Avec ses 25 filiales, une stratégie solide et une cotation boursière en béton, Delta s'apprête à faire du bruit. Enquête. le groupe est présent dans tous les chantiers structurants du pays. Le chiffre d'affaires de Delta Holding a enregistré, au terme de l'année 2010, près de 2,2 milliards de dirhams, soit une progression de 12.1% par rapport à 2009. Son carnet de commandes à évolué à concurrence de 4.7 milliards de dirhams sur la même période. Les opportunités qu'offre l'intensification des investissements publics ont hissé les marges de manœuvre du groupe à des niveaux plus que satisfaisants. La contribution du groupe dans le renforcement des capacités portuaires nationales à travers les projets Tanger Med II, Nador West Med, Tarfaya, Sidi Ifni et Dakhla, le développement des infrastructures d'accueil des investissements industriels et le déploiement de la nouvelle stratégie énergétique nationale ont mené Delta Holding, via ses filiales, à se positionner en tant qu'acteur incontournable de la relance économique nationale. La participation du groupe dans le projet des Tramways de Rabat et de Casablanca, le tunnel des Oudayas, les travaux des autoroutes Fès-Oujda et Rabat-Casablanca, les stades de Tanger et de Marrakech, les barrages Taksourt et El Maleh, ne font que confirmer la portée de ses stratégies de diversification des métiers, a cela s'ajoutent l'implantation du site de Renault Tanger et les stations de traitement d'eau potable de Marrakech et Larache reflètent les fortes potentialités du géant marocain du multi-tasking d'affaires. Un boom à 2 chiffres Hadj Fahim, Président Directeur Général de Delta Holding, a tout du fin stratège. Dès 2008, il songe à internationaliser les activités du groupe en s'essayant au marché camerounais. «On a une vision de développement très importante notamment à l'international, nous avons décroché la première concession de gestion de l'eau au Cameroun, et ce en partenariat avec la CDG et l'ONEP. C'est un marché énorme. On a d'autres projets également avec des partenaires de renom», confie-t-il. Porté par les projets d'infrastructures, le groupe démontre un intérêt particulier pour les deals à forte valeur ajoutée technique. Les aspirations du groupe ne s'arrêtent, cependant, pas à cela. Preuve en est, l'intérêt manifeste de M. Fahim vis-à-vis des énergies renouvelables qui ne laisse aucun doute sur ses convictions profondes quant au développement sain, durable et progressiste de sa Holding. Tirant profit des mouvances énergétiques relativement récentes, le groupe Delta Holding opte pour le vert et dresse des plans d'investissements en énergies renouvelables afin de pouvoir participer aux programmes solaires et éoliens. Le bilan 2010 étant dressé, le groupe s'est focalisé, au-delà d'un investissement de l'ordre de 151.2 millions de DH, sur le développement de ses activités historiques et aussi dans de nouveaux métiers, considérés comme étant des relais de la croissance. «Nous sommes présents dans tous les chantiers structurant du pays, à savoir le tramway, les barrages…», indique le management du groupe. «Comme nombre de grandes capitalisations en bourse actuellement, nous estimons que le titre Delta Holding reste sous-évalué et dispose d'une marge d'appréciation intéressante, au vu d'une part de ses perspectives de développement à moyen terme et le niveau de valorisation du marché qui s'élève en moyenne à 21 fois les bénéfices des entreprises cotées», confie Al Wassit, la société de Bourse de la Banque Populaire. A fortiori, la cotation en Bourse du groupe a été boostée depuis l'acquisition des Sels de Mohammedia. Quid de la PME ? Même si le seul fait de compter parmi nos piliers économiques une holding de cette nature, et surtout de cette taille, devrait rassurer les sceptiques quant aux potentiel de développement capitalistique de nos autres géants nationaux, il n'en est pas moins légitime de s'interroger sur les retombées macroéconomiques qu'occasionnerait la naissance d'autres holdings de même taille et de même nature. En effet, une organisation tentaculaire à la tête de plus de 25 sociétés met à mal la compétitivité du tissu des PME. Un analyste financier de la place explique, «en comparant taille, poids économique, backup financier, partenaires exclusifs et prédominance sur le marché, il est indéniable que les structures de moindre envergure ne peuvent rivaliser avec une holding de l'envergure de Delta. La différence même entre ce cador et une organisation de moyenne dimension est une différence de nature et non de degrés.» Par conséquent, il est naturellement impossible que le marché soit équilibré ce qui minimise les chances de dérocher des contrats étatiques portant sur de larges chantiers pour les structures de moindre taille. L'opinion se vérifie aisément lors des procédures d'attribution de chantiers via appel d'offre, voire largement utilisée par le gouvernement pour la mise en œuvre de ses projets. «A ce titre, les dossiers administratifs restent une formalité et servent à exclure de la course toute société n'ayant pas la base minimum en termes d'autofinancement et d'effectif» poursuit notre analyste. Le dossier financier et technique, par contre, rentre plus dans le vif du sujet et permet au gouvernement de ne garder que les prétendants ayant la meilleure base en termes de technicité et de savoir-faire, afin de réaliser le projet dans les meilleurs délais tout en respectant les normes de qualité exigées. Seuls donc les plus crédibles quant à leurs références survivent. En outre, l'octroi du marché dépend de la bonne maîtrise des coûts de production. «Il faut reconnaître que la structure disposant d'une palette de compétences propre, d'un fonds de roulement conséquent, d'une expérience crédibilisant sa candidature et d'un soutien de la part de l'Etat, autrement dit : un holding, soit la seule à décrocher des marchés financièrement intéressants» ponctue l'analyste. Au niveau macroéconomique, l'existence de holdings étouffe les PME qui peinent à survivre en se battant entre elles pour des miettes. Seule une discrimination positive de l'Etat en faveur d'un groupe de structures moyennes pourrait changer la donne et permettre à ces PME de se frayer un chemin vers des marchés pérennes. «D'un autre côté, ajoute un cadre du ministère des finances, ces holdings font travailler un réseau très fourni de sous-traitants qui ne sont autre que des PME, par conséquent il faut éviter de tomber dans le cliché selon lequel, le développement des uns condamne celui des autres, la réalité du terrain est plus compliquée.» Sage conclusion. Mehdi Mouttalib Que de chemin parcouru ! Hadj Fahim, PDG de Delta Holding, a également été le Président effectif de Galvacier, des Grands Chantiers Routiers (GCR), de la Société civile immobilière des aciéries de Skhirat (SCIAS), d'AIC Métallurgie et de HFI. M Fahim a aussi été membre du conseil de Sogetrama-GLS, spécialiste dans les travaux hydrauliques et le génie civil, et de l'Omnium maghrébin des conduites d'eau (OMCE) et manager de LPS, OMCE Nord et IHM, avant de créer le groupe Delta en 1990 afin de disposer d'une palette de compétences complémentaires. Cette réorganisation sous forme de holding a permis à Hadj Fahim de développer les activités des entreprises qu'il préside en opérant sur les marchés publics, ce qui lui a permi d'acquérir une grande expérience en identifiant les lacunes dont le groupe souffrait et en agissant en conséquence. C'est ainsi qu'il a créé de nouvelles organisations afin de parfaire la crédibilité pratique de Delta Holding.