéri le président de Renfe, Julio Gómez-Pomar Rodríguez, sur la télévision Antena 3. Deux éléments jouent en la défaveur du chauffeur: une retranscription d'une communication radio, révélée par El Pais, dans laquelle il admet qu'il circulait à 190 kilomètres/heure au lieu des 80 autorisés, et une vidéo de quelques secondes diffusée sur internet, semblant provenir d'une caméra de sécurité sur les voies et montrant un train qui surgit à toute vitesse à l'entrée du virage, puis sort des rails et se couche sur le côté.