Il n'a que 20 ans et pourtant Karim Aït-Fana a disputé plus de cent matchs sous les couleurs de la Paillade. L'occasion d'évoquer les souvenirs du milieu de terrain Montpelliérain ... Karim, tu as franchi le cap des 100 matchs sous la tunique Héraultaise. Qu'est ce que ça représente pour toi ? Je n'étais même pas au courant. Je me dis que j'ai déjà joué 100 matchs et que tout est allé très vite. Je suis vraiment très heureux d'avoir franchi ce cap avec mon club formateur. J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres. Au cours de ces 100 rencontres, dans quel domaine penses tu avoir le plus progressé ? Honnêtement, je pense que j'ai progressé dans tous les domaines. Je ne peux pas en sortir un en particulier. Que ce soit techniquement, tactiquement ou physiquement, j'ai évolué petit à petit chaque saison. Mon apprentissage a été plutôt régulier. Il faut avouer que j'ai toujours été très bien entouré. Depuis le centre de Formation, que ce soit Fabien Lefèvre, Bruno Lippini, Ghislain Printant, Jean François Domergue qui m'a lancé avec les Pros, ou Rolland Courbis, tous m'ont apporté quelque chose. Je n'ai jamais été le joueur qui a tout cassé sur son passage, même quand je suis arrivé au centre. Tout a évolué petit à petit; d'année en année. Avec le MHSC, tu as tout connu. Des portes du National au podium de la Ligue 1... C'est vrai que ma première véritable année avec les Professionnels a été très difficile. Mentalement, c'était compliqué. On a failli descendre et c'était très dur psychologiquement. Mais je pense que cette épreuve m'a été très bénéfique. J'ai réalisé que tout allait très vite en Football. On peut être tout en bas une année et en haut la suivante. C'est la même chose après un bon match. Tu peux faire une belle prestation et te retrouver sur le banc quelques jours après. Je pense qu'avoir failli descendre cette année là m'a appris à relativiser les choses, à être plus serein. Médiatiquement, la Ligue 1 est totalement différente de la Ligue 2. N'est ce pas difficile à gérer quand on n'a que 20 ans ? Pour être franc, c'est vrai que ça fait très bizarre au début. Il y a pleins de caméras, de journalistes. C'est un autre monde. Après mon but face au Mans, j'ai reçu énormément de coups de fil et de sollicitations. On est très vite médiatisé en Ligue 1. Mais comme je l'ai dit tout à l'heure, tout va très vite dans le football. On peut aussi être très vite oublié ! Cette année, ton talent semble plus reconnu que les précédentes. Le Championnat de Ligue 1 te correspond mieux ? Je pense que j'ai progressé par rapport à l'an dernier et qu'ensuite, oui, ce Championnat me correspond mieux. En Ligue 2, c'est très physique avec peu d'espace. En Ligue 1, tu joues plus au Football, c'est beaucoup moins hâché. Ce sont des choses qui me plaisent et qui correspondent plus à mes points forts. Même si tu n'as que 20 ans, fais tu profiter tes jeunes coéquipiers de ton expérience, notamment Younès Belhanda qui évolue au même poste que toi... Ca dépend. En fait ce n'est pas trop des conseils que je lui donne mais plutôt mon ressenti. Quand un joueur traverse une étape que j'ai connu, je lui explique comment, moi, j'ai vécu la chose. C'est vrai qu'il y a parfois des situations que l'on retrouve presque à l'identique. Mais je ne donne pas des conseils importants. Je n'ai pas un grand vécu et il y a des joueurs beaucoup mieux placé que moi pour faire profiter les jeunes de leur expérience. Montpellier est souvent cité pour la qualité de son centre de Formation. Tu es l'un des porte-drapeau de cette formation "à la Montpelliéraine" avec notamment Mapou Yanga-Mbiwa. Lui aussi approche à grands pas la barre des 100 matchs. Un petit mot sur lui ? Avec Mapou, nous faisons partie de la même génération. On a commencé à jouer avec les Pros à peu près au même moment. Mais lui, à plus souvent été titulaire que moi. C'est un joueur qui a beaucoup progressé depuis ses débuts. Lui et moi, on évoque souvent des anciens matchs auquel on a participé tous les deux. Avoir un partenaire qui a le même vécu que toi, c'est toujours plaisant. 2009 a aussi été la saison où tu as découvert l'équipe de France Espoirs. Comment as tu vécu cette première sélection ? C'était la récompense de mon début de saison. Le sélectionneur m'avait appelé en me disant que j'allais être pré-sélectionné. Ensuite, j'espérais être dans la liste définitive. Pour mon premier match avec les Bleuets, je marque sur mon premier ballon. C'est allé super vite. Mais, même si tu savoures sur l'instant, tu n'as pas trop le temps de profiter pleinement de ces moments là. L'actualité et la pression du match à venir reprennent vite le dessus. Que peut on te souhaiter pour 2010 ? Collectivement, finir le plus haut possible, tout simplement. A titre personnel, continuer de progresser et de faire une seconde moitié de saison à l'image de la première. SOUVENIRS, SOUVENIRS Ton plus beau but : Celui face au Mans. C'est Mapou qui me donne le ballon. Je n'ai pas le temps d'accélerer. Je pense d'abord à frapper en force mais quand je lève la tête, je vois le gardien avancé. Après, je n'ai pas trop réfléchi, c'est plutôt à l'instinct. J'ai tenté le lob et c'est rentré. Ton meilleur match : L'an passé à Guingamp. J'ai marqué le but de la victoire en tout début de match. Mais en plus de ça, j'avais effectué un très bon match. Et puis, c'était une rencontre importante dans notre course à la Ligue 1. Ton meilleur souvenir : C'est la montée évidemment. Voir tout ce monde, entendre tout ce bruit. Au niveau des sensations, c'était énorme. Ton pire souvenir : Le match perdu contre Nîmes aux Costières. On mène 1-0 mais on s'incline 2-1. Ce soir là, avec la défaite, on commençait sérieusement à douter de nos chnces de monter. Et puis c'était un derby. Ce n'est jamais plaisant de perdre de telles rencontres. L'adversaire qui t'a le plus impressionné : Mamadou Niang. Il dégage une telle puissance. Il m'a vraiment impressionné. Une anecdote : Le jour où j'ai été convoqué pour mon premier match en pro. J'avais 17 ans et j'étais en cours au Lycée Daudet. C'était entre midi et deux. On m'a annoncé que je partais l'après midi même avec le Groupe Professionnel. C'était une grande surprise.