Le Buteur : Beaucoup de clubs vous voulaient l'hiver dernier, notamment Torino, mais vous avez choisi Leicester. Pourquoi ce choix ? Riyad Mahrez : A la base, il y avait des clubs de Ligue 1 aussi qui me suivaient, comme Montpellier et Nice, mais il n'y avait rien de concret. Ensuite, Leicester a fait une offre et ses responsables sont venus me voir plusieurs fois. J'ai senti vraiment que ce club me voulait et ses dirigeants ont su me convaincre. Par la suite, mon entourage m'a convaincu d'accepter ce challenge. Je peux dire que je suis parti à l'aventure. Jouer une Coupe du monde représente quoi pour vous ? Ça serait magnifique. Aller au Brésil, le pays du football, c'est quelque chose de merveilleux. Et si Vahid décide de vous sacrifier et de ne pas vous emmener au final, quelle serait votre réaction ? Je serai déçu, c'est normal. Tout joueur ambitieux veut faire une Coupe du monde, au moins une fois dans sa vie. Après, je ne vais pas me prendre la tête. Je continuerai à travailler et c'est tout. A Leicester, comment a-t-on perçu votre première convocation en sélection ? Tout le monde était content. Le coach m'a dit qu'il était heureux pour moi et qu'il allait me suivre en Coupe du monde, si j'y allais. Le club n'avait pas voulu, au départ, vous laisser à la disposition de la sélection, en raison du stage prévu en Thaïlande. Finalement, la FAF a su se montrer persuasive… Le coach a eu une discussion avec moi et il m'a dit qu'il ne me voulait que le meilleur. Il m'a autorisé à rejoindre la sélection le plus rapidement possible et m'a dispensé de ce long voyage. Passons à autre chose maintenant. Selon nos informations, votre maman est de nationalité marocaine, n'est-ce pas ? Oui, en effet. Vous auriez pu alors prétendre jouer pour le Maroc. Pourquoi avoir choisi l'Algérie ? Parce que je suis un Algérien et que j'ai toujours été en vacances en Algérie. Mon père, Allah Yerahmou, a toujours voulu que je joue pour l'Algérie. Donc, je me considère totalement Algérien, même si je suis un peu Marocain aussi. Vous étiez très proche de votre défunt père ? Oui, beaucoup. C'est lui qui m'a inscrit dans le football, et qui m'a encouragé à faire ce sport. Il était toujours à mes côtés. J'aurais aimé qu'il soit là avec moi pour me voir en sélection et porter ce maillot vert (il répond avec émotion). Après, c'est ça la vie et j'espère qu'il est fier de moi là-haut. Etre convoqué en sélection et avoir ce début de carrière, c'est une victoire pour vous et votre défunt père ? Oui, car je sais qu'il est fier de moi là-haut et il aurait été si content de moi s'il avait été encore vivant. C'est lui qui vous a vraiment initié au football ? Oui, c'est lui et tout ça, c'est grâce à lui. Jouer pour le Maroc ne vous a donc jamais effleuré l'esprit… Non, jamais. Est-ce que la Fédération marocaine vous a contacté par le passé ? Non. Personne ne savait que je suis Marocain aussi. Et si l'Algérie ne vous a-t-elle pas contacté avant et que le Maroc était le premier ? Je n'aurai pas été au Maroc. Mon choix était pour l'Algérie. Qu'ils m'appellent avant où après, je n'aurai dit oui que pour l'Algérie. Vous êtes quelqu'un qui est très famille ? Oui, beaucoup même. Etre proche de ma famille, c'est primordial pour moi. Bien que je sois né et grandi en France, j'ai les mêmes valeurs de ceux du bled. Je suis toujours avec ma famille et mes amis. Ça me protège et ça me permet aussi de garder les pieds sur terre. Quel regard a votre maman sur votre carrière ? Ben, elle est contente de moi. Et même si elle ne s'y connaît pas trop en football, mais elle suit les matchs et sait ce que représente une sélection.