Comment s'est passée votre préparation ? Très bien, grâce à Dieu, tranquillement. On a effectué beaucoup de voyages mais dans l'ensemble, tout est OK. On a réussi à bien bosser. Le groupe est-il physiquement prêt pour le Mondial ? Oui. On en parlait récemment avec les autres joueurs de l'équipe, on se sent tous bien. On peut le voir aux nombres de courses qu'on arrive à reproduire en match malgré les grosses séances et les nombreux voyages. Le groupe a des jambes. Dans quel état d'esprit se trouve le Maroc ? L'état d'esprit est bon, comme depuis deux ans. Depuis que je suis en sélection, l'état d'esprit a toujours été top, il y a toujours eu une bonne ambiance et une bonne entente entre nous. Et avec nos résultats, on arrive à conserver cette une bonne lancée. Il faut continuer. Décris-nous l'ambiance au quotidien ? Elle est nickel, rien à dire. On est tous là, ensemble, on passe de bons moments. On rigole bien et on vit bien. Et dès qu'on se trouve sur le terrain, on arrive à mettre la rigolade de côté pour bosser. On sait qu'une Coupe du Monde, ce n'est pas tous les jours. On essaie de mettre toutes les chances de notre côté. Sur les réseaux sociaux, on a l'impression que vous vivez comme une véritable famille… Oui, c'est tout à fait ça. On s'entend tous très, très, très bien. On est comme des frères, on est trop content de se retrouver et d'être ensemble. À chaque fois, on ressent la même chose. L'osmose est parfaite. Entre les joueurs qui viennent du Maroc, ceux des Pays-Bas et ceux de France, tout est parfait. Tout se passe bien. Est-ce que vous vous rendez compte de ce que vous allez vivre ? De ce que représente une Coupe du Monde ? Personnellement, ça commence à monter. Mais tant que la compétition n'a pas commencé, je n'arrive pas à… (Il coupe). Je commence à sentir que ça se rapproche. On en parle entre nous, on se dit que c'est un truc de ouf, tout ça. On entre dans le vif du sujet. Êtes-vous satisfaits de ce que vous avez proposé durant les matchs de préparation ? Bien sûr. Déjà, on n'a pas perdu. Du coup, c'est bien, on poursuit notre série d'invincibilité. Et ça, c'est le plus important. Surtout pour la confiance. On a pu tester différents systèmes, on a bossé quoi. On s'est préparé à toutes les éventualités durant le Mondial. Le coach a pu mettre en place plusieurs dispositifs.« On a déjà franchi les poules et on a déjà battu le Portugal en Coupe du Monde » « On a déjà franchi les poules et on a déjà battu le Portugal en Coupe du Monde » Tu t'apprêtes à disputer ta première Coupe du Monde. Tu as demandé des conseils à des joueurs qui ont déjà participé à un Mondial ? Etant arrivé sur le tard dans le monde professionnel, je n'en connais pas personnellement. Après, on a déjà pu échanger à ce sujet avec Mustapha Hadji (ndlr : sélectionneur adjoint). Lui a déjà joué deux phases finales de Coupe du Monde. Le coach nous a demandé d'échanger entre nous, de partager nos expériences avec Mustapha Hadji. C'est le grand frère de la sélection. Après, je n'ai pas énormément de connaissances dans le foot qui me permette d'avoir des retours sur ça. Qui parle le plus dans le vestiaire ? Hervé Renard ? Medhi Benatia ? C'est un travail collectif. Le coach parle. Son adjoint aussi. Après sur le terrain, à l'échauffement, dans le couloir, les cadres prennent le relais. Benatia, Boussoufa, Da Costa, Dirar, les anciens de la sélection quoi. Ils parlent et guident les jeunes. Tu sens la ferveur et l'attente autour de cet événement ? Bien sûr. Quand on va jouer des matchs en Italie, en Suisse, on croise toujours des Marocains. Ils sont toujours là, toujours, toujours. Ça fait plaisir. On sent l'engouement. Et c'est grâce à ça qu'on va réussir à faire de belles choses. Ça vous excite ou ça vous met la pression ? Ça nous excite parce qu'on sait qu'on a accompli un grand truc. Et on sait qu'on est parvenu à le réaliser en partie grâce à nos supporters. On a bien vu que dans les matchs à gros enjeu – à domicile face au Mali et au Gabon ou encore à l'extérieur en Côte d'Ivoire – les supporters étaient à fond derrière nous. Et on a répondu présent. Il faut se servir de ces moments-là pour ne pas baisser les bras lors des périodes plus difficiles. On va tout faire pour que nos trois matchs de poule se passent bien. On veut accéder au second tour si Dieu le veut. Vous n'avez aucune pression donc… Non. La pression, on se la mettra nous-mêmes. Mais on est assez grands pour savoir comment gérer tout ça. Dans l'équipe, on possède des garçons ayant déjà joué de grands matchs à forte pression. On va savoir doser le truc. Aucun problème là-dessus. On rigole beaucoup, c'est vrai. Les gens voient sur les réseaux sociaux qu'on passe de bons moments et qu'on vit bien, mais ça, on est obligés. Il faut souffler parce que se mettre que la pression H24, ce n'est pas bon. Ne t'inquiète pas, on saura être sérieux au moment venu. Ta famille t'en parle beaucoup ou évite-t-elle afin de ne pas te mettre la pression ? On n'était pas programmés pour tout ça. On va dire