Des institutionnels, des investisseurs et un ministère sont appelés au chevet du plan Azur. Décryptage. dans dix ans encore, certainement beaucoup plus, on parlera du tourisme. Pour son rôle, sur le plan macroéconomique qui en fait un secteur incontournable : 7,5% du PIB, 6,6% de la population active occupée et 14,8% des recettes de la balance des paiements en 2010. On en parlera aussi, selon le propos même du fraîchement élu président de la Fédération nationale de l'industrie hôtelière (FNIH), Ali Ghannam, pour cette fois-ci, «corriger l'erreur stratégique de la vision 2010, qui a focalisé sur le balnéaire», au détriment des autres atouts du pays notamment le culturel, «telle que la destination est perçue» dans les principaux marchés émetteurs. Mais le bilan éloquent, au terme de cette décennie de stratégie touristique, a tendance à minimiser cette «erreur stratégique». Sur les 10 millions de visiteurs, escomptés, nous en avons accueillis 9,7 millions soit un petit écart de 7%. Les recettes ont atteint 440,6 milliards de DH. C'est 82% des objectifs. Au regard des crises répétées, qui ont impacté fortement le secteur, sur cette décennie, les résultats paraissent plutôt comme de véritables performances. Le retrait des investisseurs, qui en ont résulté justement, se traduirait, en termes de capacité d'hébergement, par un écart de 24%. Des 230.000 lits prévus, on en réalisera 174.000 à fin 2010. Tendance baissière Pour le ministre du Tourisme, Yassir Zenagui, qui récolte les fruits de la politique touristique, comme nombre d'opérateurs du secteur, «cette stratégie de développement à déclencher une dynamique de développement durable et intégré». La Vision 2010 s'est articulée autour de plusieurs chantiers fondamentaux, qui se rapportent à la diversification du produit, le renforcement de la formation, la libéralisation de l'aérien, le développement du marketing et l'amélioration de l'environnement touristique. Le dynamisme soutenu qui a caractérisé l'activité touristique, à partir de 2001, ne sera interrompu qu'en 2008, sous l'effet d'une dépression généralisée de l'économie mondiale. La destination affichera une résilience sans commune mesure au plus fort de la crise mondiale du tourisme, consécutive aux attentats du World Trade Center de New York. En conséquence donc de la crise financière de 2008, les arrivées touristiques enregistrent une décélération de leur rythme de progression qui a oscillé autour de 6%, avec près de 7,9 millions de touristes en 2008 et 8,3 millions de touristes en 2009. Elles remonteront en 2010 avec 9,3 millions de touristes, en progression de 11%. D'ailleurs c'est la tendance baissière caractérisant l'activité en 2008 et 2009, qui serait à l'origine de l'écart des 7% par aux objectifs de la «Vision 2010». Pour beaucoup, cette stratégie n'aura, valeur aujourd'hui, que le mérite de tracer des objectifs chiffrés. Ils n'ont peut-être pas tout à fait tort. Le bilan est porté par la mondialisation de la destination Marrakech et le développement des de multitudes de projets hors quota stratégique. Car des 6 stations du plan Azur de départ, seule Saïdia est opérationnelle. A quel prix ? Justement, au prix d'un plan Azur revu et corrigé. Il s'agit ni moins que de «l'opérationnalisation du programme Azur». Une nouvelle approche qui, selon Yassir Zenagui, «va consolider le positionnement balnéaire du Maroc comme l'un des 6 programmes structurants», retenu par la nouvelle stratégie, Vision 2020. La CDG à la rescousse Baptisée aussi Azur 2020, cette stratégie vise, dans une première étape, à repositionner et parachever les stations déjà lancées pour ensuite compléter l'offre avec de nouvelles stations, «en renforçant et accélérant le développement de l'offre hôtelière afin d'atteindre rapidement la taille critique nécessaire». Le but, selon le ministre de tutelle, étant d'assurer à ces stations un positionnement différenciateur et durable en se positionnant sur une logique de marché. Une offre animation et loisirs, variée et complémentaire aux infrastructures touristiques de base viendra enrichir le positionnement de ces stations. Une batterie de mesures d'accompagnement est annoncée pour soutenir ces développements ambitieux et devrait couvrir, selon le DG de l'Office du tourisme, Hamid Addou, «les différents axes d'accompagnement notamment aérien, marketing, formation, pour les rendre plus attractifs et plus compétitifs». Seulement, cette initiative intervient dans un contexte où la crise économique internationale en matière d'investissement se fait de plus en plus ressentir et la capacité financière des aménageurs développeurs s'essouffle. C'est là que la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT), bras armé du ministère du Tourisme, est mise à contribution. Pour parachever les stations de Saïdia, Lixus et Tagahazout, la SMIT a imaginé un montage financier diversifié et une approche intégrée en vue de rendre ces destinations matures dans des délais assez courts. Une fois n'est pas coutume, c'est à la générosité de la CDG qu'on a fait appel. La Caisse de dépôt et de gestion reprend ainsi 60% de la Société d'aménagement de Saïdia (SAS), filiale à 100% du Groupe Addoha. La SMIT en prend 30 et le groupe d'Anas Seffrioui garde les 10% restants. Ce tour de table, taillé sur mesure pour sauver la station, donne naissance à la Nouvelle société d'aménagement de Saïdia (NSAS). Une seule lettre (N) suffira-t-elle pour sauver la station ? L'avenir nous le dira. Rachida El Hani Une formule qui fait recette Dans un environnement mondial marqué par une croissance certes en reprise, mais toujours soumise à des aléas perturbateurs, un marché en constante mutation et une concurrence de plus en plus prononcée, la fructification des opportunités qui s'offrent est devenue une question importante pour les stratèges économiques. Pour le tourisme, la nouvelle formule peut faire recette. En tout cas, elle rassure. La CDG et la SMIT accompagneront désormais des aménageurs développeurs, des investisseurs nationaux et étrangers… Le montage financier de Taghazout engage au sein de l'entité chargée de développer la station, CDG (35%), SMIT (30%), le groupe Alami Lazrak, Alliance (20%) et 15%, apportés par Sud Parteners, un fonds d'investissement de la région du Souss dont le chef de fil ne serait autre que Akwa, le groupe de l'actuel ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch. L'exercice de sauvetage s'avère si délicat qu'il appelle à une conception rigoureuse en amont, qui assure une mise en œuvre intelligente des stratégies. Du pain sur la planche certes, mais l'espoir est de mise.