La crise sahélienne de 2012 affecte près de 800.000 Sénégalais. Une partie de la population de la zone nord du pays de la Teranga a échappé à la famine. Par Salaheddine Lemaizi, à Ndioum au Sénégal RN2, direction le nord du Sénégal, un vent chaud souffle sur Ndioum, une des localités sises à la frontière avec la Mauritanie. La carcasse d'une bête gît au bord de la route et les graines de sables gagnent du terrain sur les surfaces agricoles. Dans ces conditions climatiques extrêmes, une partie de la population vivant d'une agriculture vivrière et de l'élevage est contrainte de migrer vers les centres urbains à Saint Louis ou à Dakar. Ceux qui ne peuvent quitter leurs terres font face, depuis une année, à une famine. La première dans l'Histoire de ce bassin agricole fort important. La faim progresse... Entrainant famine et sécheresse dans le pays, la crise sahélienne de 2012 affecte près de 800.000 Sénégalais. Une partie de la population de la zone nord du pays de la Teranga a échappé à la famine l'été dernier. Grâce aux interventions d'organisations humanitaires comme Action contre la faim, Hunger project ou des projets financés par l'USAID, ces agriculteurs peuvent aujourd'hui souffler, en attendant l'été 2013. Action contre la Faim a mis en place des programmes d'accueil et de dépistage de la sous-nutrition infantile. Le nombre de bénéficiaires est estimé à 2.178 enfants, totalement pris en charge. Le rapport de 2012 de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) sonnait déjà la sonnette d'alarme sur l'insécurité alimentaire en Afrique subsaharienne. « La faim a reculé dans le monde, sauf en Afrique où elle a augmenté », constate le FAO. Le recul a été enregistré en Asie de l'est, touchant 167 millions de personnes en 2010-2012 contre 261 millions vingt ans plus tôt (1990-1992). A l'inverse, la situation s'est dégradée, sur la même période, en Afrique subsaharienne, passant de 170 millions à 234 millions de personnes affectées ! Dans le monde, 868 millions de personnes souffrent de la faim. Changements climatiques Comment une région, historiquement agricole, est-elle en train de se transformer en zone de la faim ? « Cette région du Sénégal a vu sa température augmenter de 2C° durant les 50 dernières années, alors que la moyenne mondiale du réchauffement climatique est de 0,5C° », explique le conseiller environnemental de la Fédération des associations du Fouta pour le développement. Cette région du monde connait aussi la montée des extrêmes climatiques : Inondations, érosion des berges du fleuve Sénégal, baisse des rendements agricoles, notamment du riz, incidence des fortes chaleurs sur les besoins en eau, ainsi que sur la disponibilité et la qualité des fourrages du cheptel. Sans oublier la dégradation des niveaux de stock des richesses halieutiques du littoral atlantique. Les conséquences sociales de ces changements sont visibles. Les populations voient leurs revenus baisser et leur pauvreté s'aggraver, conduisant de facto à des pressions sur les ressources naturelles et le retour de la famine. La sous-alimentation chronique est en hausse, passant de 18,3% de la population en 2001 à 20,4% en 2012 Reportage réalisé avec le soutien de l'Institut Panos Paris et l'Institut Panos de Afrique de l'Ouest.