qu'on est encore dans la gestion amateur. Eux voient le truc comme des supporters. Ils disent : « Ouaaaah, c'est un truc de dingue, c'est la Coupe du Monde, ça va être le feu, il faut profiter et faire ça, ci et ça ». Moi, je leur ai dit : « Je ne vais pas en vacances là, on y va pour faire notre boulot, représenter un pays et 40 millions de Marocains ». Ils ne peuvent pas me mettre la pression parce qu'eux-mêmes sont dépassés par les événements. Ils sont là, ils sont contents pour moi et pour le Maroc. Ma famille et mes amis sont supporters du Maroc avant tout. On tire tous dans le même sens. L'objectif pour vous sera donc de passer au deuxième tour ? Ça, c'est clair ! Tu ne vas pas dans une compétition pour te contenter d'être troisième ou quatrième. Tu entres sur le terrain et ensuite, c'est onze hommes contre onze hommes. L'équipe qui aura mis tous les ingrédients de son côté passera. On ne veut pas faire de la figuration.Sur un match, tout est possible même si ça va être très, très dur. Après, une fois que tu as passé le premier tour, c'est du 50/50. Tu as bien vu l'Algérie en 2014. Ils sont sortis des poules et derrière, ils ont failli éliminer l'Allemagne qui a fini championne du monde. Le parcours de l'Algérie en 2014 est une source d'inspiration pour vous ? Oui. L'Algérie a réussi à le faire. Et nous, on est plus ou moins semblable à l'Algérie. Ils avaient fait un très, très beau parcours. On était contents pour eux. Pourquoi ne pas le faire à notre tour ? On se base sur leur parcours parce qu'il est récent. Mais on peut aussi parler de nous, le Maroc. On a déjà franchi les poules et on a déjà battu le Portugal en Coupe du Monde. On peut se servir de ça. De toute manière, tu peux chercher tous les moyens possibles pour te gonfler le moral et la confiance. Après, tu vas sur le terrain et tu te donnes à fond. « On n'a même pas besoin de Boutaïb pour mettre en valeur Medhi Benatia » Vous avez suivi les matchs amicaux du Portugal, de l'Espagne et de l'Iran ? Déjà, on est restés focus sur nous parce que c'est le plus important. Mais oui, on regarde, on regarde toutes les équipes. On a regardé tous ensemble Allemagne – Arabie Saoudite. C'est un exemple. On est des passionnés de foot et on aime bien regarder les matchs. L'Iran a battu la Lituanie sur le score d'un but à zéro. On suit les résultats. On a vu que le Portugal avait battu l'Algérie trois buts à zéro. Mais ça ne veut rien dire parce que l'Algérie n'est pas qualifiée. Est-ce que les joueurs ont joué à 100% ? C'est pareil pour nous. On a affronté la Slovaquie. Mais est-ce que les mecs ont vraiment tout donné ? Est-ce qu'il y avait l'équipe type ? Il y a plein de paramètres à prendre en compte. Et puis ça reste des matchs de préparation. C'est pour ça, on ne s'est pas pris la tête, on a fait notre préparation, nos matchs et c'est tout. On cherche juste à reproduire ce que le coach nous demande. Le but c'est de bien négocier ce premier match face à l'Iran. Ça ne sert à rien d'être prêt durant la préparation, puis d'être cuit le 15 juin. On va avoir trois matchs. Et pendant ces trois matchs, ça va être la guerre ! Quelle est l'importance de Medhi Benatia dans le groupe ? Je suis très, très proche de lui en sélection. Je ne peux te dire que du bien de lui. Après, on n'a même pas besoin de Boutaïb pour mettre en valeur Medhi. Tous les sponsors, tous les chanteurs, toutes les pubs, tout le monde le met en valeur ! Tout le monde le sait : c'est LE joueur phare de la sélection. Il représente fièrement le Maroc dans son club et dans les compétitions européennes. On n'a même pas besoin de parler de lui pour le valoriser. Les gens voient tous ce qu'il fait sur le terrain. Nous, on le connaît humainement et on voit son comportement en dehors des caméras. Au-delà de ses qualités de joueur et de capitaine, je retiens ses qualités humaines. Quand tu vois un capitaine de sélection qui s'occupe pratiquement de tout. Il essaie de régler tous les problèmes, même des trucs qu'il ne devrait pas gérer. Sur le terrain et en dehors du terrain, c'est un truc de fou. Il arrive à encaisser une pression de malade. Vraiment, j'ai beaucoup de respect pour tout ce qu'il fait. À ce point là ? Oui, je le côtoie beaucoup, je vois tout ce qu'il fait. Les gens pensent que les joueurs se limitent au terrain et à Instagram, mais pas du tout. Le vrai travail, la vraie différence se fait dans l'ombre et c'est ça le plus important. Les gens ne le voient pas et pourtant c'est là où tu vois sa vraie valeur d'homme. Tu as une anecdote marquante ? Il y en a plein, il y en a trop. Mais peut-être qu'il ne veut pas que ça se sache. Je ne veux pas me permettre d'en parler. Il fait tellement de choses en plus. Pour te dire, je sais même qu'il fait des choses de manière anonyme. Il ne cherche pas la lumière ou à faire l'acteur devant la caméra. Et ça, c'est tout à son honneur. Un mot pour finir ? Que les supporters continuent à nous suivre parce qu'on va avoir besoin d'eux. Entretien à retrouver ici https://goo.gl/WQZU43