Le Maroc prend part au Forum africain des infrastructures le 8 et 9 avril à Yaoundé. Cette treizième édition est l'occasion de rappeler les enjeux majeurs du développent des infrastructures dans le continent africain. En attendant d'en savoir plus sur les représentants du Maroc à Yaoundé lors de la tenue du Forum africain des infrastructures le 8 et 9 avril, son enjeu pour le Royaume mérite qu'on s'y arrête. En signant l'accord de la zone de libre échange continentale africaine, le Maroc s'est ouvert les portes d'un marché de 1,2 milliard de personnes, représentant un PIB total de 2.500 milliards de dollars. L'occasion pour lui d'accroitre ses exportations vers les pays africains, qui ne représentent aujourd'hui que 3,2% du total de ses exportations vers le reste du monde, comme le signalait un récent avis du CESE sur l'intégration africaine. Au niveau des importations nationales, la part des achats venant d'Afrique est de 2,5%. Notons aussi que la Zlecaf pourrait avoir un impact sur l'industrialisation de l'Afrique à travers la création de nouvelles chaînes de valeurs communes. La création de cette zone permettra ainsi d'augmenter le niveau de commerce intra-africain de près de 25% à moyen terme pour atteindre 52% à long terme. En attendant, les Marocains ont tout intérêt à bien marquer leur présence aux côtés des grands opérateurs continentaux à chaque fois que l'occasion leur est offerte de le faire. C'est dans cette perspective que s'inscrit l'importance de la participation marocaine au Forum africain des infrastructures qui alliera participation présidentielle et virtuelle. Tant d'infrastructures à bâtir Si les infrastructures et la logistique ne sont pas encore développées aujourd'hui en Afrique, c'est parce que leur mise en place ne peut être rentable dans un schéma de fermeture des marchés. Avec l'entrée en vigueur de la Zlecaf, les investissements dans des projets portuaires, des routes de transit, des chemins de fer deviendront rentables d'un point de vue économique. Ils encourageront ainsi les flux d'entrée d'IDE et rassurent les investisseurs sur le risque pays. Ils permettront aux gouvernements de repenser leur stratégie d'intégration régionale, de désenclavement et de développement humain sur le long terme. « Le Maroc a investi plus de 7 milliards de dollars dans ses chemins de fer. L'enveloppe a servi à réhabiliter le réseau existant, à augmenter de la capacité en doublant et triplant les lignes et à construire des gares», déclare Rabie Khlie, dans une interview mise en ligne sur la chaîne YouTube dédiée au Forum africain des infrastructures.
Le directeur de l'ONCF s'arrête sur la ligne grande vitesse lancée en 2018 qui fait aujourd'hui la fierté du Maroc : «Le TGV a transporté plus de 3 millions de passagers lors de sa première année. L'ONCF a réussi ainsi à faire de la marge opérationnelle, au-delà de ce qui a été prévu positif, et même couvert la charge d'amortissement du matériel. Il s'agit d'une chose exceptionnelle dans ce genre de projet, et ainsi nous pouvons dire que c'est une réussite en termes d'optimisation ou de coût de projet. C'est très compétitif par rapport à ce qui a été observé en Europe». Et Khlie de conclure : «Nous sommes sortis avec un coût de 50% moins cher de ce qui a été pratiqué en Europe tout en concevant un modèle d'exploitation très optimisé pour pouvoir appliquer une tarification appropriée et adapté au pouvoir d'achat des marocains». Ce projet a donc valeur d'exemple pour le reste des pays africains. Il est fort probable qu'il serait sous les feux des projecteurs lors du Forum de Yaoundé. Lors de cet évènement, il sera beaucoup question de projets novateurs comme celui du TGV marocain. Le rôle de l'innovation en matière d'infrastructures sera aussi parmi les axes centraux des échanges, tout comme la digitalisation. Les défis de réhabilitation, de mise à niveau et d'entretien et l'importance des modèles PPP au niveau africain seront également à l'ordre du jour au Forum. Pour toutes ces raisons, cet évènement mérite bien le détour. Le thème central de ce carrefour des bâtisseurs est «L'Afrique Centrale – Les infrastructures de transport : entre vision et action». Il tombe à point nommé pour donner suite à l'accord de la zone de libre échange continentale africaine (ZLECA) dont le parachèvement de l'entrée en vigueur est attendu en ce début de 2021.