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Le Pape, les intellectuels et la culture française
Publié dans L'observateur du Maroc le 16 - 09 - 2008

Dans quel état le Pape trouve-t-il la France ? Quelle image s'en fait-il ? Pour lui comme pour beaucoup d'intellectuels étrangers, la France est avant tout le français et ce qui s'y est écrit. Lorsqu'ils sont catholiques, il est naturel qu'ils privilégient des écrivains comme Claudel, Péguy ou Bernanos. Le Pape a parmi ses théologiens préférés Hans Urs von Balthasar, Suisse alémanique mais parfait connaisseur de la langue et de la littérature française, qui a passé la dernière guerre à Lyon, chez les jésuites de Fourvière.
On y trouve aussi des Français, tous les artisans de la grande renaissance des études catholiques qui commença dans les années 1950 avec d'admirables études sur les sources du christianisme : la Bible, les Pères de l'?glise, la scolastique médiévale.
Les PP. Bouyer, Chenu, Congar, Daniélou et de Lubac furent des références pour le jeune Joseph Ratzinger, comme ils le restent pour les catholiques du monde entier qui essaient de penser leur foi. Mais pour le Pape comme pour tous les étrangers, même les mieux avertis, il faut tenir compte d'un certain retard. Nous avons tous tendance à photographier les cultures étrangères dans l'état où elles étaient au moment où, étudiants, nous les avons découvertes. Ainsi, pour beaucoup, la pensée française, c'est encore Sartre et Camus et, en face, Gilson et Maritain. Ou, une génération plus tard, Foucault et Deleuze, voire les «nouveaux philosophes».
Il n'est pas question de porter un diagnostic d'ensemble sur la culture française d'aujourd'hui. Ce qui s'exporte n'est pas toujours de la meilleure qualité. Le temps fera son œuvre de sélection. Et, surtout, la culture française n'est pas unifiée. En matière de religion, elle est au contraire profondément divisée.
La France est depuis des siècles un pays double. Elle est d'une part le pays de Vincent de Paul et de Thérèse de Lisieux, celui qui a fourni les gros bataillons de missionnaires au XIXe siècle. Elle est le pays des grands écrivains catholiques. Au XXe siècle, elle a produit des théologiens du même niveau que les Allemands.
Mais elle est aussi le pays de l'anticléricalisme. C'est en France que l'?tat moderne, dès Philippe le Bel, s'est opposé le plus violemment au Pape, jusqu'à le kidnapper. C'est là que Louis XIV est arrivé à kidnapper, cette fois en bloc, l'?glise de France, non sans la complicité de celle-ci, et à la mettre à son service. La France est le pays de la Révolution. Celle-ci tenta d'abord de réaliser le rêve des rois en faisant de l'?glise, avec la Constitution civile du Clergé, un instrument de l'?tat. Puis elle voulut en finir avec le christianisme par une persécution sanglante. C'est en France que la bourgeoisie radicale du XIXe siècle réussit à détourner le mécontentement populaire sur «les curés».
L'anticléricalisme combat les vices du clergé et ses prétentions à tout régenter. Il peut le faire au nom même des exigences du christianisme auxquelles les chrétiens, même les clercs, ne sont que rarement fidèles. Mais en France la haine du christianisme comme tel, surtout catholique, prit dès le XVIIe siècle une virulence particulière.
Les Lumières françaises, à la différence du reste de l'Europe, tournèrent parfois à un athéisme radical. Depuis peu, cette haine s'étale avec une violence accrue. Et peu importe qu'elle fasse mine de porter sur «les religions», «les monothéismes», etc. ou qu'elle avoue franchement son véritable objet.
C'est donc un pays difficile que le Pape visite. Les catholiques lui montreront des réussites réelles et peut-être quelques villages à la Potemkine. En face, on criera à la reconquête, on protestera au nom de la «laïcité» et des «Lumières». Des deux côtés, on se plaindra. Le Pape est assez fin mouche pour ne pas se laisser duper ou impressionner.
Mais je crains que, des deux côtés, les Français ne ratent l'occasion de se poser quelques bonnes questions : comment vivre en paix les uns avec les autres, et avec le passé de tous ? Peut-on prendre comme principe : n'importe quoi, le meilleur comme le pire (les exemples sont au choix), mais en tout cas pas le christianisme ? Un peuple qui renonce à sa foi peut-il encore désirer vivre ? J'espère que le Pape les aidera à se les poser.


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