Les syndicats disent qu'ils ont mauvaise presse. Ils doivent aussi savoir qu'ils sont mal vus, même en dehors de la presse. Ces témoignages le prouvent. Propos recueillis par N.M. et H.K.I. Hind Jalouni, formatrice à l'association MEDA Maroc « Mener des actions syndicales est un travail à plein temps qui demande un fort engagement moral, intellectuel et physique. Il est nécessaire pour défendre et protéger les droits des travailleurs. Sauf que dans la vie réelle on est souvent déçu par les prestations des syndicats nationaux. En politique comme en action syndicale, notre plus grand problème c'est la confiance ; surtout si l'on découvre que syndicats et partis politiques sont loin d'être de véritables institutions avec des programmes, mais juste des personnes qui ont été décrédibilisées au fil des élections et des expériences ». Mustapha Rahine, élu et membre du conseil national de l'UMT « Après avoir joué un rôle crucial dans la résistance et l'indépendance du Maroc, les syndicats marocains ont été plus tard le noyau générateur des partis politiques nationaux. Il ne faut pas oublier non plus que les syndicats ont défendu au fil des ans les intérêts des travailleurs en général et ont pu réaliser d'importants acquis notamment le droit à la grève. Mais les temps ont changé. La dispersion et la « balkanisation » des grands syndicats qui ont enfanté d'autres plus nombreux et moins forts a sensiblement affaibli l'action syndicale dans notre pays. Au lieu de s'unir en face du patronat et de l'Etat, ils se sont usés dans des conflits intestinaux qui n'ont fait qu'aggraver la situation. Autre mal qui ronge le corps syndical, c'est la politisation de ses actions. Lorsqu'un syndicat devient le bras politique d'un parti, il perd son indépendance et son objectivité. D'où l'intérêt de sortir le plutôt possible la loi organique des syndicats et qui tarde à voir le jour depuis des années. Un souhait toutefois ou plutôt un appel que j'émets : Syndicats unissez-vous pour plus de force et plus d'efficacité et n'oubliez pas que notre grand souci reste de défendre les droits des travailleurs !» Hamza Hamzaoui.Etudiant en Marketing à l'ENCG Settat Les syndicats ne défendent pas les travailleurs de lameilleure manière qui soit puisque les ouvriers sont malmenés et obéissent aux patrons sans respect de leurs droits les plus fondamentaux parfois. Et là, je pense, par exemple, aux ouvriers morts dans une usine à Hed Soualem il y a deux ans. Il serait plus judicieux que les syndicats unissent leurs actions pour les rendre plus visibles mais surtout viables pour cette classe qui reste négligée au sein de la société marocaine. Réda Marhraoui. Cadre en logistiques Le jour où les syndicats régleront leurs conflits internes, ils pourraient espérer servir les intérêts des travailleurs. J'ai déjà vu un syndicat de l'intérieur, ayant été affilié à l'UMT l'année dernière et je peux vous dire que c'est loin d'être gagné. A mon avis, la plupart des syndicalistes ne sont pas là pour défendre les intérêts des travailleurs mais surtout pour s'enrichir et avoir du pouvoir. C'est un moyen comme un autre pour s'offrir une place au sommet. Même lorsqu'ils prétendent défendre les travailleurs, leurs intentions ne sont pas saines. D'ailleurs, chaque année, le 1er mai est l'occasion pour eux de montrer leur fausse indignation. Il s'agit d'un festival annuel, d'une démonstration de forces, où chaque syndicat fait son cirque pour tirer la masse de son côté. Aujourd'hui, on a plutôt besoin de fond que de forme. Ali El Hanifi, Enseignant stagiaire Il est clair que les syndicats d'aujourd'hui ne pensent plus qu'à se faire de l'argent aux dépens des employés. Ils s'enrichissent, se disputent et se réconcilient et oublient carrément leur rôle principal : défendre honnêtement les intérêts des travailleurs. Aujourd'hui, le syndicalisme est une source d'enrichissement. Et le 1er mai est juste une occasion pour les syndicats de tenter de cacher leurs défauts et prouver qu'ils existent Youssef Arsalane, Informaticien Les syndicats ont toujours été des défenseurs des droits des travailleurs. Grâce à eux, beaucoup de choses ont été acquises et réalisées dans le monde du travail. Mais de jour en jour, ces partisans de la défense des droits des employés, ceux qui doivent trouver des solutions aux problèmes des travailleurs, ne cherchent plus qu'à défendre leurs intérêts aux dépens de ceux des employés.