Je ne fais pas de la peinture gentille. Je veux donner la parole à ceux qui n'ont pas la possibilité de parler". Comment Ghass Rouzkhosh y parvient-il? En rappelant à l'homme ses actes avec des touches chocs. Il peint la guerre et ses méfaits, l'obscurantisme et ce qu'il en découle, la souffrance déployée par l'être humain. La guerre, encore la guerre, parce qu'il en a été témoin à son 18ème printemps. "Une seconde de guerre suffit pour mourir", dit-il. L'art pour l'art n'est donc pas son crédo. Il s'insurge contre une réalité qui plonge jour après jour le monde dans le chaos. Une cascade d'interrogations qui émanent d'une préoccupation lancinante : tenter un dialogue là où ça saigne, là où ça fait mal. C'est pourquoi son travail est définitivement universel. Il parle à tout le monde, parfois individuellement, en tutoyant presque. La souffrance, insiste-t-il, n'a pas de couleur ou de nationalité. Ce qu'il reproduit ce sont les messages de ceux qui n'ont plus de voix, ceux dont le regard est ailleurs, ceux qui ne sont plus là. Seulement, derrière ces scènes de désolation, se profile un rayon d'espoir. En pointant ces forfaits, l'artiste suggère une vie avec d'autres résonances, d'autres consonances. Rouzkhosh a vécu la paix, a vécu la guerre. Il préfère raconter cette dernière. Avec une débauche de rouge et un appétit féroce pour la sérénité. Au-delà, c'est un questionnement sur le présent, l'avenir et le passé. Un passé dont on ne connait pas la fin. Cette révolte est visible, après un passage par Rabat, à la Villa des Arts de Casablanca du 19 novembre au 25 décembre.