Il y a des belles histoires que l'on aime raconter. Celle de Khalid Boutaïb en fait partie. Il faut dire que le natif de Bagnols-sur-Cèze a longtemps vu le sort s'acharner avant d'enfin lui sourire. Après avoir bourlingué en amateur avec Uzès, l'attaquant a bien failli toucher du doigt le monde professionnel en 2012 avec Istres. Mais tout ne se passera pas comme prévu et il finira par quitter le club sans disputer le moindre match de championnat. Rebelote l'année suivante, cette fois-ci avec Luzenac. Alors qu'il parvient avec son équipe à monter en Ligue 2, les instances en décident autrement. Le club ariégeois se voit interdire l'accession à l'étage supérieur. Boutaïb, libéré par Luzenac, décide alors de rebondir à Ajaccio, tout juste promu en Ligue 2. La lumière, enfin, au bout de ce long tunnel. Depuis, tout s'est rapidement enchainé. Une montée en Ligue 1 et des prestations remarquées au sein de l'élite malgré les difficultés rencontrées par le Gazelec. Jusqu'au 26 mars dernier où pour la première fois il revêtit la tunique de la sélection du Maroc, son pays de cœur. Une récompense presque inespérée pour celui qui à bientôt 29 ans savoure, chaque jour, tout ce qui lui arrive. Le week-end dernier vous vous êtes inclinés à domicile face à Saint-Etienne (0-2). Votre coach, Thierry Laurey, a parlé « d'impuissance » à la fin du match. Que s'est-il passé ? On a bien entamé le match. On a eu plusieurs opportunités dont moi qui en rate une belle. Après, la réussite nous fait défaut comme souvent en ce moment. Une fois qu'on prend le premier but puis le deuxième, on a l'impression qu'on ne peut rien faire pour revenir. C'était vraiment bizarre comme sensation. Après un début de saison compliqué, le Gazelec est parvenu à rester invaincu pendant près de 3 mois. Mais depuis fin janvier, vous connaissez à nouveau des difficultés. Comment l'expliquez-vous ? On est un groupe restreint donc peut-être que les organismes ont beaucoup tiré. Il y a aussi le fait que pendant un moment on a eu de la réussite et une envie collective. Et là depuis quelques temps on a moins de chance. Le point de départ a été ce match face à Monaco (ndlr : match nul 2-2). On fait une magnifique première période où on mène 2-0 et depuis plus rien nous réussit. Je n'arrive pas à l'expliquer. Il ne manque pas grand-chose à chaque fois. Ajaccio ne possède pas un effectif très conséquent. N'êtes-vous pas tout simplement en train d'accuser le coup ? Forcément. Quelques joueurs ont des pépins physiques mais on est obligé de les faire jouer car on n'a pas le choix. Certains avaient peut-être besoin de souffler à un moment mais n'ont pas eu l'opportunité. Le week-end dernier, Saint-Etienne a pu jouer sans ses internationaux. Nous, on ne peut pas. Mais ça ne doit pas être une excuse. Et puis, même étant blessé on a envie de jouer. Si l'effectif était plus conséquent, on se retrouverait sur le banc ou en tribunes et on râlerait de ne pas être sur le terrain ! La lutte pour le maintien s'annonce très serrée. Malheureusement, votre calendrier n'est pas de tout repos avec des matches face à Paris, Lyon ou encore Lille. Comment appréhendez-vous cette fin de saison ? Personnellement je l'appréhende sereinement même si il y a un peu de pression. On a été capable de gagner face à certaines de ces équipes lors de la phase aller. Les autres équipes qui jouent le maintien n'ont pas non plus un calendrier très facile. Ce sera l'équipe qui gérera le mieux la pression qui s'en sortira. Je pense qu'on est capable de le faire. Si on n'est pas convaincu, autant abandonner les six matches et s'arrêter là ! Mais que ce soit le coach et nous les joueurs on est motivé. Ce n'est pas un manque d'envie. On veut faire les choses bien. Peut-être qu'en ce moment on n'en est pas capables, physiquement ou moralement. Mais il ne faut pas lâcher. On va faire au mieux pour sauver le club Dans ce sprint final, le Gazelec n'affrontera aucun adversaire direct pour le maintien. Est-ce un avantage ou un inconvénient ? A la base, c'est un inconvénient. Mais on au final on a mal géré les matches face aux concurrents directs. C'est simple, on n'en a pas gagné un ! Alors dans notre situation, j'ai presque envie de dire que c'est un avantage. On jouera face à des équipes qui ont d'autres choses en tête. Il ne faut compter que sur nous car personne ne nous donnera rien mais on espère que le PSG sera toujours en Ligue des Champions et soit plus focalisé dessus que sur le championnat, on espère aussi que Lille ait la tête à sa finale de Coupe de la Ligue. Comment expliquer qu'Ajaccio réussisse mieux face aux « grosses » écuries ? Face aux grosses équipes, on est donné perdant d'avance. On se dit alors qu'on a tout à gagner. Les autres se mettent peut-être la pression car elles jouent face au petit poucet et qu'elles ont l'obligation de l'emporter. Peut-être que ça les fait déjouer un peu. Quoiqu'il en soit, il faudra aborder match après match et penser à tous les gagner. Il faut avoir cet état d'esprit. Avant le début de la saison, certains n'hésitaient pas à vous condamner d'avance. Comment l'avez-vous vécu ? Comme un petit manque de respect. On a prouvé qu'il ne fallait pas nous enterrer si vite. La meilleure réponse serait de nous maintenir pour les faire mentir. C'est sûr que si le championnat s'arrêtait aujourd'hui, ils auraient raison mais il reste six journées, à nous de déjouer les pronostics. C'est une fierté d'avoir fait une saison honorable. Mais s'il y a la descente au bout, la déception l'emportera. La fierté sera entière seulement si on arrive à se maintenir. Le Gazelec est un club atypique qui détonne en Ligue 1. Que garderez-vous de cette expérience pas comme les autres dans l'élite ? C'est une très belle aventure. Avec des hauts et des bas. Mais le groupe est tellement sain que l'on a réussi à traverser les moments compliqués sereinement. On ne s'est jamais vraiment embrouillé, il y a toujours une bonne ambiance. C'est une des forces de ce club familial. C'est ce qui va nous permettre de nous maintenir, je l'espère en tout cas du fond du cœur.